Aucun des films montrés les deux derniers jours de la
compétition cannoise - "Une vieille maîtresse" de Catherine
Breillat, "La nuit nous appartient" de James Gray, "La forêt de
Mogari" de Naomi Kawase et "Promets-moi" de Kusturica - n'a
bouleversé le tiercé des longs-métrages favoris des critiques
(lire ci-contre).
"Promets-moi" ne promet rien
Samedi, la compétition a pris fin avec la projection de
"Promets-moi", dernier opus du Serbe Emir Kusturica, qui à 52 ans
fait figure de vétéran d'un festival où il concourt pour la 5e
fois. Deux de ses films ont obtenu la Palme d'or: "Papa est en
voyage d'affaires", récit d'une déportation sous Tito en 1985 et
dix ans plus tard, "Underground", histoire de la Yougoslavie depuis
1940 sous forme d'épopée bouffonne.
Dans "Promets-moi", son compère de toujours, le comédien Miodrag
Miki Manojlovic, campe un truculent gangster proxénète, aux côtés
d'un talentueux jeune débutant nommé Uros Milovanovic. Celui-ci est
Stane, un adolescent à qui son grand-père, un vieux campagnard,
demande de partir pour la ville afin d'y vendre une vache et d'en
rapporter une icône et une fiancée.
Projection désertée
Assez décousu et desservi par la minceur de son scénario, le
film, où l'on retrouve l'univers fantasque, foisonnant et poétique
de Kusturica, est une succession frénétique de gags visuels qui
lasse rapidement. Une partie des spectateurs a déserté la
projection de presse.
"Je suis venu tellement de fois à Cannes que je pensais demander à
Gilles Jacob (le président du festival) de louer une maison pour
moi ici !", a plaisanté le réalisateur.
Je suis venu trop
souvent ici. Peut-être que j'aurai d'autres films ici, mais je ne
sais pas si je vais revenir en compétition
Emir Kusturica
La mystique "Forêt de Mogari"
Autre film dévoilé samedi, "La forêt de Mogari" de la Japonaise
Naomi Kawase - Caméra d'or en 1997 avec "Suzaku" -, évoque le deuil
à travers le portrait d'un vieil homme et d'une jeune femme qui
tous deux s'enfoncent dans une forêt, après la perte d'un être
cher. Ce film au rythme lent, imprégné d'une ambiance mystique et
magnifiquement photographié, a captivé une partie du public.
Ajouté à la dernière minute en sélection officielle, hors
compétition, le documentaire choc "Rebellion: l'affaire Litvinenko"
d'Andreï Nekrassov, brosse un portrait intime de l'ex-agent russe
devenu opposant, assassiné à Londres avec une substance radioactive
en novembre. Sa veuve Marina devait prendre la parole samedi lors
d'une conférence de presse.
agences/het
Favoris pour la Palme d'or
Le trio des favoris se composait samedi de "4 mois, 3 semaines et 2 jours", récit cru et puissant d'un avortement clandestin, signé par le jeune Roumain Cristian Mungiu, de l'émouvant "De l'autre côté", où le jeune Fatih Akin jette un pont entre ses deux cultures, turque et allemande, et de l'Américain "No country for old men", virée d'un psychopathe magistralement réalisée par les frères Coen.
Deux autres films, "Alexandra", peinture humaniste du conflit en Tchétchénie signée par le Russe Alexandre Sokourov, et "Le scaphandre et le papillon", beau portrait d'un homme paralysé, par l'Américain Julian Schnabel, ont été très appréciés.
Favoris pour le Prix d'interprétation
Pour les prix d'interprétation, circulaient les noms de Mathieu Amalric ("Le scaphandre et le papillon"), Javier Bardem ("No country for old men") côté masculin, Anamaria Marinca ("4 mois, 3 semaines et 2 jours"), Galina Vishnevskaïa ("Alexandra") et Jeon Do-yeon ("Secret sunshine") côté féminin.