Nicolas Sarkozy a obtenu entre 53% et 53,2% des voix, selon les
premières estimations des instituts de sondage diffusés à 20h. A 52
ans, il succède à la présidence de la République à Jacques Chirac,
qui a dirigé la France pendant 12 ans.
Ambition de sa vie
Grand favori des sondages, Nicolas Sarkozy a battu dimanche sans
appel Ségolène Royal, 53 ans, qui n'a pas réussi à concrétiser son
rêve de devenir la première femme présidente en France.
Au terme d'un scrutin marqué par une très forte participation,
signe de la soif de changement des Français, Nicolas Sarkozy, un
fils d'immigré hongrois entré en politique il y a 30 ans, voit se
réaliser l'ambition de sa vie: devenir président.
Avec lui, c'est le représentant d'une nouvelle génération, née
après la Seconde Guerre mondiale, qui arrive au pouvoir. C'est un
nouveau style aussi, celui d'un dirigeant qui a "décomplexé" la
droite et s'est engagé à rendre au pays "fierté" et
"optimisme".
Il a surtout promis la "rupture" avec les politiques passées pour
le réformer en profondeur, après la présidence Jacques Chirac et
celle du socialiste François Mitterrand (1981-1995), qui ont selon
lui conduit la France au déclin.
Position confortable
Ses adversaires ont tenté, en vain, de bâtir un front "tout sauf
Sarkozy" en mettant en avant sa personnalité controversée et la
"brutalité" supposée de son programme. Sa nette victoire lui donne
une assise politique confortable pour mener sa politique.
Mais il devra d'abord mener, dès le mois de juin, la bataille des
élections législatives pour s'assurer une majorité parlementaire,
que les Français devraient logiquement lui accorder. Nicolas
Sarkozy a indiqué qu'il effectuerait en cas de victoire une
"retraite" de quelques jours avant la passation officielle de
pouvoir avec Jacques Chirac, dont le mandat expire officiellement
le 16 mai et qui ne lui avait apporté qu'un soutien minimal.
Le nouveau président a été élu sur un programme de réformes
économiques libérales. Il veut notamment baisser la fiscalité,
réduire le nombre de fonctionnaires et a promis de ramener le
chômage sous les 5% en cinq ans.
Sécurité et identité nationale
Mais il a d'abord bâti sa victoire sur les thèmes de la
sécurité, de "l'identité nationale" et de l'immigration, ou sur la
promesse de "réhabiliter la valeur travail", alors que Ségolène
Royal axait sa campagne sur le social et sa volonté de changer la
France "en douceur".
Le positionnement à droite de Nicolas Sarkozy lui a permis de
capter dès le 1er tour une part des voix de l'extrême droite.
Réputé nettement plus atlantiste que Jacques Chirac, le nouveau
président a prévu de se rendre à Bruxelles et à Berlin dès sa
première semaine au pouvoir, faisant de la relance de l'Union
européenne une priorité après le retentissant "non" français au
référendum de 2005 sur la Constitution de l'UE.
Nicolas Sarkozy a indiqué qu'il ferait une "retraite" de quelques
jours pour se "reposer et habiter la fonction" avant la passation
officielle de pouvoir avec Jacques Chirac, prévue le 16 mai.
agences/tac
Participation record et mobilisation en Suisse
Le taux de participation au second tour de l'élection présidentielle en France métropolitaine s'établissait à 75,11% à 17h00, selon le ministère de l'intérieur. Il s'agit d'un chiffre record à cette heure depuis 1965.
Les instituts CSA, Ifop et TNS Sofres prévoient une participation finale de 85% à 86%.
Au premier tour le 22 avril, la participation finale était de 83,77%, témoignant d'une forte mobilisation des quelque 44,5 millions d'électeurs, un nombre record, dont 3,3 millions d'inscrits supplémentaires par rapport à 2002.
Les Français établis en Suisse ont massivement voté pour Nicolas Sarkozy lors du second tour. Le candidat de l'UMP a obtenu 57% des voix contre 42% pour la socialiste Ségolène Royal.
Le consulat de Genève a indiqué que les Français établis en Suisse romande avaient voté à 57,35% pour Nicolas Sarkozy. SégolèneRoyal a obtenu 42,65% des suffrages. La participation en terres romandes a atteint 49,7%, en hausse par rapport au premier tour le 22 avril (48,5%).
Les Français établis en Suisse alémanique ont également choisi le candidat de la droite pour succéder à Jacques Chirac à l'Elysée. Outre-Sarine, Sarkozy a remporté 57,1% des suffrages. La candidate de la gauche a obtenu 42,9% des voix, selon le consulat de Zurich. Le taux de participation a atteint 38,49%.
Crise au PS
Dans le camp de Ségolène Royal, la défaite était pressentie ces derniers jours, mais elle pourrait ouvrir une période de turbulences, voire de crise ouverte au Parti socialiste. La candidate s'était imposée lors de primaires internes inédites contre l'appareil du parti, bousculant certains dogmes et imposant sa stratégie.
Certains ténors du PS devraient désormais lui demander des comptes. Dès le premier tour, le 22 avril, l'arithmétique était défavorable à Ségolène Royal, devancée de plus de cinq points par Nicolas Sarkozy (25,87% des voix contre 31,18%).
Elle aura tenté en vain de tendre la main aux électeurs centristes de François Bayrou, arrivé en troisième position du premier tour (18,6%), et dont l'émergence restera comme un des faits marquant de cette présidentielle.