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Droit à l'alimentation: appel de J.Ziegler

Jean Ziegler s'en est pris avec virulence aux biocarburants.
Jean Ziegler lance un cri d'alarme pour le droit à l'alimentation
Plusieurs personnalités ont défendu le droit à la nourriture lors de la Journée mondiale de l'alimentation. A Berne, le rapporteur spécial de l'ONU Jean Ziegler a regretté la «schizophrénie» de l'ONU, et aussi de la Suisse.

Les Etats-Unis, l'OMC, la Banque mondiale et le Fonds monétaire
international (FMI) «ne reconnaissent pas le droit à
l'alimentation» et veulent régler ce fléau par le marché, a déploré
Jean Ziegler devant quelque 120 personnes réunies lors d'un
symposium au Kultur-Casino de Berne.

Ces positions provoquent «une schizophrénie» à l'ONU, a-t-il
estimé. Ce problème n'épargne pas la Suisse. Le sociologue genevois
salue l'action «magnifique» et le rôle de «pionnier» de la
Direction du développement et de la coopération (DDC).



Mais l'ambassadeur de Suisse à l'OMC «vote pour la libéralisation
du commerce, donc contre les lois suisses sur la coopération»,
souligne-t-il. Jean Ziegler souhaite que la DDC ait un mandat
auprès des institutions basées à Washington comme la Banque
mondiale et le FMI.

Règles plus justes

L'ambassadeur luxembourgeois auprès de l'ONU, Jean Feyder, a lui
aussi demandé des règles commerciales «plus justes» pour résoudre
le problème de l'alimentation. Parmi l'OMC, la Banque mondiale et
le FMI, seule une organisation doit conserver des compétences
commerciales pour éviter le manque de cohérence, a-t-il
ajouté.



L'ancienne directrice de Max Havelaar Suisse, Paola Ghillani, a
elle relevé le problème de la surproduction agricole, qui provoque
la chute des prix et oblige les paysans, y compris en Suisse, à
diversifier leurs activités ou à mettre la clé sous la porte.

Un droit, pas de charité

Lors d'une cérémonie organisée au siège de l'Organisation des
Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), à Rome,
son directeur Jacques Diouf a rappelé que «le droit à
l'alimentation a été formellement reconnu dans la Déclaration
universelle des droits de l'Homme adoptée par les Nations Unies en
1948».



Ce droit «implique une réorientation de l'idée de charité vers le
concept de droit. Garantir à chaque être humain une alimentation
adéquate et régulière ne constitue pas seulement un impératif moral
et un investissement pouvant se traduire par des gains économiques
énormes: c'est l'accomplissement d'un droit humain fondamental. Le
monde a les moyens pour le réaliser», a résumé Jacques Diouf.



ats/cer

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Une situation alarmante

Plus de 850 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, dont environ 60% se trouvent en Asie et 30% en Afrique.

Au total, 75% d'entre elles vivent à la campagne et sont souvent des paysans et des pêcheurs, a souligné Jean Feyder, ancien directeur général de la coopération luxembourgeoise d'aide au développement.

Jean Ziegler a lui rappelé qu'un enfant de moins de 10 ans meurt toutes les cinq secondes dans le monde et que 100'000 décès sont recensés chaque jour en raison de la famine, selon les chiffres de l'année dernière.

Il s'attend à une augmentation encore pour cette année.

Rapport à l'ONU dans quelques jours

Jean Ziegler doit présenter la semaine prochaine un rapport à l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

Il va demander un code de conduite pour les acteurs non-étatiques, un moratoire de cinq ans sur la production des agrocarburants ou encore la création d'un «droit au non-refoulement provisoire» pour les réfugiés de la faim.