Le lauréat de la récompense suprême du plus grand festival de
cinéma au monde sera annoncé un peu avant 20H30, à l'issue d'une
cérémonie diffusée en direct et en clair à partir de 19H30 par la
chaîne Canal+.
Vitalité du cinéma roumain
Trois films reviennent le plus souvent dans les pronostics, à
commencer par le stupéfiant "4 mois, 3 semaines et 2 jours", récit
cru et puissant d'un avortement clandestin dans la Roumanie
communiste. Ce tour de force de Cristian Mungiu, 39 ans, illustre
l'extraordinaire vitalité du nouveau cinéma roumain, déjà
récompensé samedi par le prix "Un certain regard" (voir
ci-contre).
Egalement haut dans les pronostics des critiques figurent "De
l'autre côté", où Fatih Akin jette un pont entre ses deux cultures,
turque et allemande, et l'Américain "No country for old men" qui
narre la virée d'un psychopathe, magistralement réalisé par les
frères Coen.
L'émouvant film de Fatih Akin a déjà été distingué samedi par le
prix du jury oecuménique, tandis qu'une autre distinction
parallèle, le prix de la critique internationale, est allée au film
de Cristian Mungiu.
Outsiders de choix
Egalement très remarqués: "Alexandra", peinture humaniste du
conflit en Tchétchénie signée par le Russe Alexandre Sokourov,
"Secret sunshine" du Coréen Lee Chang-dong, et "Le scaphandre et le
papillon", film de production française réalisé par l'Américain
Julian Schnabel sur un homme paralysé, tiré du récit
autobiographique de Jean-Dominique Bauby, et réputé avoir
profondément ému le président du jury Stephen Frears.
"Persépolis", premier film de Marjane Satrapi dans lequel la
Française d'origine iranienne porte à l'écran sa bande dessinée
éponyme, a énormément plu. Reste à savoir si le jury franchirait le
pas consistant à accorder la Palme d'or à un film d'animation, ce
qui ne s'est encore jamais vu.
Pour les prix d'interprétation, circulent les noms de Mathieu
Amalric ("Le scaphandre et le papillon"), Javier Bardem ("No
country for old men") et Joaquin Phoenix ("La nuit nous
appartient") côté masculin, Anamaria Marinca ("4 mois, 3 semaines
et 2 jours"), Galina Vichnevskaïa ("Alexandra") et Jeon Do-yeon
("Secret sunshine") côté féminin.
Pronostics à déjouer
Mais les rumeurs de la Croisette ont rarement dicté son choix au
jury de Cannes - neuf membres dont le Prix Nobel de littérature
Orhan Pamuk, les acteurs Maggie Cheung et Michel Piccoli -, bien au
contraire.
Le président du Festival Gilles Jacob ironisait encore il y a
quelques jours sur "ces fameuses prévisions qui sont comme une
invite au jury d'un vote conforme à l'avis général. Du coup, par
réaction, le jury emprunte un chemin buissonnier (...) c'est l'un
des charmes de l'exercice!".
Grande qualité et grandes déceptions
Si la tonalité générale des longs métrages projetés à Cannes est
très sombre, la qualité d'ensemble des 22 films sélectionnés a été
au niveau de l'événement historique que constitue cette édition
anniversaire du Festival. "Les critiques de cinéma sont connus pour
être du genre contestataire, mais quelque chose proche du consensus
est apparu pour dire que ce Festival a trouvé une nouvelle vitalité
pour ses 60 ans", estime le journaliste du New York Times A. O.
Scott.
Plusieurs critiques relèvent tout de même parmi les déceptions ou
semi-déceptions les derniers opus de réalisateurs aussi reconnus
qu'Emir Kusturica, Quentin Tarantino et Wong Kar-waï.
afp/het
Roumains primés
Le film "4 mois, 3 semaines et 2 jours" du Roumain Cristian Mungiu, souvent cité parmi les favoris pour la Palme d'or du Festival de Cannes, a reçu samedi le prix de la critique internationale attribué par un jury de journalistes.
Le prix Un Certain Regard a été attribué samedi soir au film "California dreamin", premier long métrage du réalisateur roumain Cristian Nemescu, mort en août à l'âge de 27 ans, à la veille de la clôture du 60e Festival de Cannes. Le jury, présidé par la cinéaste française Pascale Ferran, a récompensé à titre posthume Cristian Nemescu, décédé le 24 août dans un accident de voiture avec son ingénieur du son Andreï Toncu.
Les quinze dernières Palmes
- 2006: "Le vent se lève", de Ken Loach (GB)
- 2005: "L'enfant", de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Belgique)
- 2004: "Fahrenheit 9/11", de Michael Moore (USA)
- 2003: "Elephant", de Gus Van Sant (USA)
- 2002: "Le pianiste", de Roman Polanski (Pologne)
- 2001: "La chambre du fils", de Nanni Moretti (Italie)
- 2000: "Dancer in the Dark", de Lars von Trier (Danemark)
- 1999: "Rosetta", de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Belgique)
- 1998: "L'Eternité et un jour", de Theo Angelopoulos (Grèce)
- 1997: "Le goût de la cerise", d'Abbas Kiarostami (Iran) et "L'anguille", de Shohei Imamura (Japon)
- 1996: "Secrets et mensonges", de Mike Leigh (GB)
- 1995 : "Underground" de Emir Kusturica
- 1994 : "Pulp fiction" de Quentin Tarentino (Etats-Unis)