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Saddam Hussein: réactions contrastées

Les chiites irakiens ont fêté la mort de Saddam Hussein (Reuters)
Les chiites irakiens ont fêté la mort de Saddam Hussein (Reuters)
La mort de Saddam Hussein a suscité de nombreuses réactions, "étape importante" vers la démocratie selon Washington, "nouvelle tragique" pour le Vatican. Des pays ont rappelé leur opposition à la peine de mort.

"L'exécution de Saddam Hussein est "une étape importante sur la
route de l'Irak vers une démocratie qui peut se gouverner, être
autosuffisante et se défendre, et être un allié dans la guerre
contre la terreur", a déclaré le président américain George W. Bush
dans un communiqué publié à Crawford (Texas). Elle "marque la fin
d'une année difficile pour le peuple irakien et pour nos troupes",
a-t-il ajouté.

"Regarder vers l'avenir"

"Saddam Hussein "a payé", a déclaré la ministre des Affaires
étrangères de Grande-Bretagne, Margaret Beckett.
Elle a rappelé que "le gouvernement britannique ne soutient pas le
recours à la peine de mort en Irak ni nulle part ailleurs". Une
porte-parole de Downing Street a indiqué que Mme Beckett s'était
"exprimée pour le gouvernement dans son ensemble, dont le Premier
ministre", laissant entendre que Tony Blair ne réagirait pas en
personne.



"La France, qui plaide comme l'ensemble de ses
partenaires européens pour l'abolition universelle de la peine de
mort, prend acte de l'exécution de Saddam Hussein", a déclaré le
ministère français des Affaires étrangères. Elle appelle les
Irakiens à "regarder vers l'avenir et à travailler à la
réconciliation et à l'unité nationale", a-t-il dit.



En Allemagne, Angela Merkel, qui s'apprête à
prendre la présidence de l'Union européenne le 1er janvier, a
affirmé "respecter" la condamnation à mort de Saddam Hussein, tout
en rappelant que Berlin était opposé à la peine capitale.



En Italie, le chef de l'opposition italienne et
ancien président du Conseil Silvio Berlusconi a estimé que
l'exécution de Saddam Hussein était "une erreur politique et
historique" qui "n'aidera pas l'Irak à tourner la page.



Le Japon a pris acte de l'exécution de Saddam
Hussein. "Il s'agit d'une décision prise par le nouveau
gouvernement de l'Irak conformément à l'état de droit. Nous la
respectons", a déclaré un porte-parole du ministère japonais des
Affaires étrangères.

"Procédures équitables"

En Russie, le ministère des Affaires étrangères
a exprimé ses regrets, alors que des appels internationaux à la
clémence avaient été lancés, a rapporté l'agence Interfax.
"Malheureusement, les nombreux appels de représentants de divers
pays et organisations internationales pour que les autorités
irakiennes reviennent sur la peine capitale n'ont pas été
entendus", a déclaré un porte-parole du ministère.



L'Australie, opposée à la peine de mort, doit
cependant "respecter" la décision des autorités irakiennes, a
déclaré le ministre australien des Affaires étrangères Alexander
Downer. Il a estimé que le procès et les procédures d'appel avaient
été "équitables".



L'exécution de Saddam Hussein risque d'entraîner un regain des
violences en Irak, où le gouvernement doit rapidement restaurer la
confiance, a estimé la Malaisie, qui assure la
présidence de l'Organisation de la conférence islamique
(OCI).



La Libye a décidé de son côté de décréter trois
jours de deuil national pour le "prisonnier de guerre Saddam
Hussein", a annoncé samedi l'agence officielle Jana.

"Nouvelle tragique"

En Inde, les autorités ont exprimé leur
déception et leurs craintes de nouvelles violences
intercommunautaires après l'exécution samedi de l'ancien président
irakien Saddam Hussein. "Nous avions déjà exprimé l'espoir que
cette exécution n'ait pas lieu. Nous sommes déçus qu'elle l'ait
été", a réagi le ministre indien des Affaires extérieures Pranab
Mukherjee.



L'exécution de l'ancien président irakien Saddam Hussein est une
"nouvelle tragique", a indiqué samedi le père Federico Lombardi,
porte-parole du Vatican. "Il y a un risque qu'elle
alimente l'esprit de vengeance et sème de nouvelles violences", a
commenté le directeur de la salle de presse du Vatican.



"Saddam Hussein était responsable de terribles et nombreuses
violations des droits de l'homme, mais ces actes, aussi brutaux
soient-ils, ne peuvent justifier son exécution, une punition
cruelle et inhumaine", a déclaré un responsable de l'organisation
de défense des droits de l'homme Human Rights
Watch
, Richard Dicker. Il a qualifié le procès de
"profondément irrégulier".



Agences/tac/mk

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Réactions en Irak et au Proche-Orient

Le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, s'est réjoui samedi de la pendaison de Saddam Hussein, tout en rappelant l'importance de la poursuite du procès Anfal, dans lequel l'ancien président était poursuivi pour génocide contre les Kurdes. "Nous espérons que son exécution va ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire de l'Irak et qu'elle marquera la fin de l'utilisation de la violence contre les civils", a-t-il déclaré.

Le parti Baas irakien dissous a appelé samedi les Irakiens à "frapper sans merci" les occupants américains et l'Iran mais à ne pas plonger l'Irak dans une guerre civile, pour venger l'exécution de l'ancien président irakien Saddam Hussein.

Pour Israël, "justice a été faite", a déclaré samedi un haut responsable israélien après l'exécution de Saddam Hussein. "Saddam Hussein a causé sa propre perte. C'était un homme qui avait fait beaucoup de mal à son peuple et qui avait grandement menacé Israël", a souligné de son côté le vice- Premier ministre Shimon Peres.

L'exécution de l'ancien président irakien Saddam Hussein est un "assassinat politique" et "viole toutes les lois internationales censées protéger les prisonniers de guerre", a affirmé le porte-parole du mouvement islamiste palestinien Hamas Fawzi Barhoum, tout en accusant les Etats-Unis d'avoir "franchi toutes les lignes rouges".

L'Iran a salué samedi l'exécution de l'ex-président d'Irak Saddam Hussein comme une "victoire des Irakiens", selon Hamid Reza Assefi, vice-ministre iranien des Affaires étrangères. Téhéran a toutefois regretté que l'ex-dictateur ait été jugé seulement pour le massacre de Doujail.

En Afghanistan, le président Hamid Karzaï, allié de premier plan des USA au Moyen-Orient, a implicitement critiqué le moment de l'exécution de Saddam Hussein, à la veille de l'Aïd el-Kebir, la fête musulmane du sacrifice. "C'est un jour de joie et de réconciliation. Ce n'est pas un jour de vengeance". Pour Hamid Karzaï, cette exécution qui est "l'oeuvre du gouvernement irakien" ne devrait avoir "aucun effet" sur la situation en Afghanistan.

L'Egypte a déploré que le président irakien déchu Saddam Hussein ait été pendu le premier jour de la fête musulmane d'al-Adha, selon le ministère égyptien des Affaires étrangères. Le choix de la date de l'exécution "n'a pas tenu compte des sentiments des musulmans et du caractère sacré de ce jour de pardon", a-t-il poursuivi.

En Arabie saoudite, la pendaison du président irakien déchu Saddam Hussein, exécutée le premier jour de la fête musulmane d'al-Adha, a causé "surprise et consternation", a rapporté samedi l'agence officielle SPA.

La Jordanie a appelé samedi les Irakiens à "préserver" leur unité et exprimé l'espoir que l'exécution du président irakien déchu Saddam Hussein n'aura pas d'incidences négatives sur le pays.

La Suisse prend acte mais désapprouve

Le Département fédéral des affaires étrangères a pris acte samedi de la pendaison de Saddam Hussein. Le DFAE condamne les "graves crimes" qu'il a a commis mais désapprouve son exécution. "Pour la Suisse, la peine de mort n'est pas justifiable, même pour les crimes les plus graves", a indiqué samedi le Département de Micheline Calmy-Rey.

La Suisse réitère son engagement pour l'abolition de cette sentence, précise le texte du DFAE. Le département ajoute être très préoccupé par "l'insécurité dramatique" qui prévaut en Irak et souhaite que ses habitants parviennent à la paix.