La tension est restée vive mardi malgré un long entretien entre
le président Viktor Iouchtchenko et le Premier ministre Viktor
Ianoukovitch. Le chef de l'Etat a fait la sourde oreille face aux
appels répétés du Premier ministre de révoquer son décret sur la
dissolution après des mois de conflits avec la coalition
gouvernementale pro-russe.
«Le président n'annulera pas son décret», a averti le chef de
l'administration présidentielle Viktor Baloga à l'issue de la
rencontre qui a duré plus de quatre heures. «Le Premier ministre
devrait regarder l'avenir et se concentrer sur la préparation du
pays aux élections», a-t-il ajouté.
"Erreur fatale"
Les négociations ne peuvent porter que sur la date des
législatives, fixées pour le moment au 27 mai, ou encore sur la
composition de la commission électorale centrale, a indiqué une
source à la présidence sous couvert de l'anonymat.
Viktor Iouchtchenko et Viktor Ianoukovitch «sont unis» en ce qui
concerne «le besoin de garantir une solution légale et pacifique à
la crise politique», a ajouté Viktor Baloga.
Défiant le décret présidentiel de dissolution, les parlementaires
de la majorité pro-russe se sont réunis au Parlement. Le seul moyen
de «tenter de réparer l'erreur fatale du président est d'attendre
la décision de la Cour constitutionnelle» sur la dissolution, a
déclaré le Premier ministre devant les députés.
D'ici cinq jours
Si Viktor Iouchtchenko «n'annule pas son décret, non seulement
des élections législatives anticipées mais aussi une présidentielle
anticipée sont inévitables», a-t-il aussi menacé devant ses
partisans réunis devant le Parlement.
Peu après, 53 députés de la coalition gouvernementale ont saisi la
Cour constitutionnelle sur la validité du décret. Si la Cour
reconnaît ce texte comme urgent, elle doit rendre son avis d'ici à
un mois. Les députés lui ont demandé d'examiner la requête dans un
délai de cinq jours.
Rassemblement
Le président Iouchtchenko a réuni de son côté les responsables
des forces de l'ordre, de l'armée et des services secrets pour les
exhorter à ne pas intervenir dans la crise politique.
«Le conflit que nous avons a un caractère politique. Les hommes
politiques doivent régler les conflits par la voie politique»,
a-t-il dit en les appelant à ne pas lancer «une mobilisation de
leurs troupes».
La situation était plutôt calme à Kiev même si des milliers de
partisans des pro-russes se sont réunis dans le centre-ville pour
protester contre la dissolution et qu'un camp de toile s'organise
près du Parlement, signe d'une volonté de mobilisation
durable.
ats/tac
Appels au calme
La crise en Ukraine a suscité la préoccupation à l'étranger. Les Etats-Unis ont lancé un appel au calme aux dirigeants politiques ukrainiens tandis que la Russie a exprimé son inquiétude et a appelé à un compromis entre pro-russes et pro-occidentaux.
«La décision finale se trouve du côté de l'Ukraine, mais si Kiev demande cette assistance (à Moscou), je garantis que la Russie ne va pas hésiter» à la lui fournir, a indiqué le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
L'Union européenne (UE) s'est quant à elle dite inquiète. Elle a exhorté les forces politiques ukrainiennes à la modération et à trouver une solution pacifique au conflit.
Viktor Iouchtchenko et le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère Javier Solana se sont entretenu par téléphone. Ils ont estimé que la crise politique devait être résolue démocratiquement.
La Russie offre son "assistance"
Les présidents polonais Lech Kaczynski et estonien Toomas Hendrik Ilves ont exprimé mardi leur soutien au président ukrainien pro-occidental Iouchtchenko.
La Russie a offert quant à elle son "assistance" à l'Ukraine, une forme de revanche pour Moscou après la Révolution orange qui avait porté au pouvoir Iouchtchenko.