Pour le journal 24 Heures, sous la plume de
Thierry Meyer, «la tentative des services de Christoph Blocher, à
l'initiative de son épouse Silvia, de faire interdire le diffusion
du débat télévisé d'Infrarouge est inadmissible. Pour une raison
majeure : elle viole un des principes les plus sacrés de la
démocratie telle que nous l'entendons, la liberté d'expression». Ce
qui inquiète dans cette affaire, poursuit l'éditorialiste, «c'est
de voir une nouvelle fois le ministre de la Justice prendre ses
aises avec des règles qu'il est pourtant lui-même chargé de faire
respecter, ou, mieux, de défendre».
Silvia Blocher critiquée
Anne Dousse, qui signe un édito dans Le Matin,
s'en prend, quant à elle, à Silvia Blocher directement et estime
que la dame de cœur du ministre de la Justice a dérapé et juge le
geste de l'épouse de Christoph Blocher «digne des méthodes des
républiques bananières». Pour la journaliste, Silvia Blocher a
commis un faux pas inacceptable. D'autant plus que les femmes de
conseillers fédéraux ont pour principe de ne pas jouer un rôle de
premier plan sur la scène politique. «Le seul qui s'est risqué à
user de son influence, c'est le mari d'Elisabeth Kopp. Ce qui a eu
pour conséquence que la conseillère fédérale quitte le
gouvernement. Silvia Blocher devrait s'en souvenir»,
conclut-elle.
La Tribune de Genève revient elle aussi sur le
rôle joué par Silvia Blocher dont elle dresse le portrait. Le
journal rappelle que « durant des lustres, une femme de conseiller
fédéral se contentait de serrer les mains lors des visites
officielles. Cette image, Silvia Blocher a été la première à la
briser. » Le quotidien donne également la parole à Michel Zendali,
journaliste et animateur d'Infrarouge qui estime que «s'il fallait
dénicher un scandale dans cette histoire, c'est le niveau de
français de Christoph Blocher!».
Nervosité de Blocher
Le Temps
s'étonne
de son côté de la nervosité de Christoph Blocher à une semaine des
votations du 24 septembre et souligne que le ministre savait à quoi
s'attendre lors de l'émission pour avoir déjà participé à deux
Infrarouge. Il rappelle: « aurait-il déjà oublié que lors de
l'émission sur les 523 requérants déboutés de Vaud, il avait trouvé
les dessins de Mix & Remix si bons qu'il les avait
achetés?».
Le Courrier
revient lui aussi sur l'affaire
Blocher. Mais le journal calme le jeu en affirmant que le débat
diffusé mardi soir «a valu davantage pour ses à-côtés que pour le
fond du sujet. Et il y a fort à parier que les indécis auront eu du
mal à se forger une opinion une fois l'émission terminée».
tac
Plainte de Christoph Blocher?
Christoph Blocher réfléchit à l'opportunité de déposer une plainte. Le ministre a informé ses collègues de cette affaire, a indiqué le porte-parole du gouvernement Oswald Sigg mercredi devant la presse. Le conseiller fédéral n'a toutefois pas encore pris de décision, a précisé M. Sigg.
Selon Livio Zanolari, porte-parole du Département fédéral de justice et police, «il n'y a rien de prévu pour l'instant. Le département va examiner la situation et prendre une décision, mais il n'y a rien d'urgent».
Invité à l'émission «Infrarouge» diffusée mardi soir pour parler des votations du 24 septembre, Christoph Blocher a demandé à ce que l'enregistrement effectué lundi soit modifié. Motif: les dessins de Mix & Remix soulignant certains de ses propos et qui auraient apporté un commentaire non souhaité (voir lien ci-dessous).
La TSR a refusé. Son directeur Gilles Marchand a rétorqué que le conseiller fédéral connaissait les modalités de l'émission pour y avoir déjà participé. Le débat sur les lois sur l'asile et les étrangers a donc été diffusé tel quel.