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Caisse unique: un non catégorique

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La caisse unique a suscité de vifs débats en Romandie
L'initiative populaire pour une caisse unique a été balayée dimanche par 71,2% des votants. Seuls le Jura et Neuchâtel l'ont acceptée. Le refus est encore plus cinglant en Suisse alémanique.

Plus de 80 caisses privées continueront de gérer l'assurance de
base. L'insécurité quant aux futures cotisations à payer ainsi que
la crainte d'une mainmise étatique, entretenues par le ministre de
la santé Pascal Couchepin, les assureurs et les partis bourgeois,
ont convaincu une majorité des votants de glisser un non dans
l'urne.

Score sans appel

Quelque 1,588 million ont repoussé l'initiative «pour une caisse
maladie unique et sociale» lancée par le Mouvement populaire des
familles. Pas moins de 642'000 votants ont glissé un oui dans
l'urne. Le score est comparable à celui enregistré le 18 mai 2003
par l'initiative santé du PS, qui avait été rejetée par 72,9% des
votants.



Les arguments en faveur de la caisse unique - en finir avec une
fausse concurrence entre les assureurs et offrir des primes plus
équitables - ont un peu plus convaincu dans les cantons latins. Le
débat a été plus intense dans cette partie du pays, où les primes
sont plus hautes que la moyenne et où les citoyens sont
généralement plus disposés à faire confiance à l'Etat.

Deux cantons disent oui

Mais au final seuls le Jura (57,7% de oui) et Neuchâtel (51,4%)
ont accepté l'initiative. Genève l'a repoussée par 54,2%, Vaud par
54,9% et le Tessin par 54,2% alors qu'un oui était attendu dans ces
trois cantons. Les Fribourgeois ont été plus clairs dans leur rejet
(62,8%).



En Valais, le taux de refus (72,7%) est proche de ceux enregistrés
en Suisse alémanique. Outre-Sarine, seuls Bâle-Ville (65,4%), Berne
(69,9%), Bâle-Campagne (74,4%), Soleure (75,3%), Schaffhouse
(75,4%) et Zurich (78,2%) ont rejeté la caisse unique à moins de
80%. La palme du non revient à Appenzell Rhodes-intérieures
(91,7%). Suivent Nidwald (88,5%) puis Schwytz et Obwald (87,2% dans
les deux cas).

santésuisse et droite ravis

Le non des Suisses a surpris par son ampleur. Tandis qu'à
gauche, on dénonce l'inégalité des moyens utilisés pendant la
campagne, à droite, le soulagement est perceptible, mais tous
reconnaissent le nécessité de poursuivre les réformes.



Le président du PRD Fulvio Pelli espère que des débats
constructifs vont reprendre au Parlement. Selon lui, une discussion
générale et des propositions isolées, qui se révèlent comme des
"manoeuvres politiques publicitaires, ne permettent pas de résoudre
le problème des coûts de la santé.



L'organisation faîtière des assureurs-maladies, santésuisse, a
aussi accueilli avec soulagement le rejet de la caisse unique.
"Naturellement, nous respirons", a reconnu Peter Marbet, son
porte-parole, et "nous sommes contents de pouvoir regarder à
nouveau vers le futur".

Economie soulagée

Le non des Suisses à la caisse unique est un soutien à la
concurrence entre les caisses et un non à une hausse d'impôt,
estime economiesuisse. L'Union syndicale suisse (USS), qui avait
soutenu l'initiative, regrette en revanche le résultat sorti des
urnes.



Même son de cloche du côté de l'USAM. L'Union suisse des arts et
métiers s'est réjouie de ce rejet, dont "l'adoption aurait entraîné
de nouvelles charges pour la classe moyenne". "La substance de
nombreuses entreprises aurait ainsi été grandement menacée", selon
l'association qui défend les intérêts des petites entreprises et
des indépendants.

Médecins déçus

Le camp du «oui» a
très légèrement progressé, mais à ce rythme-là, il faudra un ou
deux siècles avant que la majorité bascule.

Pascal Couchepin, ministre de la
santé

Jacques de Haller, président de la
Fédération des médecins suisses (FMH), a souligné qu'il s'agissait
maintenant de s'atteler aux réformes nécesaires du système de la
santé, sans attendre. Il espère que le «triomphalisme» de certains
et les jeux de pouvoir ne vont pas paralyser ce processus.



Quant à Yves Guisan, il regrette avec ce net rejet la perte d'un
moyen de pression efficace en vue d'une réforme de l'assurance
maladie. Le vice-président de la FMH souhaiterait toujours aboutir
à une «séparation plus claire du social et du privé».

La gauche ne renonce pas

De son côté, Pierre-Yves Maillard a dénoncé la campagne de la
droite fondée sur «la peur et la confusion» pour faire échec à la
caisse unique. Le conseiller d'Etat vaudois a salué les cantons qui
ont dit «oui» même s'il s'avoue «un peu déçu» du score en Suisse
romande. La campagne de la droite «a allègrement franchi la ligne
rouge», a critiqué le vice-président du Parti socialiste
suisse.



D'ailleurs, le groupe parlementaire du PS entend réagir à ce non
avec deux motions, a ajouté la conseillère nationale bernoise
Kiener Nellen. D'une part, il prendra au mot le Conseil fédéral qui
veut limiter à 8% la charge des primes dans le budget des familles.
D'autre part, il s'agit de mettre un terme à la chasse aux bons
risques pratiquée par certaines caisses.

Initiative de gauche

L'initiative "pour une caisse
maladie unique et sociale", soutenue par la gauche, réclamait la
création d'une seule caisse pour l'assurance obligatoire ainsi des
primes fixées en fonction du revenu et de la fortune des assurés.
Les 87 assureurs privés exerçant dans ce secteur n'auraient gardé
que les complémentaires.



Les actifs et passifs de ces caisses, pour l'assurance de base,
airaient été transférés d'ici trois ans à la nouvelle instance
unique. Celle-ci aurait été gérée par un conseil d'administration
au sein duquel pouvoirs publics, fournisseurs de prestations et
assurés seraient représentés à parts égales.



agences/st

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Une participation dans la moyenne

- Avec 45,5%, la participation s'inscrit dans la moyenne. La votation a mobilisé davantage les Romands. Le taux de participation dépasse de peu celui enregistré lors du dernier scrutin fédéral.

- Le 26 novembre, le milliard de cohésion et les allocations familiales avaient attiré près de 45% votants. L'asile, les étrangers et les bénéfices de la Banque nationale avaient conduit plus de 48% des citoyens à accomplir leur devoir civique le 24 septembre.

- Schaffhouse, où le vote est obligatoire, est une nouvelle fois le meilleur élève avec une participation de plus de 65% dimanche. En Suisse romande, les scores dépassent également la moyenne. A Neuchâtel, 57,6% du corps électoral a voté, soit un peu plus qu'à Genève (56,4%).

- Les Vaudois se sont mobilisés à raison de 55,7%. Ils sont suivis des Valaisans (53,7%), des Jurassiens (48,2%) et des Fribourgeois (47,8%). Les Uranais (36,3%) sont quant à eux lanterne rouge. Glaris, Uri, Berne, Bâle-Campagne, les Grisons et Argovie affichent aussi un taux inférieur à 40%.

Couchepin satisfait - Initiants surpris

- "Les Suisses préfèrent la concurrence et cette politique commence à porter ses fruits", a lancé dimanche le conseiller fédéral Pascal Couchepin, avant d'ajouter, sous certaines conditions, qu'il est possible de prévoir une stabilisation des coûts avec une hausse de 2 à 3% par année durant ces deux prochaines années.

- Le ministre de la santé a lancé un appel aux gouvernements cantonaux afin qu'ils se "retroussent les manches" et ne se contentent pas de solutions utopiques. Les cantons contrôlent de 30% à 35% des coûts, a-t-il rappelé.

Initiants surpris
- La présidente du comité d'initiative pour une caisse unique, Therese Frösch, s'attendait à davantage de voix favorables. Pour la Bernoise, la campagne massive des adversaires et les insécurités autour des primes expliquent le résultat.

- La conseillère nationale (Verts/BE) espérait 35% de oui, a-t- elle indiqué à l'Agence télégraphique suisse. La propagande des opposants a manifestement eu plus de succès que les arguments des initiants, estime-t-elle.

- Le principe d'une caisse unique en a séduit plus d'un, mais le non l'a finalement emporté dans l'esprit de beaucoup de gens en raison de l'insécurité qui a plané sur le montant des primes. De plus, le comité d'initiative est arrivé trop tard avec ses chiffres concernant les primes, a concédé Mme Frösch.

- Il est intéressant que le texte ait été rejeté moins nettement en Suisse romande, où le débat a été plus large, a-t-elle relevé. Malheureusement, il n'a pas été accepté partout.

- Mme Frösch est convaincue que l'initiative a fait bouger les choses: «Il y a eu un large débat et les primes des enfants et des jeunes en formation ont été réduites de moitié sous la pression du projet». De plus, le ministre de la santé Pascal Couchepin a promis que la hausse des primes n'excéderait pas 2% ces prochains temps.