L'attentat contre le Palais du gouvernement a fait 12 morts et
118 blessés. Celui contre le commissariat de Bab Ezzouar, commis à
l'aide de 3 voitures piégées, a provoqué le décès de 11 personnes
et en a blessé 44 autres, selon un bilan officiel provisoire de la
protection civile algérienne.
Un interlocuteur se présentant comme un porte-parole du mouvement
Al-Qaïda au Maghreb a revendiqué les deux attentats. Il l'a fait
dans un appel téléphonique à la télévision Al-Jazira.
Alger renoue ainsi avec les attentats en zone urbaine qui avaient
été enrayés ces dernières années sous les coup de boutoir des
forces de sécurité.
Violente explosion
Le Palais du gouvernement, une imposante bâtisse de plusieurs
étages, héritée de la présence française, abrite les services du
Premier ministre, ainsi que plusieurs ministères, dont celui de
l'Intérieur.
Très violente, l'explosion a été entendue dans toute la ville et a
partiellement endommagé la façade du bâtiment. Des débris de verre
jonchaient son esplanade, où se garent habituellement les voitures
officielles des ministres et des visiteurs de marque, ainsi que les
rues avoisinantes, sur un rayon de plus de 200 mètres.
Isalmistes toujours actifs
Ces deux attentats surviennent cinq jours après un dur
accrochage entre l'armée et un groupe islamiste à Ain Defla (ouest
d'Alger) au cours duquel neuf militaires ont été tués. L'armée mène
également depuis près de vingt jours une vaste opération de
ratissage en Kabylie (est de la capitale), où plusieurs milliers de
militaires et membres des Groupes de légitime défense traquent une
centaine d'élements armés appartenant au Groupe salafiste pour la
prédication et le combat (GSPC).
Le GSPC s'est rallié en septembre à Al Qaïda, en se rebaptisant
"Branche armée d'Al Qaïda au Maghreb". Depuis début avril, au moins
33 personnes, dont une quinzaine de membres des forces de sécurité,
ont été tuées dans des violences attribuées aux islamistes, selon
un décompte établi d'après des bilans officiels et de presse.
Un jour après Casablanca
Ces attentats à Alger interviennent au lendemain de la mort de
quatre islamistes à Casablanca, la capitale économique du Maroc, où
trois kamikazes ont fait exploser leurs charges, un quatrième a été
abattu avant d'actionner ses explosifs et un policier a été
tué.
Mercredi, les services de sécurité marocains étaient toujours à la
recherche d'une dizaine de kamikazes qui seraient cachés dans
Casablanca.
afp/cab/boi
Le gouvernement algérien dénonce
Il s'agit d'actes "criminels et lâches commis au moment où le peuple algérien demande la réconciliation nationale", a déclaré le chef du gouvernement algérien Abdelaziz Belkhadem, à la radio algérienne.
Selon la Charte sur la reconciliation nationale, entrée en vigueur en février, les islamistes qui ont déposé leurs armes peuvent bénéficier d'une grâce présidentielle, à condition de n'être pas impliqués dans des meurtres, des sabotages et des actes de terrorisme.
Plus de 2000 personnes ont été libérées aux termes de cette Charte et 300 islamistes armés ont déposé leurs armes et ont bénéficié de la grâce présidentielle.
La France soutient Alger
Philippe Douste-Blazy a exprimé son "horreur" et son "indignation" après ces attentats.
Le ministère français des Affaires étrangères a fait savoir mercredi qu'il suivait "avec attention" la situation à Alger.
"La France se tient évidemment aux côtés du gouvernement et du peuple algériens", a-t-il ajouté.