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Le milliard de cohésion passe tout juste

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Un oui qui appuie la politique européenne de Berne
Un an après l'extension des accords bilatéraux, la Suisse a redonné son approbation à la politique européenne. Les citoyens ont approuvé à 53,4% le versement d'un milliard destiné aux pays de l'Est.

Les Suisses ont aussi approuvé dimanche, et très largement
(68%), l'harmonisation des allocations familiales (voir
ci-dessous).



Selon des chiffres définitifs, le milliard de cohésion passe la
rampe avec 135'000 voix d'avance, soit 53,4% des votes.



Les opposants, issus de l'UDC et de l'extrême droite, ont réuni un
peu plus d'un million de suffrages. Ils n'ont pas réussi à
convaincre la majorité du peuple que ce geste financier et ses
modalités de compensation posaient problème.



Le «oui» le plus clair est venu de Suisse romande.

Vaudois en tête

Les Vaudois sont les champions du «oui», avec 61,5 % d'avis
favorables. Ils sont talonnés par les cantons-frontières
traditionnellement les plus europhiles, à savoir Bâle-Ville, Genève
et le Jura, qui arrivent les trois dans un mouchoir de poche (entre
60,5% et 60,1%). Tous les autres cantons romands ont accepté le
projet: les Neuchâtelois par 58,8 % des voix et les Fribourgeois
par 55,8%. Les Valaisans se sont montrés les moins enthousiastes,
avec 51,5% de «oui». A Berne, le taux d'approbation a atteint
55,3%.

Alémaniques divisés

La Suisse alémanique est en revanche partagée. Le «oui» s'est
imposé dans le nord-ouest, parfois d'extrême justesse comme en
Argovie (50,2%), ainsi qu'à Zurich, Zoug et Lucerne. L'approbation
a oscillé dans ces trois cantons entre 57% et 52,4%. Les Grisons
ont également apporté leur soutien.



Mais le «non» l'a emporté en Suisse centrale et orientale, ainsi
qu'au Tessin. Ce canton (62,9% d'avis négatifs) fait partie du trio
qui a rejeté le milliard le plus nettement, avec Glaris (64,4%) et
Schwytz (61,3%).

Poursuivre l'aide

Contrepartie à l'extension des bilatérales, la "contribution de
la Suisse à la réduction des disparités économiques et sociales
dans l'Union européenne" servira à financer une série de projets,
choisis par la Suisse, en Pologne, en Hongrie, en République
tchèque, en Lituanie, en Slovaquie, en Lettonie, en Estonie, en
Slovénie, à Chypre et à Malte. Les versements s'étaleront sur une
dizaine d'années, à raison d'environ 100 millions de francs par
an.



Formellement, le peuple ne s'est pas prononcé sur le seul milliard
de cohésion mais sur la loi sur la coopération avec les Etats de
l'Europe de l'Est. Ce texte doit également permettre la poursuite
de l'aide traditionnelle, lancée en 1990, aux pays de l'ex-bloc
communiste pour quelque 140 à 160 millions de francs par an.

Voie bilatérale en jeu

Pour le Conseil fédéral, la politique européenne helvétique
était en jeu. La population a approuvé la voie bilatérale et se
prononcait sur la place de la Suisse en Europe.



La Commission européenne a, d'ailleurs, salué dimanche le vote
suisse.Son président, le Portugais José Manuel Barroso, s'est
félicité du résultat. «La Suisse profite déjà de l'accès privilégié
au marché intérieur de l'Union et par conséquent chaque
élargissement de l'Union européenne profite à la Suisse. Le
résultat du référendum de ce jour a montré que les électeurs
suisses l'ont compris», a-til expliqué.



agences/sch

LA POLOGNE ET LA HONGRIE SALUENT LE OUI

«Nous sommes très heureux,
même si la marge est assez faible», a déclaré l'ambassadeur de
Pologne en Suisse, Janusz Niesyto. Selon lui, le vote de dimanche
aura «évidemment» une influence positive sur les relations entre la
Suisse et l'Union européenne.



Son homologue hongrois Jenö Boros approuve quant à lui une
décision «très importante» du peuple suisse, qui a choisi la voie
d'une bonne collaboration avec l'UE, plutôt que celle de
l'isolement. L'argent que Berne investira «assure de nouvelles
perspectives pour l'économie suisse» en Hongrie, assure-t-il.

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Satisfaction générale des partis

Micheline Calmy-Rey et Doris Leuthard se sont réjouies dimanche que le peuple suisse ait suivi le Conseil fédéral dans sa politique européenne. La ministre des Affaires étrangères a voulu rassuré : il n'y aura pas de hausse d'impôt pour le contribuable ou de nouvelle charge pour la Confédération. Doris Leuthard a souligné l'importance de ce vote pour les entreprises suisses.

"Ce nouveau «oui» à une Suisse ouverte et moderne représente aussi un revers de plus pour l'UDC, qui aligne les défaites en matière de politique extérieure", a affirmé Hans-Jürg Fehr, président du PS.

«Nous sommes évidemment contents, affirme le président des radicaux, Fulvio Pelli, car un 'non' aurait mis en discussion nos rapports avec l'Union européenne (UE) et surtout avec les pays de l'Est.»

Du côté du PDC, Christophe Darbellay s'est déclaré «très satisfait, car ce n'était pas gagné d'avance, c'était un combat difficile.»

"Le oui aux pays de l'Est sert les intérêts de la Suisse", s'est félicitée dimanche l'Union patronale suisse. "D'un côté, une partie des fonds helvétiques consacrés aux projets reviendra aux fournisseurs suisses; de l'autre, les dynamiques marchés de l'Est sont une aubaine pour l'économie suisse d'exportation.

Déception des anti-européens

C'est un week-end décevant, a dit Ueli Maurer, président de l'UDC. Le peuple a décidé de dépenser de l'argent que la Confédération ne sait pas où prendre.

Hans Fehr, directeur de l'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), déplore le «oui» du peuple suisse à l'aide aux pays de l'Est. Le «oui» serré est en réalité un mauvais résultat pour les partisans du projet, a dit M. Fehr.

En Suisse aussi, il y a de la pauvreté, selon Bernhard Hess, président central des Démocrates suisses (DS). «Tant que c'est le cas, nous ne devrions pas offrir d'argent à l'étranger».

En l'espace de 18 mois, l'UDC et les milieux anti-européens ont perdu les trois votations populaires qu'ils ont exigées sur des accords conclus en 2004 avec l'UE.