Près de 500 parlementaires fraîchement élus ou réélus - soit un
tiers du Sénat et l'intégralité des 435 membres de la Chambre des
représentants - ont prêté serment lors d'une cérémonie officielle
empreinte de solennité.
Les représentants ont ensuite nommé Nancy Pelosi à la présidence
de la Chambre. Cette descendante d'immigrés italiens, farouchement
opposée au président George W. Bush, a été élus par 223 voix contre
202, devenant du même coup la première femme à accéder à ce
poste.
Appel au changement
Dans son discours d'investiture, Nancy Pelosi a appelé jeudi
soir au changement, notamment en Irak: «L'élection de 2006 était un
appel au changement - pas seulement un changement de majorité au
Congrès, mais un changement de direction pour notre pays. Les
Américains n'ont jamais exprimé la nécessité d'une nouvelle
direction aussi clairement que sur l'Irak».
L'élue californienne est l'une des rares à avoir voté en 2002
contre l'usage de la force en Irak et a toujours dit que les
démocrates, s'ils remportaient la majorité, chercheraient à obtenir
un retrait progressif des troupes américaines d'ici à la fin de
2007.
Auditions sur l'Irak
Et de fait, la guerre en Irak sera dans les semaines à venir au
centre de l'attention de la nouvelle majorité démocrate, après
l'élection-sanction de novembre qui a vu les républicains perdre
leur majorité. Tom Lantos, un survivant de l'Holocauste, qui après
avoir voté pour la guerre en Irak s'est déclaré partisan du
dialogue avec la Syrie et l'Iran, dirigera la commission des
affaires étrangères de la Chambre.
Pour sa part, l'influent sénateur Joseph Biden, candidat potentiel
pour la présidentielle de 2008, présidera la commission des
affaires étrangères du Sénat. Il prévoit déjà une dizaine
d'auditions sur la guerre en Irak, avec notamment le témoignage de
la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice.
Le sénateur Carl Levin, qui doit prendre la tête de la commission
des Forces armées, a quant à lui annoncé son intention de convoquer
le nouveau secrétaire à la défense Robert Gates, alors que M. Bush
doit annoncer prochainement une nouvelle stratégie dans le dossier
irakien.
Programme ambitieux
Les démocrates, qui ont fait campagne sur le thème du
«compromis», estiment qu'après six ans de règne républicain sans
partage le président devra savoir se montrer conciliant s'il veut
parvenir à faire avancer son programme au Congrès durant les deux
années restantes de son mandat.
La Chambre des représentants a déjà fait état d'un ambitieux
programme d'initiatives législatives qu'elle a l'intention
d'introduire lors de ses 100 premières heures de travail. Parmi
celles-ci, figurent notamment le relèvement du salaire minimum,
inchangé depuis 1997, une aide fiscale pour les étudiants, ou
l'ouverture de négociations entre l'assurance maladie et les
laboratoires pharmaceutiques sur le prix des médicaments.
Femmes et musulman
Les femmes n'auront jamais été aussi nombreuses au Congrès.
Elles passent le cap de 70 élues à la Chambre et de seize au Sénat,
un nombre jamais atteint. Le nouveau Congrès verra également le
premier musulman jamais élu en son sein: Keith Ellison, un avocat
noir de 43 ans, a remporté un siège de représentant dans l'Etat du
Minnesota (nord) et prêtera serment non sur la Bible mais sur le
Coran. Un exemplaire particulièrement rare du Coran ayant appartenu
au président Thomas Jefferson a été dénichée à la librairie du
Congrès pour l'occasion.
ats/tac
Une femme à poigne
Première femme à présider la chambre basse du Congrès américain, Nancy Pelosi occupe le rang de 3e personnage du pays (derrière le président et le vice-président). Cette élue de San Francisco défend avec ferveur les valeurs les plus progressistes du parti démocrate.
Cette brune élégante âgée de 66 ans, grand-mère de six petits-enfants, a été pendant des années la bête noire des républicains, à la tête de la minorité démocrate à la Chambre. Avec son installation à la présidence de l'assemblée, elle est désormais l'interlocutrice obligée de l'administration Bush.
Elle est l'une des rares à avoir voté en 2002 contre l'usage de la force en Irak et a toujours dit que les démocrates, s'ils remportaient la majorité, chercheraient à obtenir un retrait progressif des troupes américaines d'ici à la fin de 2007.
Au début de sa carrière, elle s'est distinguée en prenant position contre la Chine à la suite de la répression sanglante du mouvement pro-démocratique à Pékin en 1989. Elle est restée depuis une critique du régime de Pékin.
Partisane du droit à l'avortement, elle a aussi voté pour une répartition fiscale en faveur des plus pauvres ou contre le "mur" anti-immigration érigé à la frontière mexicaine.
Negroponte, n°2 du Département d'Etat
John Negroponte, directeur du Renseignement national américain, va quitter ses fonctions pour devenir le n°2 du département d'Etat. Il sera remplacé par le vice-amiral à la retraite et ancien directeur de la NSA, Michael McConnell.
John Negroponte, 67 ans, est un diplomate de carrière. Ambassadeur à l'ONU de 2001 à 2004, puis ambassadeur en Irak après la chute de Saddam Hussein, il est devenu en 2005 le 1er directeur du Renseignement national ayant pour objectif de superviser l'ensemble des opérations de renseignement des différentes agences américaines.
Le départ abrupt de John Negroponte porte un nouveau coup aux services secrets en plein remaniement après les ratages sur les attentats du 11-Septembre et l'Irak.