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Boris Eltsine est décédé

L'ex-président russe Boris Eltsine est décédé à l'âge de 76 ans
Boris Eltsine fut le premier président de la Fédération de Russie
L'ancien président russe Boris Eltsine est mort lundi à l'âge de 76 ans, a annoncé le Kremlin. Le chef du centre médical de l'administration présidentielle russe a attribué son décès à une insuffisance cardiovasculaire.

Durant sa présidence (1991-1999), Eltsine avait déjà souffert de
graves problèmes cardiaques. A partir de 1987 déjà, les problèmes
de santé de Boris Eltsine et son penchant pour la boisson avaient
fait parler d'eux. Le 5 novembre 1996, il avait subi un quintuple
pontage coronarien.

Les deux années qui ont suivi, il avait été hospitalisé ou
envoyé en maison de repos à plusieurs reprises: grippe, fatigue,
pneumonie, ulcère hémorragique enfin en janvier 1999.



Quelques minutes seulement après l'annonce de son décès, les
premiers messages d'hommages et de condoléances ont commencé à
affluer (lire ci-contre). Le président russe
Vladimir Poutine a notamment affirmé que Boris Eltsine avait
"ouvert une nouvelle ère".



"Boris Nikolaïevitch est mort, le premier président russe. Avec ce
titre, il est entré pour toujours dans l'histoire du pays et du
monde entier. Un homme qui a ouvert une nouvelle ère est mort. Une
nouvelle Russie démocratique est née, un Etat libre ouvert sur le
monde. Un Etat dans lequel le pouvoir appartient réellement au
peuple", a déclaré Vladimir Poutine.



"La force du premier président de Russie se trouvait dans le
soutien de masse à ses idées et à ses aspirations", a-t-il ajouté,
en décrivant son prédécesseur comme un homme "courageux" et
"sincère".

Premier président de la Fédération russe

Boris Eltsine avait été le premier président de la Russie après
l'effondrement de l'Union soviétique. Il avait démissionné le 31
décembre 1999, plusieurs mois avant le terme prévu de son mandat.
Après cette démission, c'est son Premier ministre d'alors, Vladimir
Poutine, qui est devenu président par intérim avant d'être élu à ce
poste au printemps 2000.



Né le 1er février 1931 à Sverdlovsk dans l'Oural, Boris Eltsine
rejoint le parti communiste relativement tard, à 30 ans, après une
carrière dans le bâtiment. Son ascension sera rapide et, en 1985,
le chef de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev le nomme à la tête du PC
moscovite.

Enfant terrible de la Perestroïka

Trop critique envers les conservateurs du parti, l'"enfant
terrible de la Perestroïka" est limogé en novembre 1987. Mais sa
popularité le fait élire au Parlement soviétique en mars 1989. Deux
ans plus tard, en juin 1991, il remporte la première élection
présidentielle russe au suffrage populaire.



Au mois d'août de la même année, il fait échec à la tentative de
coup d'Etat de la frange dure du Parti communiste (18-21 août) et
émerge comme le plus puissant homme politique du pays. En décembre,
le président russe signe l'effondrement de l'URSS, proclamant la
Communauté des Etats indépendants (CEI) avec l'Ukraine et la
Belarus. Michael Gorbatchev cède sa place.

Communisme en pièces

Boris Eltsine s'attache à mettre en pièces 75 ans de communisme,
introduisant les principes démocratiques et l'économie de marché.
Dans le même temps, il envoie les chars en octobre 1993 pour
réprimer l'opposition des plus radicaux des parlementaires russes.
En décembre 1994, il demande à l'armée d'étouffer l'indépendance
tchétchène.



Ce conflit long et sanglant qui fera 50'000 morts entame fortement
sa popularité. Malgré les difficultés de la population qui paie les
frais de la libéralisation de l'économie, Boris Eltsine parvient à
se faire réélire président le 3 juillet 1996.



La situation économique empire et une profonde crise, qui voit le
rouble en chute libre, éclate à la fin de l'été 1998. Dans l'année,
Boris Eltsine limoge par deux fois le gouvernement, alors que
l'opposition réclame sans cesse le départ d'un président qui semble
de moins en moins en état de gouverner.

Obsèques mercredi

Boris Eltsine sera inhumé mercredi dans le cimetière de
Novodevitchi, à Moscou, a annoncé le service de presse du Kremlin.
Un hommage lui sera rendu en la cathédrale du Christ-Saint Sauveur
à Moscou, et la Russie observera une journée de deuil le même jour,
selon un communiqué du Kremlin.



agences/cab/hof

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Hommages

Pour Mikhaïl Gorbatchev, Boris Eltsine aura connu un "destin tragique". "J'adresse mes condoléances les plus sincères à la famille d'un homme qui a porté sur ses épaules beaucoup de grandes avancées pour le pays et des fautes graves. Un destin tragique", a déclaré l'ancien président soviétique et père de la perestroïka, cité par l'agence Interfax.

La Maison Blanche a qualifié lundi l'ancien président russe Boris Eltsine de "figure historique" et a présenté ses condoléances à sa veuve. "C'était une figure historique à une époque de grands changements et de défis pour la Russie " a déclaré Gordon Johndroe, porte-parole de la Maison Blanche.

Pour le Premier ministre britannique Tony Blair, l'ancien président était un "homme remarquable" qui a joué un "rôle vital à un moment crucial" dans l'histoire de la Russie.

L'ancien Premier ministre Margaret Thatcher l'a jugé digne "d'être honoré comme un patriote et un libérateur".

Pour le président français Jacques Chirac, qui a souligné son "courage et (sa) ténacité", Boris Eltsine a fait "triompher la liberté" et engagé la Russie "sur la voie de la démocratie".

Le conseiller fédéral Pascal Couchepin s'est quant à lui souvenu d'un personnage politiquement et physiquement «vacillant», mais qui est parvenu à assurer une transition qui apparaît aujourd'hui comme positive.

Boris Berezovski a estimé lundi que la Russie avait perdu "son plus grand réformateur". Eltsine "a aidé des millions et des millions de Russes à être libres, y compris moi. Il m'a aidé à comprendre la liberté par rapport à l'esclavage", a ajouté l'homme d'affaires russe.

Loin de ce concert d'éloges, les séparatistes tchétchènes ont rappelé sur leur site internet «que le gouvernement de la République tchétchène d'Itchkérie a inscrit Eltsine sur sa liste de criminels de guerre. Il était recherché pour crimes contre l'humanité.»