En prévision de la session spéciale du Conseil national la
semaine prochaine, au menu de laquelle figure notamment
l'initiative populaire «Pour une caisse-maladie unique et sociale»,
l'association faîtière des assureurs-maladie Santésuisse a tenu
conférence de presse lundi à Berne.
Concurrence indispensable
L'économiste de la santé Willy Oggier a présenté une étude
intitulée «Caisse unique: un faux débat». Si une caisse-maladie
unique venait à être introduite, il faudrait s'attendre à ce que
les incitations à maîtriser les coûts disparaissent, a relevé Willy
Oggier. De même, la volonté de maîtrise de coûts s'émousserait. Le
Zurichois estime que la qualité des services et la diversité des
produits pâtiraient d'une situation de monopole.
Quant aux dépenses de publicité des assureurs-maladie,
régulièrement critiquées par les partisans de l'initiative, elles
sont peu élevées et expriment la concurrence. Willy Oggier arrive à
la conclusion que la solution aux problèmes du système de santé
suisse ne passe pas par une modification de la structure
organisationnelle des assureurs-maladie.
Selon W.Oggier, la révision de la loi sur l'assurance maladie
(LAMal) offre de bien meilleures solutions pour réduire les coûts,
comme la rémunération basée sur la prestation dans les hôpitaux ou
la suppression de l'obligation de contracter. L'expert prône aussi
des «mesures percutantes» pour faire pression sur le prix des
médicaments
Une fausse bonne idée
Si l'idée d'une caisse-maladie unique paraît séduisante au
premier abord, un examen approfondi révèle vite ses défauts, a
souligné Marc-André Giger, directeur de Santésuisse. La caisse
unique s'attaque aux symptômes plutôt qu'à la racine du mal: les
primes ne sont que le reflet des coûts et c'est d'abord dans les
domaines hospitalier et des médicaments que ceux-ci augmentent le
plus. Les frais administratifs des assureurs-maladie n'atteignent
que 5,6% des dépenses totales dans l'assurance de base.
Bien que cela paraisse paradoxal, la caisse-maladie unique
compliquerait davantage le système, selon Marc-André Giger. Plus de
80% des assurés bénéficient d'une assurance complémentaire auprès
du même assureur-maladie. Avec une caisse unique, ils seraient
obligés d'avoir recours à deux prestataires.
Enfin, toujours selon l'étude, les conflits d'intérêt sont
programmés au sein de la direction de la caisse unique, qui serait
composée de représentants des pouvoirs publics, des fournisseurs de
prestations et des organisations de défense des assurés.
Le parti socialiste, qui soutient le projet de caisse maladie
unique, présentera ses arguments en faveur de l'initiative
mardi.
Agences/cab
L'initiative en quelques mots
Lancée par le Mouvement populaire des familles (MPF) et soutenue notamment par la gauche, les Verts et les milieux de défense des consommateurs, l'initiative pour une caisse unique avait abouti en janvier 2005 avec plus de 110'000 signatures.
Elle demande que la Confédération instaure une caisse-maladie unique sans but lucratif pour l'assurance obligatoire des soins.
Les primes seraient fixées sur la base de la capacité financière des assurés.
La caisse serait gérée de façon tripartite par les représentants des prestataires de soins, de l'Etat et des assurés.
Le texte prévoit en outre le transfert des actifs et des passifs des assureurs existants à la caisse unique dans un délai de trois ans.
Le Conseil national débattra de l'initiative le 8 mai. Il devrait appeler à son rejet sans contre-projet. Le Conseil fédéral l'a déjà rejetée.