A l'heure où l'Amérique, président en tête, se recueille après
le drame, les témoignages affluent (écoutez ci-dessous
l'interview du Vaudois Nicolas Graf, étudiant à
Blacksburg).
Un solitaire troublé
Cho Seung-hui, 23 ans, aux Etats-Unis depuis 1992 et dont la
famille vivait en banlieue de Washington, habitait sur le campus et
étudiait l'anglais. Il s'est donné la mort à l'issue d'un
interminable carnage, au cours duquel il aura tué, à deux heures
d'intervalle et sans motif apparent pour l'instant, 32
personnes.
"C'était un solitaire, nous avons du mal à rassembler des
informations à son sujet", a déclaré le porte-parole de Virginia
Tech, Larry Hincker. Selon le "Chicago Tribune", le jeune homme
aurait été soigné pour dépression et devenait de plus en plus
violent.
Il aurait laissé un mot étrange dans sa chambre, longue litanie
de récriminations notamment contre la "débauche" sur le campus, les
"gosses de riches" et les "charlatans".
L'étudiant a récemment suivi des femmes et mis le feu à une
chambre dans un des dortoirs situés sur le campus, selon des
enquêteurs cités par la presse. Selon la responsable du département
d'anglais Carolyn Rude, ses dissertations en cours d'écriture
créative montraient une personnalité "troublée".
Drapeaux en berne
Mardi, l'heure était donc aux questions, mais aussi au
recueillement dans des Etats-Unis choqués par ce drame qui vient
leur rappeler, huit ans plus tard, celui de Columbine, où deux
lycéens avaient massacré 13 personnes avant de se tuer.
Le président George W. Bush a ordonné la mise en berne de tous les
drapeaux jusqu'à dimanche, avant une cérémonie sur le campus à
laquelle il devait assister dans l'après-midi (18h GMT).
Pas de deuxième homme?
Selon la police, Cho transportait un sac à dos dans lequel a été
retrouvée la facture de l'achat, en mars, d'un pistolet Glock 9mm.
Une des deux armes sur lesquelles ses empreintes ont été retrouvées
a servi aux deux fusillades, selon les expertises balistiques. Mais
la police n'excluait pas encore définitivement l'existence d'un
deuxième homme.
A Séoul, le ministère des Affaires étrangères a transmis ses
condoléances, disant espérer que le drame ne "déclenche pas des
préjugés raciaux ni des confrontations".
Polémique sur l'information
Si la première fusillade, à 7h15 du matin, a fait deux morts
dans la résidence universitaire de West Ambler Johnston, nombre
d'étudiants n'ont pas été informés du drame en cours avant le
premier mail de la direction, à 9h26. A cette heure-là, Cho, équipé
de deux armes et de nombreuses munitions, avait pourtant déjà
commencé à semer la mort à Norris Hall. Au moins 26 personnes ont
été blessées dans cette deuxième fusillade, dont 14 étaient
toujours hospitalisées mardi dans différents hôpitaux de la
région.
Et la polémique enfle sur l'attitude de la direction: "Je crois
que l'Université a du sang sur les mains à cause de leur absence de
réaction après le premier incident", dénonce Billy Bason, 18 ans,
habitant de West Amber Johnson. Le président de l'Université,
Charles Steger, a défendu sa décision d'informer les élèves par
courriel, notant que les chefs de dortoirs avaient été avertis
préalablement. Et soulignant la difficulté de faire passer
l'information sur un campus de 25'000 personnes, dont 11'000
externes.
agences/sun/het
CONDOLEANCES DANS LE MONDE
«Horreur», «solidarité», mais aussi mises en cause de la
législation américaine sur les ventes d'armes. Le choc a été grand
dans le monde entier après le carnage sans précédent survenu lundi
sur le campus de l'université de Virginia Tech.
Du pape Benoît XVI à la reine
d'Angleterre Elizabeth II, du premier ministre Tony Blair au
président français Jacques Chirac et à la chancelière allemande
Angela Merkel, en passant par les dirigeants canadiens,
australiens, italiens, chinois ou, de façon plus inattendue,
iraniens, les messages de condoléances ont afflué.
Tristesse et condamnations
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de nationalité sud
coréenne comme le tireur, a condamné cette tuerie «totalement
inacceptable». Il s'est dit «très triste et troublé» d'apprendre
que son auteur était un compatriote.
La présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey a écrit une
lettre au président américain George W.Bush et au gouverneur de
l'Etat de Virginie Timothy Kaine. Elle leur a exprimé «la profonde
tristesse du Conseil fédéral».
L'Iran, qui a rompu ses relations diplomatiques en 1980 avec les
Etats-Unis, «regrette, condamne (cet acte) et présente ses
condoléances au peuple et aux familles des victimes», a assuré le
ministère iranien des affaires étrangères.
Critique, le premier ministre australien John Howard a dénoncé
dans un message de codoléance la «culture des armes à feu» aux
Etats-Unis.
Les condoléances de George W.Bush
Le président américain George W.Bush a présenté mardi ses condoléances aux familles des victimes de la fusillade sur le campus de Virginia Tech, en Virginie, lors d'une cérémonie d'hommage organisée sur le site de l'université.
"Laura et moi sommes venus à Blacksburgh aujourd'hui le coeur plein de chagrin", a déclaré le chef de la Maison Blanche dans une allocution de six minutes prononcée lors de cette cérémonie ouverte par l'hymne américain. "C'est un jour de deuil pour la communauté de Virginia Tech et c'est un jour de tristesse pour notre pays tout entier", a-t-il ajouté.
"En ce jour d'angoisse, j'espère que vous savez que les gens partout dans ce pays pensent à vous et demandent à Dieu d'apporter le confort à tous ceux qui ont été touchés", a-t-il conclu.
Trois Tessinoises saines et sauves
Trois étudiantes tessinoises ont échappé au massacre alors qu'elles se trouvaient sur le campus de Virginia Tech.
Les trois étudiantes ont été choquées, mais se portent bien. Elles ont annoncé qu'elles aimeraient rester à Virginia Tech. L'Université de la Suisse italienne poursuit depuis six ans un programme d'échange avec son homologue.
La paisible université de Virginia Tech, située à 400 kilomètres au sud-ouest de Washington, est située au pied de la chaîne de montagne des Appalaches, dans une région essentiellement agricole.
Elle accueille au total 25'000 étudiants dans un campus qui comprend une centaine de bâtiments sur un millier d'hectares.
Initialement fondée en 1872 pour enseigner l'agriculture et la mécanique aux jeunes gens de la région, l'université d'Etat est devenue un établissement de pointe notamment dans le domaine de l'ingénierie, la biotechnologie et les technologies de l'information et de la communication.