A droite, la radicale Jacqueline de Quattro crée la petite
surprise du jour. Avec 75'125 voix (52,48 %), elle devance son
colistier libéral Philippe Leuba, pourtant beaucoup plus connu
qu'elle. Le popiste Josef Zisyadis est nettement distancé et ne
recueille que 59'342 voix (41,4).
Avec ces résultats, le canton affiche une stabilité certaine. La
droite reste aux commandes en ayant fait campagne sur une liste
unique qui comprenait également le radical Pascal Broulis et l'UDC
Jean-Claude Mermoud, élus au premier tour. La gauche se renforce,
le socialiste Pierre-Yves Maillard ayant été élu au premier tour ce
qui ne s'était jamais vu dans le canton. L'extrême-gauche en
revanche connaît l'échec tant à l'exécutif qu'au législatif.
Les Verts boudent Zisyadis
La figure polémique de Josef Zisyadis a joué en défaveur de la
gauche. L'électorat vert a copieusement biffé le popiste qui
représente à ses yeux une politique trop extrême. Il a laissé en
outre de mauvais souvenirs lorsqu'il a contesté le siège écologiste
lors d'une élection précédente.
Les élus ont tous affiché dimanche leur satisfaction.
Anne-Catherine Lyon a souligné que son résultat illustrait le
travail de réforme entrepris au sein de son Département de la
formation et de la jeunesse. Des résultats que tout le monde
respecte aujourd'hui. Elle s'est tout de même dit «déçue» que la
gauche n'ait pas réussi à renverser la majorité et a déploré le
manque de discipline de l'électorat.
Satisfaction des élus
Je ne me
représenterai plus
Josef
Zisyadis
François Marthaler s'est aussi senti
confirmé dans son travail, malgré la polémique sur la troisième
voie CFF Lausanne-Genève qui a éclaté la semaine dernière.
Radieuse, Jacqueline de Quattro a estimé que son score était la
meilleure réponse aux attaques dont elle a été victime durant la
campagne. Elle se réjouit d'ores et déjà de se mettre au
travail.
Réputé forte tête, Philippe Leuba a assuré que la collégialité ne
sera pas un vain mot pour lui. Très heureux lui aussi, il a
remercié «l'équipe soudée» qui a permis à la coalition de
centre-droit de conserver la majorité.
Fort déçu de son score, Josef Zisyadis a dénoncé le virage à
droite du canton. Il a critiqué Philippe Leuba, incarnation d'une
droite «beaucoup plus dure». A son avis, le débat sur la baisse des
impôts va vite reprendre. Au niveau personnel, le popiste a annoncé
qu'il ne se représenterait plus à une élection au Conseil
d'Etat.
Virage à droite?
Pascal Broulis conteste que Vaud ait connu dimanche un
déplacement à droite très marqué. Le canton reste «pondéré, mesuré,
dans la même veine». La méthode des petits pas chère au radical
sera «toujours possible» même si les millions de bénéfice dégagés
par le canton vont aiguiser les appétits.
Le Grand Conseil, où la droite est aussi majoritaire, et le
Conseil d'Etat entreront en fonction le 1er juillet. D'ici là, les
sept membres du gouvernement se seront entendus sur la répartition
des départements et la présidence de l'exécutif, valable pour la
première fois durant toute la législature.
agences/sun
Les résultats détaillés du second tour
1.Anne-Catherine Lyon (PS): 82'392 voix
2.François Marthaler (Verts): 80'606 voix
3.Jacqueline de Quattro (PRD): 75'125 voix
4.Philippe Leuba (LIB): 74'423 voix
5.Non élu: Josef Zisyadis (AGT): 59'342 voix
Participation: 38,4% (42,6% au 1er tour)
Elus au premier tour: Pascal Broulis (PRD), Jean-Claude Mermoud (UDC) et Pierre-Yves Maillard (PS).
Leuba l'incisif, de Quattro l'inconnue
Après Jean-François Leuba, son fils Philippe siègera donc au gouvernement vaudois. Souvent présenté comme le fer de lance du libéralisme musclé, l'ancien arbitre international de football commence son match le plus difficile: montrer qu'il est aussi un homme d'Etat.
Fils du conseiller d'Etat et conseiller national Jean-François Leuba (1934-2004), Philippe Leuba, 42 ans, est un homme pressé, hyperactif. Député de Lavaux au Grand Conseil dès 1998, il joue un rôle primordial au parlement vaudois où il dirige le groupe libéral et imprime sa volonté.
Incisif, tendu, Philippe Leuba a fait une campagne en arrondissant les angles et en souriant à ses détracteurs. Si ces mois lui ont paru longs et usants, cinq ans de gouvernement l'obligeront à négocier et à passer des compromis.
Malgré les critiques, Jacqueline de Quattro a réussi de son côté une bonne élection. A peu près inconnue au niveau cantonal, elle s'est imposée contre des figures du parti. La radicale devra démontrer qu'elle a l'étoffe d'une conseillère d'Etat.
Avocate bilingue, passionnée d'arts martiaux, la municipale de la Tour-de-Peilz (VD) est la seule tête vraiment nouvelle de ce gouvernement vaudois recomposé. A 47 ans, elle est parvenue à franchir une porte que peu d'observateurs voyaient s'ouvrir devant elle.
Au moment de désigner le successeur de Jacqueline Maurer, le parti radical a présenté deux briscards avec davantage d'atouts dans leur jeu: le municipal lausannois Olivier Français et le député Armand Rod, président de la Commission des finances. Mais Jacqueline de Quattro a été plébiscitée.
La candidate a ensuite été soutenue par des noms de l'industrie et de la finance vaudoises et poussée par le parti radical suisse qui l'a chargée de reconstruire sa stratégie nationale.