"Plus nous serons capables de montrer le bon exemple, plus nous
pourrons convaincre et engager les autres", a résumé la chancelière
allemande Angela Merkel, qui préside l'UE jusqu'en juin. Selon le
texte qui devrait être approuvé vendredi lors du sommet de
Bruxelles, les 27 prendront "de manière indépendante, l'engagement
ferme de réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins
20% d'ici 2020 par rapport à 1990".
L'UE pourrait même s'engager à les réduire de 30%, comme le
recommandent les scientifiques, si d'autres pays développés
s'engagent à atteindre des réductions comparables et que les pays
en développement plus avancés apportent une contribution adaptée à
leurs responsabilités et leurs capacités.
Associer les USA et les pays émergents
La priorité des Européens est en effet d'associer dans un futur
accord international les Etats-Unis, qui n'ont pas ratifié le
protocole de Kyoto même s'ils représentent un quart des émissions
de CO2, mais aussi des pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le
Brésil qui n'étaient pas concernés par Kyoto. De nouvelles
négociations doivent démarrer en décembre à Bali, lors de la
prochaine conférence de l'ONU sur le climat, pour garantir un
avenir au protocole, qui expire en 2012.
A cette date, l'UE (à 15) devrait avoir déjà réduit ses émissions
de 8%, mais cet objectif est compromis sachant qu'en 2004, la
réduction restait limitée à 0,9%. Mais les 27 pourraient se diviser
sur les moyens d'atteindre ces réductions ambitieuses,
principalement sur l'opportunité d'un objectif contraignant de 20%
pour la part des énergies renouvelables (éolienne, hydraulique,
géothermique, solaire ou issue de la bio-masse) consommée en Europe
(7% seulement aujourd'hui).
LA FRANCE DEFEND SON
ENERGIE NUCLEAIRE
La France en particulier, mais aussi la Finlande ou certains pays
de l'Est très dépendants du nucléaire, estiment que les énergies
renouvelables ne sont que l'un des moyens pour lutter contre le
réchauffement, et voudraient voir le nucléaire, dont la production
émet très peu de carbone, également reconnu. Premier producteur
nucléaire en Europe, la France insiste pour inclure les
renouvelables dans le cadre d'un objectif plus global d'énergies
"faiblement carbonées".
Une idée rejetée par Angela Merkel, qui estime que les
renouvelables doivent être "négociées à part". A la différence du
nucléaire, les énergies renouvelables "doivent encore être
pleinement développées", a indiqué la chancelière, et des objectifs
chiffrés obligatoires sont nécessaires pour favoriser les
investissements. "La question est: voulons-nous abandonner notre
rôle de leader sur cette question ou voulons-nous en bénéficier?",
a renchéri le président de la Commission européenne José Manuel
Barroso.
Eviter un débat avec les anti-nucléaires
Angela Merkel veut surtout éviter d'ouvrir un débat avec les
pays farouchement anti-nucléaires, comme l'Autriche. "Ce serait
absurde de dire que l'énergie nucléaire est une énergie verte. Ce
serait un mauvais signal de l'Europe, le nucléaire n'est pas la
bonne réponse à la crise climatique", a averti le chancelier
autrichien Alfred Gusenbauer, rappelant les problèmes de sécurité
et de traitement des déchets.
agences/jab
Energies renouvelables: promesses non tenues
Peu de pays européens investissent encore à grande échelle dans les énergies renouvelables et les promesses passées n'ont pas été tenues. L'exploitation des énergies dites "renouvelables" -sources d'électricité, de carburant ou de chauffage, faiblement émettrices de CO2- est tirée par une poignée de pays.
Les Européens ont déjà tenté de promouvoir ces énergies. En 2001, ils s'étaient même fixés pour objectif d'arriver à 12% de part d'énergies renouvelables d'ici 2010. Mais cet objectif ne sera pas atteint et la part ne dépassera pas 10%, concluent déjà les experts de la Commission, en raison du "coût élevé" des investissements et de "la complexité, la nouveauté et du caractère décentralisé" des énergies renouvelables.
Biocarburants à la traîne
Surtout, la Commission note que les progrès enregistrés sont essentiellement "le résultat des efforts de quelques Etats membres ayant fait preuve de détermination". La majorité des Etats membres restent très en retard dans leurs efforts", assène la Commission. Quant au secteur des biocarburants -seuls substituts à grande échelle pour remplacer l'essence et le gazole dans les transports-, il reste embryonnaire. Là encore des objectifs très modestes, inscrits dans une loi de 2003, sont sur une voie de garage.
Seules la France, la Suède et l'Allemagne se targuent d'une part de plus de 1% des biocarburants dans le total des carburants consommés. L'Allemagne a absorbé à elle seule les deux-tiers de la consommation totale de l'UE.