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Norme antiraciste: Blocher n'en démord pas

Pour Christoph Blocher, la norme antiraciste est "contradictoire"
Pour Christoph Blocher, la norme antiraciste est "contradictoire"
De retour de Turquie vendredi, Christoph Blocher a expliqué et défendu les propos qu'il a tenus dans ce pays sur la norme pénale antiraciste. Il a confirmé qu'il voulait réviser l'article 261bis du Code pénal.

«Je veux qu'on puisse exprimer en Suisse son opinion même si
elle ne plaît pas à d'autres», a déclaré vendredi à Zurich le
conseiller fédéral Christoph Blocher. Il a toutefois assuré qu'il
ne remettait pas en cause toute la loi antiracisme.



Lors d'une conférence de presse à l'aéroport de Zurich, le
ministre de la justice fraîchement rentré de son voyage mouvementé
en Turquie a explicité son «irritation» face à l'article 261bis du
Code pénal.

Une loi "contradictoire"

«La liberté d'expression est une valeur suprême en démocratie»,
a-t-il lancé en préambule. C.Blocher estime qu'il existe «une
contradiction entre le principe de la liberté d'expression et la
norme pénale antiraciste».



Celle-ci doit empêcher «les appels au meurtre ou les injures»,
mais pas empêcher «de juger un évènement historique, comme ce qui
s'est passé il y a 80 ans chez les Ottomans». Le conseiller fédéral
veut par la révision de l'article 261bis éviter qu'il puisse
limiter «de manière inacceptable» la liberté d'expression.



Interrogé sur l'éventualité de pouvoir aussi nier l'Holocauste,
C.Blocher a dit s'être attendu à cette question, mais sans y
répondre réellement.

Groupe de travail

Le ministre a commandé un rapport à un groupe de travail à
l'Office fédéral de la justice. Il n'en a pas tout de suite informé
le Conseil fédéral «car c'est ma tâche de vérifier quelque chose
avant de le rapporter au reste du gouvernement», a-t-il insisté,
niant avoir violé la collégialité dans cette affaire.



Les propositions qu'il fera doivent de toute façon obtenir l'aval
du Conseil fédéral, du Parlement et le cas échéant du peuple
suisse, a encore noté Christoph Blocher.

Commission d'historiens

Le ministre de la justice a tiré pour le reste un bilan positif
de son voyage en Turquie. Son homologue Cemil Cicek lui a donné
l'assurance que la Turquie était prête à mettre en place une
commission composée d'historiens de différents pays qui auraient
libre accès aux archives de Turquie et d'Arménie, «et que la
Turquie accepterait les résultats des investigations».

Une visite réussie

Concernant les organisations turques «extrémistes», C.Blocher a
refusé la demande de la Turquie de les interdire en Suisse. Il a
parallèlement assuré que les demandes d'extradition de
ressortissants turcs seraient examinées suite aux garanties écrites
données par la Turquie. Le conseiller fédéral dit avoir signalé à
ses interlocuteurs que le nombre de requérants d'asile turcs en
Suisse baisserait s'ils se sentaient moins persécutés chez
eux.



Cemil Cicek a accepté l'invitation de M. Blocher de se rendre en
Suisse. Pour le conseiller fédéral, c'est là un des signes que sa
visite était un succès. «Les relations entre la Suisse et la
Turquie ne sont pas encore bonnes, mais elles se sont améliorées»,
a-t-il estimé.



agences/stp

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Pas de débat sur Blocher à Flims

Le Conseil national a refusé de parler vendredi de la nouvelle provocation de Christoph Blocher. Il n'a pas voulu permettre aux groupes de faire des courtes déclarations. Il a rejeté par 88 voix contre 67 une motion d'ordre de Josef Zisyadis (POP/VD) en ce sens.

Le popiste a estimé que les propos tenus par un conseiller fédéral depuis l'étranger sur le changement d'une loi pourtant votée par le peuple ne pouvaient pas rester sans réaction du Parlement.

Et comme il s'agit d'un Parlement de milice, il ne souhaitait pas devoir attendre décembre pour que les groupes puissent s'exprimer sur ce qui s'est passé.

UDC derrière Blocher, FSCI indignée

L'UDC a salué les propos de Christoph Blocher au sujet de la norme antiraciste. Le parti l'a qualifié de «loi-muselière».

La liberté d'expression est à la base de toute démocratie, écrit l'UDC vendredi dans un communiqué. «Seuls des Etats totalitaires se permettent de dicter à leurs citoyens quelles opinions sont justes et quelles autres il est interdit de dire».

Aujourd'hui, les citoyens, les élus n'osent plus s'exprimer publiquement par crainte de répercussions judiciaires, déplore le parti. L'UDC demande la suppression pure et simple de ce texte ou au moins sa révision.

La Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) est "indignée" par l'attaque du conseiller fédéral Blocher contre l'article 261 bis du Code pénal, selon un communiqué publié vendredi. "Qu'un conseiller fédéral puisse tenir de tels propos est tout simplement scandaleux".

Cet article vise tous les propos négationnistes, selon la FSCI, qu'il s'agisse de la Shoah ou de tout autre génocide. Abolir l'article reviendrait à soutenir et à encourager les individus comme le président iraniens Ahmadinejad et ses émules, selon la FSCI.

La FSCI s'oppose à ce que la liberté d'expression permette de propager des mensonges et autorise les négationnistes à mettre en cause des atrocités qui sont la honte de l'humanité.