"L'assurance maladie doit être une véritable assurance sociale
et non pas le champ de bataille d'une concurrence absurde entre
plus de 90 caisses", selon le parti socialiste, qui faisait savoir
sa position à la presse mardi. La «concurrence» entre les caisses
n'a d'ailleurs pas empêché l'explosion des coûts de la santé,
commente le PS.
Le vice-président du PS, Pierre-Yves Maillard met également
l'accent sur la compétition à laquelle se livrent les caisses pour
faire la chasse aux «bons risques», et d'attirer les assurés
potentiellement les moins malades. Le manque de transparence des
caisses actuelles est mise en avant pour justifier une caisse
unique permettant des contrôles plus efficaces.
«Caisse unique - un faux débat»
Du côté de Santésuisse, le discours en faveur du système actuel
s'articule essentiellement autour des désavantages d'une caisse
unique. L'institution se base sur l'étude «Caisse unique - un faux
débat», de l'économiste Willy Oggier qui analyse les débats
politiques portant sur la réforme du système de santé dans les pays
voisins de la Suisse, comme l'Allemagne, la France, l'Italie et
l'Autriche. Il semblerait que ces pays limitrophes tendent à se
distancier peu à peu de l'idée d'une caisse-maladie unique.
La liberté de contracter liée à des meilleures incitations dans le
contexte du financement hospitalier, et à la prise de mesures plus
percutantes dans le domaine des médicaments seraient des mesures
beaucoup plus efficaces en terme de coûts, selon Santésuisse.
Les assurés auront-ils leur mot à dire?
Derrière ce débat se profile pourtant une idée convergeante: les
insuffisances du système pour mettre un frein à la hausse des coûts
de la santé. Le politique aurait bien évidemment un rôle à jouer
dans cette question, mais, spécificité suisse oblige, le fait est
que bon nombre d'entre eux ont un pied dans les conseils
d'administration d'industrie pharmaceutique ou dans le domaine
médical.
La constitution d'une caisse unique serait un premier pas vers une
forme de contre-pouvoir. Et pour la première fois, les assurés
auraient leur mot à dire, puisqu'ils seraient représentés dans le
comité de gestion qui réunit également les représentants des
prestataires de soins et l'Etat. Car il faut souligner que jusqu'à
présent, la marge de manœuvre des principaux intéressés est
extrêmement restreinte, puisqu'elle ne se réduit qu'à la liberté
qui lui est offerte de choisir son assureur ou la formule
d'assurance.
Sarah Chevalier, tsrinfo
Coûts de la santé: hausse de 5,4% en 2005
En 2005, le canton du Jura enregistre la plus forte hausse avec 10,3%, et Appenzell Rhodes-Extérieures la plus basse avec 2,1%. Les coûts mensuels par assuré se sont élevés l'an dernier à 228 francs au niveau national (2004: 216).
Les coûts les plus élevés s'observent dans le canton de Genève avec 310 francs (284), et les plus bas en Appenzell Rhodes- Intérieures avec 155 francs (150). Zurich se situe à dans la moyenne à 224 francs (217), Berne à 242 francs (231).
Pour les traitements médicaux, 52 francs ont été dépensés en moyenne en 2005 par assuré (51). Obwald est le meilleur marché avec 36 francs (36), Genève le plus cher avec 84 francs (79).
Le coût des analyses de laboratoire fait également apparaître des différences éclatantes: 2,70 francs par assuré et par mois en Appenzell Rhodes-Intérieures (2,60), contre 12,50 francs à Genève (12,30). La moyenne suisse est de 5,30 francs (5,20).
Un poste clé
A quelques jours de l'ouverture des débats au parlement d'aucuns s'étonnent du peu d'intérêt que suscite la question de l'assurance maladie. Il s'agit pourtant d'un des postes clé des dépenses dans les années à venir. Dans le Temps, Florian Pelgrin, professeur assistant à l'Université de Lausanne livrait une réflexion allant dans ce sens: «Il est étonnant de remarquer que la plupart des pays de l'OCDE ont engagé des réformes pour les retraites et ont laissé de côté, pour l'instant, le problème du financement des dépenses de santé.»