Interviewée dans «L'Hebdo» à paraître jeudi à l'occasion de la
sortie du film d'Andres Brütsch, Mme Kopp évoque le contexte
prévalant à l'époque. En tant que ministre de la Justice, «je
recevais des coups de chaque côté»: de l'UDC à cause de la
politique d'asile, des socialistes qui bataillaient contre l'argent
sale, des Verts opposés au nucléaire, et même de son propre parti,
le PRD, en raison de son engagement en faveur de l'environnement en
tant que conseillère nationale.
«Je n'avais plus d'alliés du tout», ajoute l'ex-radicale, qui a
quitté son parti à la fin 2002. Au sein du Département fédéral de
justice et police (DFJP), la situation n'était guère meilleure:
«Après trois mois de polémiques, nous n'étions plus au département,
moi comprise, à la hauteur de notre tâche».
Collaborateurs incriminés ...
«L'une de mes collaboratrices, à l'origine des évènements, était
devenue inutilisable. (...) Et mon chef de presse, à qui j'avais
demandé, avant même que l'affaire n'éclate, de se chercher un autre
emploi, travaillait contre moi», poursuit Mme Kopp. «C'est lui qui
m'a grillée par ses indiscrétions» à la presse.
La Zurichoise dit avoir sous-estimé «la difficulté d'être la
première femme au Conseil fédéral. Elle fait un parallèle avec Ruth
Metzler, «laissée tomber» par le PDC, et avec l'échec de Christiane
Brunner, une histoire «scandaleuse». Comme dans le film, Elisabeth
Kopp s'en prend à la presse, qui a «détruit sa réputation».
... Moritz Leuenberger aussi
Elle évoque également la commission d'enquête parlementaire,
présidée par Moritz Leuenberger, alors conseiller national. «Il a
fait illégalement surveiller toutes les conversations téléphoniques
de l'étude Kopp et de notre famille», ce qui a valu à la Suisse une
condamnation devant la Cour européenne des droits de l'homme à
Strasbourg en mars 1998.
ats/ant
Le coup de fil de trop
La radicale a été élue au Conseil fédéral en 1984. Elle aurait pu être la première présidente de la Confédération en 1990. Mais le 27 octobre 1988, Elisabeth Kopp a eu vent des soupçons de blanchiment d'argent à l'encontre de la société Shakarchi Trading, dont son mari était membre du conseil d'administration.
La ministre de Justice et police a alors téléphoné à son époux pour lui conseiller de démissionner, ce qu'il a fait. Ce coup de fil a marqué la fin de la carrière politique de la radicale.
Sous les pressions politique et médiatique, Elisabeth Kopp annonçait le 12 décembre 1988 son retrait du gouvernement pour fin février 1989.
Le 19 décembre, le Conseil fédéral chargeait le procureur de Bâle-Campagne d'une enquête sur les fuites au sein du DFJP. .
Le 11 janvier, le magistrat demandait la levée de l'immunité d'Elisabeth Kopp. Le lendemain, la ministre quittait le Conseil fédéral avec effet immédiat.
Le 23 février 1990, le Tribunal fédéral a acquitté Elisabeth Kopp estimant qu'elle ne pouvait pas être reconnue coupable de violation du secret de fonction.