La campagne électorale est entrée dans le vif du sujet. La
personnalisation et le côté très émotionnel de la phase actuelle
auraient des effets positifs sur la mobilisation des électeurs,
explique Claude Longchamp, directeur de l'institut gfs.berne.
Le sondage parle en effet d'une participation au vote qui
atteindrait 55%, soit une augmentation de 10% par rapport aux
dernières élections fédérales. Si cette tendance devait se
confirmer, un tel taux de participation serait le plus haut depuis
1971.
«Le côté émotionnel de la campagne réussit à attirer l'attention
de personnes qui normalement ne votent pas, analyse Claude
Longchamp. Il est difficile de prévoir si cette forte mobilisation
va durer jusqu'au 21 octobre.»
Au plan régional, il est intéressant d'observer comme l'effet de
mobilisation atteint son niveau maximal en Suisse romande, où 68%
des citoyens ont l'intention de se rendre aux urnes, alors qu'il se
situe sous la moyenne nationale en Suisse alémanique (52%) et en
Suisse italienne (48%).
Bataille historique au centre
Ce 7ème sondage confirme également que
la bataille est âpre au centre de l'échiquier politique. Pour la
première fois, le Parti démocrate-chrétien (PDC / centre droit)
dépasserait le Parti radical-démocratique (PRD / droite), avec
respectivement 15% et 14,7% des intentions de vote.
Non seulement les radicaux peinent à gagner de nouveaux électeurs,
mais ils en perdraient même au profit de l'Union démocratique du
centre (UDC / droite nationaliste).
Dans un contexte politique polarisé, le PRD peine à imposer ses
thèmes. Le PDC, en revanche, consolide ses positions grâce d'une
part au bon choix de ses thèmes de campagne - en premier lieu la
politique familiale - et d'autre part grâce à la personnalité de
ses dirigeants.
Ecologistes toujours en hausse
Comme les six précédents, ce nouveau sondage montre une nouvelle
fois que les écologistes ont le vent en poupe. Les Verts
obtiendraient 10,7% des voix, soit 3,3% de plus que lors des
élections fédérales de 2003. Quant aux Verts libéraux, ils
passeraient à 2,2%.
Les Verts parviennent à mobiliser de nouveaux électeurs et à
attirer des voix provenant du Parti socialiste (PS), du Parti du
travail (PdT / communistes), mais également des partis bourgeois.
Leur compétence en matière de protection de l'environnement, leur
positionnement clair et leur bonne campagne expliquent cette
croissance.
La polarisation entre la gauche et la droite, qui a marqué le
paysage politique de la seconde partie des années 1990, a atteint
un niveau de saturation. Tant l'UDC que le PS seraient en légère
perte de vitesse par rapport à 2003. La droite nationaliste
passerait de 26,7% à 25,6% alors que le plus grand parti de la
gauche passerait de 23,3% à 22,6%.
«L'UDC propose la campagne la plus visible, mais cette plus grande
visibilité ne correspond pas à un gain de voix, relève Claude
Longchamp. Ce parti réussit à mobiliser de nouveaux électeurs, mais
l'affaire Blocher-Roschacher a créé une forte polarisation qui a au
final des répercussions négatives pour l'UDC.»
Statu quo au Conseil fédéral
La composition Conseil fédéral est encore une fois incertaine.
Le maintien de la formule actuelle (2 UDC, 2 PRD, 2 PS et 1 PDC)
est approuvé par 35% des personnes interrogées. Mais 31% des sondés
sont en revanche favorables à l'entrée d'un Vert dans le
gouvernement à la place d'un radical.
La progression des démocrates-chrétiens au détriment des radicaux
pourrait relancer le débat sur l'élection d'un PDC à la place d'un
PRD. Mais vu que les résultats du baromètre électoral dépendent
largement des événements du moment, fait remarquer Claude
Longchamp, il est prématuré de se lancer dans des prévisions sur la
composition du gouvernement qui ne sera élu par le Parlement que le
12 décembre.
swissinfo, Andrea Arcidiacono
(Traduction de l'italien : Olivier Pauchard)
Les résultats du sondage
Union démocratique du centre: 25,6% (26,6% en 2003)
Parti socialiste: 22,6% (23,3%)
Parti radical-démocratique: 14,7% (17,3%)
Parti démocrate-chrétien: 15% (14,4%)
Verts: 10,7% (7,4%)
Taux de participation: 55% (45,4%)
Ce 7e sondage a été réalisé entre le 27 août et le 8 septembre dans les trois régions linguistiques. Au total, 2026 personnes ont été interrogées par téléphone. La marge d'erreur et de plus ou moins 2,2%.
Le PDC veut monter sur la 3e marche
Le PDC veut devenir la troisième force politique du pays, selon son président Christophe Darbellay. Un tel résultat aux élections fédérales d'octobre permettrait au parti d'exiger un deuxième siège au Conseil fédéral. «C'est la règle établie par le PRD lors de la dernière élection au Conseil fédéral» en 2003, a déclaré Christophe Darbellay à la Radio Suisse Romande, commentant le 7e baromètre électoral SSR-SRG idée suisse.
Quant à savoir si son parti viserait le siège de Pascal Couchepin ou celui de Hans-Rudolf Merz, le président du PDC n'a pas voulu se prononcer. Le PDC entend avant tout «remettre la discussion au centre des préoccupations des gens»: la population attend que l'on parle d'autre chose que de Christophe Blocher, notamment d'école, de crèches ou d'environnement, a dit le conseiller national valaisan.
Le vice-président du PRD Léonard Bender a lui estimé qu'il serait «pitoyable» de commencer une «guerre fratricide» au centre droit. «C'est la première fois dans l'histoire que les deux partis qui ont fait la Suisse se retrouvent avec moins de 30 % des voix», a-t-il constaté.
Source: ATS