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Swisscom: privatisation enterrée au National

Swisscom, droits de l'homme et internet
Le Conseil national ne veut pas privatiser Swisscom
La privatisation totale de Swisscom s'enlise. Le National a refusé mercredi d'entrer en matière sur le projet par 99 voix contre 90 et 4 abstentions. Les Etats se prononceront en juin. Mais même en cas de revirement, le référendum est programmé.

Malgré près de cinq heures de débat, les partisans de la cession
de la participation majoritaire de l'Etat dans l'opérateur
téléphonique, emmenés par les radicaux et la majorité de l'UDC,
n'ont pas réussi à renverser la vapeur. Le camp rose-vert et le PDC
ont serré les rangs pour procéder à l'enterrement du projet prôné
par le Conseil fédéral et le géant bleu.



Les fronts ont paru inconciliables tout au long de la discussion,
qui a vu se succéder à la tribune une quarantaine d'orateurs. Les
opposants à la vente de l'ensemble des actions en main de la
Confédération (62,45 % du capital) ont fustigé la légèreté avec
laquelle le Conseil fédéral a préparé le dossier.

Nombreuses inquiétudes

Le gouvernement n'a pas réussi à lever les doutes qui
susbsistent sur la nécessité de céder les parts de l'Etat dans le
géant bleu, a critiqué ainsi la candidate au Conseil fédéral Doris
Leuthard (PDC/AG). Elle exige une stratégie alternative permettant
à l'entreprise des investissements à l'étranger.



Nombre d'orateurs se sont inquiétés du «bradage de ce patrimoine
national». L'ex-régie ne peut que tomber entre des mains étrangères
en cas de privatisation, selon eux. Le nouvel acquéreur risque de
négliger les investissements nécessaires pour le réseau et les
nouvelles technologies en voulant obtenir le meilleur rendement
possible au plus vite, a estimé Franziska Teuscher
(Verts/BE).



Les régions périphériques vont en faire les frais. Pour Jean Noël
Rey (PS/VS), le pouvoir de décision sur ce secteur technologique de
pointe doit rester en Suisse. En tout cas, il n'est pas opportun
d'offrir à un investisseur privé le monopole naturel de Swisscom
sur le réseau fixe et mobile, a jugé Chiara Simoneschi
(PDC/TI).

Démantèlement

Les partisans de la main-mise étatique ont exprimé leurs
craintes de voir Swisscom devenir la première victime d'une vague
de privatisations. La Poste, le marché de l'électricité, la Suva et
bien d'autres secteurs sont déjà dans le collimateur, a mis en
garde Hildegard Fässler (PS/SG).



Il n'y a pas de raison de brader une entreprise florissante qui a
rapporté aux caisses fédérales plus de 12 milliards de francs au
cours des sept dernières années. Forts de cet avis, PDC, PS et
Verts ont jugé préférable d'enterrer rapidement le projet plutôt
que de prolonger l'incertitude pour Swisscom.



Et même si la cession de la participation de l'Etat devait passer,
contre toute attente, la rampe du Parlement, le référendum serait
lancé, a averti Christian Levrat (PS/FR).

Droite impuissante

Les orateurs de droite ont déployé en vain un éventail
d'arguments en faveur de la libéralisation totale. La décision de
ne pas entrer en matière empêche une véritable discussion de fond
et la recherche de solutions alternatives, à leurs yeux.



Sans désengagement, la Confédération continuera de porter un grand
risque avec sa participation évaluée à plus de 16 milliards dans
Swisscom, a souligné Peter Föhn (UDC/SZ). L'exemple de la débâcle
de Swissair, alors que la participation de l'Etat y était pourtant
minoritaire, a été répété à l'envi.

Cage dorée

«Swisscom est aujourd'hui comme un oiseau prisonnier», a dit
Fulvio Pelli (PRD/TI), brandissant une cage à la tribune. La
politique doit maintenant lui permettre de voler de ses propres
ailes afin de faire face à la concurrence.



Pour Georges Theiler (PRD/LU), une privatisation réglerait enfin
le conflit d'intérêts que cause la triple casquette portée par la
Confédération, qui fait office de régulatrice du marché,
propriétaire et cliente. Mais même le plaidoyer et les assurances
du conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz ont été vains.

Pas de renvoi

Dans ce contexte, la proposition du groupe PEV/UDF de renvoyer
le projet à la commission n'a eu aucune chance. Le Conseil des
Etats se prononcera en juin. Même s'il entre en matière, un second
refus du National marquera la mort du projet de
privatisation.



ats/ruc

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Le projet du CF en bref

La Confédération possède 62,45% du capital de Swisscom.

Une vente dégagerait quelque 16 milliards de francs, que le gouvernement souhaite utiliser pour éponger une partie de la dette.

Autre argument en faveur de la privatisation, le Conseil fédéral souhaite se débarrasser du risque induit par un marché des télécoms très mouvant.

Il veut aussi offrir à Swisscom une pleine liberté entrepreneuriale.

1er trimestre décevant pour Swisscom

Swisscom a subi une baisse de son bénéfice net de 11,5 % à 460 millions de francs au 1er trimestre, sur un an. Le chiffre d'affaires net a régressé de 2,9 % à 2,45 milliards de francs, sous l'effet de la poursuite de la baisse des prix.

Le résultat d'exploitation (EBIT) a reculé de 6,7 % à 686 millions de francs, a indiqué mercredi le géant bleu dans un communiqué. Si les ventes diminuent, Swisscom n'est pas pour autant abandonné par sa clientèle (forte progression dans l'ADSL et la téléphonie mobile).

Pour l'exercice dans son ensemble, l'opérateur table sur un chiffre d'affaires net d'environ 9,5 milliards de francs. Il avait dégagé des ventes de 9,7 milliards l'an dernier, pour un résultat net de 2 milliards.