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Molosses: le National remet la pression

Le pitbull-terrier, l'un des chiens dans le collimateur.
Les chiens dangereux restent dans le collimateur des politiciens.
Le Conseil national veut un dispositif contre les chiens dangereux au niveau suisse. Malgré les réticences du Conseil fédéral, il a maintenu la pression en approuvant mercredi une motion en ce sens par 128 voix contre 43.

Malgré l'opposition d'une partie du PRD et de l'UDC, le texte
adopté par la Chambre du peuple à l'initiative de sa commission
préparatoire demande au gouvernement de prendre, sur la base de la
loi sur la protection des animaux, les «mesures nécessaires».

Adopté sans vrai débat

Le Conseil national n'a pas mené de véritable débat avant de se
prononcer sur cette problématique, largement médiatisée après le
décès début décembre d'un garçonnet déchiqueté par trois pitbulls à
Oberglatt (ZH). Il n'a pas non plus arrêté d'arsenal de protection
précis.

Mettre la pression

Il s'agit de mettre la pression sur le Conseil fédéral pour
qu'une action soit entreprise et qu'une solution «confédérale» soit
élaborée, a souligné Oskar Freysinger (UDC/VS) au nom de la
commission. Faisant allusion à la pétition du «Blick» pour
l'interdiction des pitbulls signée par 147 parlementaires, il avait
toutefois mis en garde peu avant contre la tentation de prendre une
décision sous le coup de l'émotion.



Les cantons veulent que le Conseil fédéral prenne ses
responsabilités, a fait valoir de son côté le rapporteur de langue
allemande Heiner Studer (PEV/AG). Cela correspond aussi à une
«volonté politique claire» des commissions des deux Chambres.

Doutes du Conseil fédéral

Invoquant une base légale insatisfaisante, la responsabilité
première des détenteurs de chiens et la souveraineté des cantons,
le Conseil fédéral avait demandé vendredi au Parlement de rejeter
cette motion. Il n'avait toutefois pas discuté des propositions
élaborées en début d'année par les services de Joseph Deiss.



Les mesures présentées prévoyaient un durcissement englobant
l'interdiction des pitbulls et bâtards issus de treize races,
fustigée par les milieux canins et vétérinaires lors de la
consultation express de janvier. Certaines dispositions concernant
l'élevage, la détention et l'importation des chiens, qui allaient
dans le sens de la responsabilisation des éleveurs, avaient en
revanche été saluées.

Moyens ciblés

L'adoption de la motion réjouit les vétérinaires et les milieux
concernés. Ils réitèrent toutefois leur opposition à l'interdiction
de certaines races. «C'est l'individu chien, voire l'individu homme
qui doit être sanctionné», a dit le président de la Société suisse
des vétérinaires Charles Troillet.



Selon lui, l'ordonnance sur la loi de la protection des animaux
offre le cadre pour des mesures plus détaillées s'agissant de la
«production», de l'éducation et de la sociabilisation des chiens.
Mais face à la modestie des moyens pour les appliquer, il s'agira
de «se concentrer sur les mesures les plus efficaces», notamment le
repérage des chiens présentant un potentiel de dangerosité.

Mesures d'accompagnement

Un avis partagé par la Société cynologique suisse. Elle
privilégie la protection à travers la sociabilisation des chiens et
verrait d'un bon oeil le contrôle des élevages.



Si des races devaient être interdites, la Protection suisse des
animaux réclamerait des mesures d'accompagnement. «Nous craignons
que de nombreux chiens soient abandonnés dans les refuges», a
expliqué son porte-parole Mark Rissi.



ATS/dsz

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Report au Conseil des Etats

Faute de temps, le Conseil des Etats a reporté son débat sur une motion demandant au Conseil fédéral de serrer la vis contre les chiens dangereux, en interdisant par exemple certaines bêtes.

Il devrait se prononcer jeudi.

A l'initiative du Blick

Le rédacteur en chef du «Blick» Werner De Schepper, à l'origine de la fameuse pétition signée par 175'000 personnes, fonde aussi de grands espoirs dans la motion acceptée par le National. «C'est un bon moyen de mettre en oeuvre l'interdiction des pitbulls», a-t-il déclaré.

Mais cela ne signifie pas que les chiens de combat doivent être euthanasiés du jour au lendemain. Il vaudrait mieux interdire de les élever, a ajouté M. De Schepper.