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La Poste va supprimer 500 emplois

A Lausanne, des militants ont distribué des tracts dénonçant la restructuration
A Lausanne, des militants ont distribué des tracts dénonçant la restructuration
La Poste sera complètement réorganisée d'ici fin 2008. L'offre de succursales sera modifiée et des économies de 50 millions de francs par an sont attendues. De 400 à 500 emplois seront supprimés.

Devant la presse à Berne, le directeur de La Poste s'est engagé
formellement à ne laisser personne sur le carreau. Il assure
vouloir reclasser dans l'entreprise le personnel licencié ou
l'aider à trouver un emploi chez des tiers, mais peut-être pas au
même salaire ni de niveau semblable, a admis M. Gygi.



La Poste conditionne d'ailleurs la mise en oeuvre de la
réorganisation de son réseau au résultat des négociations avec les
syndicats. Elle espère une issue au printemps prochain, a dit
Patrick Salamin, responsable dès le 1er janvier de Réseau postal et
vente.

La Poste à l'épicerie

Les actuels offices seront remplacés par des centaines de
succursales dont la gestion administrative sera assurée par quelque
200 offices principaux. Parallèlement, La Poste veut créer près de
200 agences, intégrées aux épiceries de village.



Là, le problème réside dans la recherche de partenaires
commerciaux. La tâche ne sera pas aisée, à tel point que M. Salamin
ne peut dire où et quand une nouvelle agence sera implantée. «Si
nous n'en trouvons pas assez, le service à domicile, une option
saisie à plus de mille occasion entre 2001 et 2005, serait alors
une solution envisageable», a précisé M. Salamin.



Ces changements devraient être profitables à la clientèle, affirme
la direction de La Poste qui brandit des sondages réalisés durant
les essais pilotes. Déchargés des tâches administratives, les
employés des succursales disposeront de plus de temps pour des
services de conseil et de vente, a précisé Karl Kern, actuel
responsable de Réseau postal et vente.

Ouvertures prolongées

De leur côté, les agences offriront des heures d'ouverture
prolongées. Elles n'accepteront plus en revanche de versements en
espèces, une des principales critiques apparues dans la phase
d'essai. Les prestations seront réduites à l'essentiel. Le client
affranchira lui-même ses envois et les payera à la caisse du
magasin.



Tout en assurant la desserte de base sur tout le territoire, cette
restructuration vise à améliorer le service à la clientèle et la
rentabilité du réseau, dont les coûts non couverts atteignent plus
de 400 millions de francs, a précisé Ulrich Gygi. «Nous avons la
chance de pouvoir effectuer cette difficile transformation dans une
position économique forte. Nos résultats sont excellents», a
précisé le directeur.



Et le Parti socialiste de rebondir: vus ces bons résultats, il n'y
a aucune urgence à réaliser des restructurations incisives sur le
dos du personnel et au détriment de l'approvisionnement de base.
Selon le PS, le modèle des agences peut avoir pour conséquence que
des communes, la plupart financièrement faibles, soient invitées de
plus en plus souvent à participer aux coûts.

Pas assez loin encore?

Economiesuisse estime que les projets du géant jaune ne vont pas
assez loin. Au lieu de 10 % environ, la part des agences dans le
total des offices postaux devrait passer à 50 %. Cela permettrait
de garantir dans tout le pays une présence des services postaux
plus flexible et plus dense qu'un réseau d'offices postaux rigide,
avec des heures d'ouverture plus longues.



Deux autres modèles étaient envisagés. Celui des offices de poste
gérés par des privés doit faire l'objet de tests supplémentaires
jusqu'à mi-2007, avant que La Poste décide de son éventuelle
introduction. Elle pourrait alors proposer à ses collaborateurs de
devenir des entrepreneurs postaux. Le modèle des appareils
automatiques a en revanche été abandonné.



ats/boi/tac

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Syndicats fâchés

Quelques poignées d'employés se sont réunis mardi à midi à Lausanne, Berne et Lugano, après l'annonce par Ulrich Gygi du feu vert donné par le conseil d'administration à la mise en vigueur du projet Ymago. "La Poste crache sur son personnel" ou "Carton jaune pour Gygi le rouge", pouvait-on lire sur les pancartes. A Lausanne, des militants ont distribué sur la place St-François des tracts dénonçant les plans de restructuration.

Le projet de La Poste est d'ores et déjà voué à l'échec, estiment les syndicats. Les clients seront mécontents de constater la réduction des prestations et les exploitants des agences insuffisamment rémunérés.

Le syndicat de la communication et transfair, invités à la table des négociations, annoncent la couleur: "Pas de suppressions d'emploi, pas de réduction salariale, pas de licenciement", indiquent-ils mardi par communiqué.

Il s'agit d'un "pur projet de démantèlement visant à saper le réseau des offices de poste", renchérit le syndicat de la communication. La réduction d'emplois touchera surtout les employés travaillant à temps partiel, pour la plupart des femmes aux guichets, craint-il.

Près de 900 employés sont attendus dimanche à Berne pour décider de la suite des actions de protestation.

Gygi relance la banque postale

Ulrich Gygi a réitéré mardi la volonté de La Poste de créer une véritable banque avec Postfinance. Devant la presse, il a exhorté les responsables politiques à donner au géant jaune les moyens de combattre à armes égales dans un marché toujours plus concurrentiel.

Cela implique l'attribution d'une licence bancaire à Postfinance, en dotant l'établissement financier du statut de SA sans garantie d'Etat, et d'en faire une filiale détenue à 100% par La Poste.