Swissmetal a déjà entrepris les premières démarches juridiques,
assure l'entreprise dans un communiqué diffusé mercredi. Une
plainte ne sera toutefois introduite que dans quelques mois, car le
canton de Berne, où la démarche sera conduite, prévoit d'abord une
procédure de conciliation. Elle sera initiée par un tribunal.
Une question de principe
Le porte-parole de Swissmetal, Sam Furrer, n'a pas voulu donner
de calendrier. Il note que la concilialtion peut durer quelques
semaines à quelques mois, autant de temps qui retarderont le dépôt
d'une possible plainte formelle.
Pour le groupe soleurois, il s'agit d'une question de principe.
«Il n'y va pas seulement de l'intérêt d'une entreprise, mais aussi
de l'intérêt public, que la grève à Reconvilier et ses conséquences
soient clarifiées d'un point de vue légal», explique-t-il dans son
communiqué.
Paix du travail
La société dirigée par Martin Hellweg considère sa démarche
comme une contribution au débat public sur la légalité des grèves
et la paix du travail. Elle avait entamé la rédaction d'un livre
sur le conflit social, mais cette démarche a été arrêtée, estimant
désormais qu'une action en dommages et intérêts «sera plus
objective».
Pour le groupe, Unia n'a pas respecté son obligation
contractuelle, qui consiste à faire d'abord prévaloir la paix du
travail. Le syndicat répond en substance dans un communiqué qu'il a
au contraire tout fait pour oeuvrer en ce sens (voir
ci-contre).
Restructuration en cause
La grève qui a secoué la firme dans le Jura bernois a duré du 25
janvier au 23 février. Le coeur du problème réside dans la
restructuration qu'opère l'entreprise sur son site du Jura
bernois.
Les effectifs y ont été ramenés de 360 employés en 2003 à quelque
240 aujourd'hui. Septante-cinq postes ont été biffés cette année. A
terme, Swissmetal n'entend plus employer que 150 à 200
collaborateurs à Reconvilier.
A noter que la grève a eu un impact sur les résultats du groupe,
en particulier suite à des retards pris dans les livraisons et au
refus de certaines commandes, en raison de l'incapacité du groupe à
y répondre. Sur neuf mois, le bénéfice net de la firme n'en a pas
moins a bondi de 17 % à 3,1 millions de francs.
ats/kot
Le syndicat Unia reste serein
En premier lieu, Unia souligne qu'il n'a pas initié lui-même la grève. La décision a été prise par les ouvriers et Unia leur a apporté son soutien.
Le syndicat note que c'est lui qui a sollicité l'intervention du conseiller fédéral Joseph Deiss, alors en charge de l'Economie, lequel a lancé une médiation qui a été conduite sous l'égide du Bernois Rolf Bloch.
Sur le fond, Unia considère une nouvelle fois que la grève s'inscrivait dans le prolongement du précédent conflit, remontant à novembre 2004. Le syndicat estime que les dirigeants n'ont pas respecté leurs engagements pris à l'issue de ce mouvement.
Swissmetal a en outre lui-même retardé une issue rapide au conflit en provoquant les grévistes, ajoute Unia. Le groupe a par exemple annoncé le licenciement immédiat de 112 collaborateurs et de tous les cadres pendant la grève.
Conséquences pour Unia
Pour Unia, une éventuelle condamnation à payer des dommages et intérêts n'irait pas sans conséquences.
Le syndicat a en effet subi en 2005 une perte nette de presque 12 millions de francs, sur des recettes de 109,1 millions de francs.