Le procès a débuté par l'audition des parents et des proches des
victimes, un Espagnol de 28 ans et un Suisse de 27 ans poignardés à
plusieurs reprises dans le dos. Les deux familles sont aujourd'hui
brisées et anéanties par ce drame. Leurs témoignages ont été à la
fois dignes et émouvants.
Vies brisées
«Tous nos projets de vie se sont écroulés d'un coup», a expliqué
la compagne du ressortissant espagnol. «Il n'y a pas un instant où
je ne pense pas à lui», a-t-elle souligné. «Pourquoi lui, pourquoi
lui ont-ils fait cela». Dans une ambiance lourde, la famille de la
victime a dressé le portrait d'un homme sans histoires. «Un enfant
comme les autres», a relevé le père.
Témoignages tout aussi poignants des parents et des proches de
l'autre victime, un Suisse établi au Brésil où il vivait avec sa
compagne et sa fille. Ce père avait ouvert un salon de tatouages
dans l'une des villes réputées les plus dangereuses au monde, Sao
Paulo. «Un homme courageux et sensible», a déclaré son père.
accusé en chaise roulante
A quelques mètres des parties plaignantes, le principal accusé
n'a pas bronché, immobile sur sa chaise roulante. Ce Suisse de 20
ans a en effet été grièvement blessé après avoir bouté le feu à sa
cellule à Bienne, suite à son arrestation. Il est hospitalisé
depuis fin 2004 au quartier cellulaire de l'Hôpital de l'Ile à
Berne.
En raison de son état de santé, l'accusé a été dispensé d'être
présent pendant une partie de l'après-midi. Durant l'instruction,
il a nié avoir porté les coups même si son sang a été retrouvé sur
le manche de l'arme, un couteau de cuisine. L'enquête a conclu
qu'un seul agresseur avait frappé. L'accusé risque au moins cinq
ans de prison.
Prévenu absent
Deux autres hommes doivent répondre d'instigation de rixe. Mais
l'un d'entre eux était absent lundi sans motif et sans avoir averti
son avocat. La police est à sa recherche. Ces prévenus ont admis
leur participation à l'altercation.
Le premier témoin entendu par le tribunal n'a pas permis
d'éclaircir les circonstances de ce double meurtre. Il a affirmé
n'avoir «pas vu grand chose». Et ses souvenirs sont aujourd'hui
très vagues. La journée de mardi sera consacrée à l'audition des
prévenus. Le verdict est attendu le 1er décembre.
Poignardés sans raison apparente
Le drame remonte à la fin août 2004. Une altercation impliquant plusieurs personnes avait éclaté en pleine rue devant un bar, près de la place Centrale.
Les deux victimes avaient été poignardées, sans raison apparente, par un groupe de jeunes. Elles devaient décéder peu après leur admission à l'hôpital.
Très vive émotion en ville de Bienne
Ce drame avait soulevé une très vive émotion en ville de Bienne.
Une marche silencieuse en mémoire des victimes avait rassemblé plus de 3000 personnes.
Avec cette manifestation, les familles comme les proches avaient voulu sensibiliser la population à cette violence gratuite.