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La lutte pour les indécis bat son plein

Le phénomène Bayrou est analysé par Le Temps
François Bayrou choisira un Premier ministre de gauche s'il est élu
A 4 jours du premier tour, les candidats à la présidence en France ont multiplié mercredi déplacements et interviews. Ils livrent leur dernière bataille pour convaincre les millions d'électeurs encore indécis qui détiennent la clef du scrutin.

Ségolène Royal, créditée de 23 à 26 % des voix derrière le
favori Nicolas Sarkozy (27-30 %), a demandé «aux Français un vote
d'audace», massif, «un vote utile, positif», dans le quotidien
gratuit «Metro». Elle se dit «confiante» pour la suite.



«Moi, je suis une promesse d'audace sécurisée», a-t-elle déclaré.
Soulignant qu'il restait «17 millions d'indécis», elle a dit
vouloir «réformer la France sans brutalité», dans une allusion aux
inquiétudes suscitées par la personnalité controversée de son
principal concurrent de droite Nicolas Sarkozy. Soucieuse de
replacer les questions sociales au coeur de sa campagne, elle s'est
rendue mercredi dans un supermarché parisien, où elle a dénoncé
«une logique d'élimination des salariés» dans la grande
distribution.

«Combat idéologique» de Sarkozy

De son côté, Nicolas Sarkozy s'est dit convaincu dans une
interview au «Figaro» que «l'élection se jouera sur les valeurs»,
en raison de «la crise d'identité que traverse la France». Il
assure avoir «entendu sa souffrance et son exaspération». Nicolas
Sarkozy estime mener «un combat idéologique» et non «un combat
politique».



Après avoir cité Jean Paul II comme un de ses personnages
préférés, il a renchéri sur les «racines chrétiennes» de l'Europe
et de la France, ajoutant que «derrière la morale laïque et
républicaine française, il y a deux mille ans de chrétienté». Le
candidat UMP, qui avait suscité la polémique en prônant la création
d'un «ministère de l'immigration et de l'identité nationale», a
ensuite souligné à destination des musulmans que chaque religion
devait «pouvoir vivre son culte tranquillement».

Attaques de la presse

Le chef de l'UMP doit faire face aux attaques de certains médias
qui décortiquent sa personnalité et ses mouvements d'humeur.
L'hebdomadaire «Marianne» - qui a pris position pour le centriste
François Bayrou - a dû réimprimer son dernier numéro consacré au
«vrai Sarkozy», un portrait au vitriol du candidat. Et le quotidien
«Libération» (gauche) titrait mercredi en Une sur «l'inquiétant
Monsieur Sarkozy».



Les nouveaux électeurs, âgés de moins de 30 ans, sont toutefois
30% à lui apporter leur soutien, contre 23% à François Bayrou et
22% à Ségolène Royal, selon un sondage Ifop publié dans «Le
Parisien».

Giscard soutient Sarkozy

Au milieu de ce flot de critiques, Nicolas Sarkozy a reçu un
soutien de taille mercredi: l'ancien président français Valéry
Gicard d'Estaing a indiqué soutenir le candidat de droite. Il le
préfère au candidat de sa famille centriste, François Bayrou.



Valéri Giscard d'Estaing, 81 ans, fondateur de l'UDF, accuse
François Bayrou, son ex-lieutenant, d'entretenir "l'incertitude, de
flotter dans le vide entre des politiques différentes, et de
s'appuyer sur des majorités fragiles", dans un entretien à paraître
jeudi dans le quotidien populaire "Le Parisien". "VGE" apprécie en
revanche l'expérience du pouvoir et la capacité de faire avancer
les choses de Nicolas Sarkozy.



agences/jab

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Bayrou veut un Premier ministre de gauche

François Bayrou (UDF), qui devait réunir mercredi soir des milliers de partisans à Paris, affiche lui aussi sa certitude de disputer le duel final le 6 mai, même si les sondages ne le placent que 3e, avec 17-19% des intentions de vote. Interrogé par les lecteurs du «Parisien», il a dit sentir «se fissurer le mur de Berlin» entre la droite et la gauche, «cette cloison stupide» qui selon lui paralyse la France.

Elu président, il choisirait un premier ministre «plutôt du centre-gauche», a-t-il déclaré, alors que certaines figures socialistes comme l'ancien premier ministre Michel Rocard prônent une alliance entre leur parti et le centre. Mais Dominique Strauss-Kahn (PS), dont le nom a été cité par le candidat centriste, a exclu toute alliance entre le Parti socialiste et François Bayrou.

Il a dit ne pouvoir envisager cette éventualité que si les socialistes disposaient d'une majorité à l'Assemblée nationale après les législatives de juin. Egalement «persuadé» qu'il fera mentir les sondages et se qualifiera comme en 2002 pour le second tour, le leader d'extrême droite Jean-Marie Le Pen a décoché une nouvelle flèche en direction de Nicolas Sarkozy en relayant des interrogations sur l'état de ses relations avec son épouse Cécilia, absente durant la campagne.