La grève qui a paralysé Swissmetal à Reconvilier (BE) pendant 30
jours en janvier et février derniers a entraîné la perte de 30% de
la clientèle du site, signale le groupe métallurgique, qui dit être
désormais dans l'obligation de supprimer 112 emplois.
Les lettres de licenciements sont parties jeudi, a indiqué
Swissmetal vendredi dans un communiqué. L'entreprise basée à
Dornach (SO) affirme que l'usine du Jura bernois tourne
actuellement au ralenti, une soixantaine des 320 collaborateurs
étant en arrêt maladie. «Aucun autre licenciement ne sera
signifié», a toufefois assuré le groupe.
Pas prêt à vendre
Swissmetal devrait donc conserver quelque 200 emplois et
maintenir le site. Des discussions auront toutefois lieu «dans les
prochains jours avec des acquéreurs potentiels». Une décision de
principe sur une éventuelle cession sera prise d'ici à mardi.
La société tempère toutefois son aptitude à désinvestir. «Les
manifestations d'intérêt réceptionnées font partiellement état de
conditions irréalistes. Swissmetal ne vendra certainement pas les
activités essentielles et stratégiques de l'entreprise», peut-on
lire dans le communiqué.
Appel à la raison
Pour Swissmetal, la situation actuelle découle de «la grève
illégale» entamée le 25 janvier. Le groupe assure qu'il «n'avait
jamais eu l'intention de remettre en question le site de
Reconvilier et avait planifié 240 postes de travail industriels
pour 2010 pour ce site».
Il dit appeler «une nouvelle fois toutes les parties concernées à
la raison». Un «comportement constructif» de tous «pourra permettre
de compenser une grande partie des dommages causés par la récente
grève» et «à long terme entre 150 et 200 postes de travail pourront
être mis à disposition à Reconvilier», selon le communiqué.
Berne se met à disposition
Dans un communiqué publié vendredi, le canton de Berne a déploré
ce licenciement massif mais a souligné que la conseillère d'Etat
Elisabeth Zölch-Balmer a pris «particulièrement note» que des
offres de rachat du site Swissmetal Boillat ont été déposées.
La Promotion économique du canton de Berne a été mise à
disposition pour servir d'interface pour une éventuelle
transaction.
Unia condamne fermement
Le syndicat Unia a «condamné» de son côté «avec la plus extrême
vigueur» la décision de la direction du groupe métallurgique
soleurois, selon un autre communiqué. Il tient ces licenciements
pour «totalement irresponsables».
En plus d'aggraver le conflit, cette mesure - justifiée par le
groupe par le manque d'activité suite à la perte de 30 % de sa
clientèle - met en danger la vente de l'usine du Jura bernois,
selon Unia. Le syndicat souligne que de son point de vue et de
celui du personnel, une cession constitue pourtant «l'unique» porte
de sortie au problème.
ats/sj
Fatalisme et colère à Reconvilier
Dans le village de Reconvilier, l'on ne parle vendredi que des lettres de licenciement arrivées dans les boîtes. Dans les bistrots, les clients énumèrent les noms de ceux qui ont reçu la missive de la direction de Swissmetal.
Certains ne reprendront pas le travail lundi déjà. Les sentiments vont du fatalisme à la colère en passant par le soulagement de ne plus devoir travailler dans un climat pesant.
A l'usine 3, local aménagé pour accueillir les ouvriers et leurs sympathisants, l'on prépare l'avenir et l'on évoque les prochaines actions. Les commissions d'entreprises se sont également réunies.
Négociations infructueuses
- L'annonce des licenciements intervient un jour après la troisième ronde de négociations menée à Berne par les parties au conflit de Swissmetal.
- Lors de cette troisième ronde de négociations, rien de neuf n'a filtré sur l'avancée des discussions. Rolf Bloch a répété que Swissmetal étudiait le profil de candidats au rachat de «la Boillat» et qu'un groupe de travail interne cherchait des solutions pour maintenir l'exploitation du site de Reconvilier.