Enquête générale à l'Uni de Genève
Ces éléments "plus inquiétants" découverts par le gouvernement
cantonal l'ont ainsi poussé à lancer ces investigations, qui
concernent la totalité de l'alma mater genevoise.
Nouveaux éléments inquiétants
Des investigations menées par le Département de l'Instruction
publique (DIP) ont révélé l'existence d'un premier audit gardé
secret «jusqu'à lundi dernier». Ce document révèle des «problèmes
plus graves et plus inquiétants», a déclaré jeudi aux médias
Charles Beer, le conseiller d'Etat en charge du DIP.
Le gouvernement est décidé à «faire toute la lumière». Outre les
notes de frais injustifiées, le magistrat a dénoncé l'utilisation
de fonds privés pour des rachats de prestations de
prévoyance.
Il a également mentionné des «irrégulatités graves» constatées
dans la restitution des gains relatifs aux activités accessoires.
«Pour échapper aux obligations en la matière, prévues par la loi,
un membre de l'université a par exemple gonflé ses notes de frais
jusqu'à 60 000 francs par an», a indiqué Charles Beer.
Longue liste d'irrégularités
Mais la liste des irrégularités supposées est encore longue.
L'enquête examinera l'utilisation de fonds privés pour compléter
les salaires des enseignants ainsi que la gestion des indemnités
versées à des professeurs et aux membres du rectorat.
Elle scrutera également les modalités de transmission des audits
aux autorités ou les liens entre le contrôle des comptes et les
audits d'Ernst & Young. Charles Beer a refusé d'estimer le
montant total probable des irrégularités. «C'est l'enquête générale
qui devra le déterminer», a-t-il indiqué.
Une crise plus étendue?
Son collègue Robert Cramer a toutefois ajouté que l'on «sort
complètement du périmètre» litigieux évoqué jusqu'ici dans les
médias, à savoir une dizaine de milliers de francs.
«Le Conseil d'Etat fait face à une grave crise de confiance à
l'égard de l'université», a commenté le magistrat. Selon lui, cette
crise n'affecte cependant pas les relations avec le recteur de
l'alma mater André Hurst.
«M.Hurst a lui-même commandé les audits qui ont révélé les
irrégularités», a rappelé Charles Beer. Le recteur n'est apparement
pas soupçonné non plus d'avoir lui-même soustrait aux autorités le
rapport contenant les faits nouveaux et plus graves. «André Hurst
était convaincu que toutes les pièces avaient été transmises», a
expliqué M. Beer.
L'enquête générale a été confiée à Thierry Béguin, ancien
procureur général, puis président du Conseil d'Etat du canton de
Neuchâtel. Son rapport est attendu au 30 juin. Par ailleurs, toutes
les pièces récemment apparues ont été transmises au procureur
général du canton de Genève Daniel Zappelli.
ats/cer
La comptabilité aussi sous la loupe
L'université fait décidément l'objet de toutes les attentions ces temps-ci à Genève. En parallèle à l'enquête générale ouverte, la commission de gestion du Grand Conseil déposera le 2 mai un rapport intermédiaire qui dénonce lui aussi la comptabilité jugée peu transparente.
«Les normes comptables appliquées par l'université ne sont pas claires», a indiqué Yvan Slatkine, le président de cette commission parlementaire, confirmant une information publiée dans «Le Temps».
Selon lui, les contrôles internes fonctionnent mal et les problèmes de gouvernance à l'université sont nombreux.
Le député libéral met en cause le mode de désignation du recteur. «Le directeur est élu par une commission dont les trois quarts des membres sont issus de l'université. Ceci explique qu'il est parfois difficile de prendre des décisions qui nuisent aux intérêts de ceux qui vous ont désigné», a indiqué Yvan Slatkine.