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Téhéran fait fi du Conseil de sécurité

Le rapport de l'AIEA a été présenté par Mohamed El-Baradei
Le rapport de l'AIEA a été présenté par Mohamed El-Baradei
L'Iran ne s'est pas plié à l'ultimatum du Conseil de sécurité de l'ONU afin qu'il suspende d'ici au 21 février ses activités d'enrichissement d'uranium, a estimé jeudi l'AIEA. Téhéran s'expose ainsi à de nouvelles sanctions.

Dans un rapport très attendu, l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA) affirme que l'Iran a installé deux
cascades, ou réseaux, de 164 centrifugeuses dans son centre
souterrain d'enrichissement de l'uranium, à Natanz. Deux autres
cascades sont quasiment opérationnelles.



Selon l'agence de l'ONU basée à Vienne, ces développements
traduisent la volonté de Téhéran de porter à une «échelle
industrielle» l'enrichissement de son combustible nucléaire. Le
délai de 60 jours accordé le 23 décembre dernier par le Conseil de
sécurité à l'Iran pour qu'il arrête d'enrichir de l'uranium avait
expiré mercredi.



L'exécutif onusien avait imposé des sanctions limitées à Téhéran,
en restreignant notamment l'exportation vers l'Iran de technologies
sensibles. Les puissances occidentales soupçonnent la République
islamique de chercher à fabriquer des armes atomiques, ce dont elle
se défend. Téhéran a refusé d'interrompre son programme nucléaire
préalablement à des négociations et soutient n'enrichir de
l'uranium - un programme qu'il a caché à l'AIEA pendant 18 ans -
que pour alimenter ses centrales électriques.

Ban Ki-moon préoccupé

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit pour sa
part «profondément préoccupé par le fait que le gouvernement
iranien n'ait pas respecté le délai fixé par le Conseil de
sécurité». «J'exhorte une nouvelle fois le gouvernement iranien à
se plier entièrement aux exigences (de l'ONU) dès que possible, et
à participer à des négociations avec la communauté internationale
afin que nous puissions résoudre ce problème de manière pacifique»,
a-t-il dit.



A la réception du rapport, Washington a déploré que l'Iran n'ait
pas honoré ses obligations. «Une lecture rapide indique que l'Iran
n'a pas rempli ses obligations au terme de (la résolution du
Conseil de sécurité) 1737, ce qui est décevant», a déclaré un
porteparole du Conseil national de sécurité de la Maison
Blanche.

Sanctions difficiles

L'adoption de mesures punitives plus dures par le Conseil de
sécurité sera toutefois compliquée par l'opposition de la Russie,
de la Chine et de pays de l'Union européenne (UE) qui privilégient
le dialogue avec l'Iran face à l'approche dure prônée par
Washington: isolement et sanctions.



La France souhaite l'adoption d'une nouvelle résolution de l'ONU
pour «continuer les sanctions» à l'encontre de l'Iran, a déclaré
pour sa part le ministre français des Affaires étrangères Philippe
Douste-Blazy. La résolution 1737 adoptée le 23 décembre par le
Conseil de sécurité de l'ONU imposait des sanctions à Téhéran pour
l'amener à cesser ces activités d'enrichissement d'uranium, qui
peuvent produire du combustible nucléaire à usage civil ou le
matériel pour une bombe atomique.



afp/sun

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Téhéran juge être dans son droit

L'Iran a réitéré jeudi son refus d'arrêter l'enrichissement d'uranium.

«L'Iran estime qu'une suspension de l'enrichissement est contraire à ses droits, au Traité de non-prolifération et aux règles internationales», a déclaré Mohammad Saïdi, vice-président de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique à l'agence Iran.

«De ce fait, Téhéran ne pouvait pas accepter la résolution 1737 du Conseil de sécurité demandant une suspension de l'enrichissement d'uranium», a-t-il ajouté.

Suisse alignée sur l'UE

La Suisse - qui applique également les sanctions de l'ONU adoptées en décembre - est sur la même ligne que les Européens.

Berne est en faveur d'une solution diplomatique et «s'engage pour la reprise des négociations sur le nucléaire iranien», avait indiqué le Département fédéral des affaires étrangères.

Le DFAE avait précisé sa position à l'issue d'une rencontre entre Micheline Calmy-Rey et Ali Larijani, principal négociateur du nucléaire iranien, le 12 février à Berne.