Un ticket Marthaler-Lyon-Zisyadis affrontera donc la liste
commune de la droite composée de Philippe Leuba et Jacqueline de
Quattro, ce qui fait cinq candidats pour les quatre sièges
restants. Les Verts ont plaidé pour la voie de la raison lundi soir
à Lausanne lors de leur congrès extraordinaire. Ils ont décidé de
s'allier à Joseph Zisyadis (A Gauche toute!) et Anne-Catherine Lyon
(PS) à l'unanimité moins douze absentions. D'aucuns ont regretté
que le diable (Zisyadis) se soit transformé en ange blanc.
«Je n'ai aucun état d'âme à faire campagne avec le popiste», a
déclaré François Marthaler. «S'il est élu, il nous sera très utile
pour soutenir la mise en oeuvre de l'Agenda 21», a souligné le
conseiller d'Etat sortant, arrivé 7e dimanche. «Même si Josef
Zisyadis n'est pas le candidat de nos rêves, il est de loin
préférable au réactionnaire libéral Philippe Leuba et à la radicale
Jacqueline de Quattro, pro-nucléaire et anti-allocations
familiales», a relevé le député au Grand Conseil Christian van
Singer.
«Nous n'avons pas le choix», a renchéri Laurent Rebeaud. «Si nous
voulons que François Marthaler passe, il faut faire cette alliance
intelligente avec le POP et le PS, même si certains éprouvent du
ressentiment à l'égard du popiste». Le deuxième candidat Philippe
Martinet a renoncé à se représenter, suite à l'acceptation de cette
liste.
Ticket de Quattro-Leuba à droite
Sans surprise, le PRD, les libéraux et l'UDC ont approuvé la
liste à deux du centre-droit. Les deux candidats, Jacqueline de
Quattro et Philippe Leuba ont été plébiscités «sans aucune
manifestation d'opposition ou de dissidence», a déclaré Claude
André Fardel, président du PRD cantonal. Le deuxième tour des
élections au Conseil d'Etat aura lieu le 1er avril. Quatre sièges
sont encore à repourvoir. Les listes de candidature doivent être
déposées jusqu'à mardi midi.
Pascal Broulis (PRD), Pierre-Yves Maillard (PS) et Jean-Claude
Mermoud (UDC) ont été réélus dimanche au premier tour. Le grand
argentier du canton est arrivé très nettement en tête avec 58,33 %
des voix, devant Pierre-Yves Maillard (54,37%). Jean-Claude Mermoud
a passé la barre de justesse avec 50,01% des suffrages.
Grand Conseil: Verts gagnants
Au Grand Conseil, les élections n'ont pas débouché dimanche sur
de grands bouleversements. Le Parlement reste majoritairement à
droite même si l'écart avec la gauche se resserre un peu.
Contrairement à leur mauvais score au Conseil d'Etat, les Verts
gagnent sept sièges, plaçant 24 élus. Ils passent de 12 à presque
17% des voix, selon Daniel Brélaz, mathématicien et syndic
écologiste de Lausanne.
Le parti progresse partout, surtout là où il était peu ou pas
représenté comme Aigle ou Yverdon. Les écologistes régressent en
revanche légèrement à Lausanne où leur liste séparée pour
l'élection au Conseil d'Etat leur a coûté des voix. «Nos candidats
ont eu le sentiment d'être un peu pénalisés», a expliqué lundi la
présidente du parti Nicole Baur.
Cette bonne performance des écologistes laisse augurer une forte
progression au niveau fédéral en octobre prochain. Au vu des
résultats vaudois, le politologue René Knüsel s'attend en revanche
à un nouveau recul du PRD et à une légère progression de l'UDC.
UDC chanceuse
L'UDC, la deuxième gagnante des élections vaudoises, gagne huit
sièges au Grand Conseil où elle peut désormais compter sur 26 élus.
En terme de suffrages, sa progression est plus modeste et grimpe de
12 à environ 15,5%, selon divers calculs. Le parti a eu la chance
de décrocher de justesse des sièges dans plusieurs
arrondissements.
D'une manière générale, l'UDC stagne à la campagne et perce dans
les villes. «Nous avons progressé dans les zones urbaines, là où
nous avons créé de nouvelles sections au cours des 18 derniers
mois», a expliqué Claude-Alain Voiblet, secrétaire général.
Après leurs échecs aux dernières élections communales et
fédérales, les radicaux ont une nouvelle fois perdu du terrain,
lâchant 8 sièges. Mais ils limitent les dégâts en gardant le
leadership à droite, avec 29 sièges. Les libéraux (22 élus)
reculent aussi, mais moins nettement: ils perdent 4 sièges. A
gauche, le Parti socialiste s'effrite légèrement en suffrages mais
stagne en terme de sièges.
ats/sun
Désillusions au Parlement
L'élection au Grand Conseil a coûté leur place à de nombreux députés sortants. Selon le bureau du Grand Conseil, 56 élus ne rempileront pas.
La réduction de nombre de députés de 180 à 150 a augmenté le nombre de déconvenues. Les vestes sont particulièrement nombreuses à Lausanne: dix-sept sortants ne retrouveront pas leur siège.
Parmi eux, des ténors comme l'ancien municipal et syndic socialiste de Lausanne Jean-Jacques Schilt, l'ancienne présidente du Grand Conseil Christiane Jaquet-Berger (POP), la radicale Odile Jaeger Lanore ou les libéraux Philippe Vuillemin et Patrick de Preux.
Le PDC Georges Glatz échoue également. L'ancien médecin cantonal, le radical Jean Martin, ne retrouvera pas les bancs du Parlement pour la prochaine législature.
De même Jean-Paul Dudt, un des leaders du groupe popiste, l'écologiste Anne Weill et le libéral Nicolas Daïna font partie des recalés.
Quelques bonnes surprises
D'autres ont eu plus de chance ou de mérite: quarante-cinq députés fêtent leur élection comme l'ancien conseiller national Jacques Neirynck (PDC).
L'ex-président de l'Union des communes vaudoises, Pierre Grandjean (PRD), fait aussi son entrée de même que la radicale Jacqueline de Quattro, portée par sa campagne au Conseil d'Etat.
Chez les radicaux, le syndic d'Yverdon Rémy Jaquier est facilement élu. De même Elisabeth Ruey, épouse du président des libéraux suisses et municipale à Nyon.
Plusieurs jeunes élus font leur entrée au Parlement: Jean Christophe Schwaab (27 ans, PS), secrétaire syndical auprès de la jeunesse Unia, l'écologiste yverdonnois Vassilis Venizelos (29 ans), la vice-présidente du parti socialiste vaudois Cesla Amarelle (33 ans).
La proportion de femmes augmente légèrement, de 24,4% à 28,6%.