C'est par un communiqué laconique en début de soirée que les
pompiers ont annoncé la fin du cauchemar vécu par le pays depuis le
24 août. Tous les incendies du Péloponnèse ont été "éteints", a
indiqué leur service, relevant toutefois que "sur les lieux des
feux, des forces terrestres restent mobilisées pour éviter toute
relance" des incendies, et faire face à des foyers isolés.
Les deux fronts qui résistaient et ont été éteints se situaient
au-dessus de Sparte, dans le sud du Péloponnèse, sur le mont Parnon
et plus à l'ouest sur le mont Taygète. D'importants moyens aériens,
huit bombardiers d'eau et cinq hélicoptères, y ont soutenu toute la
journée près de 300 pompiers et soldats.
Risque d'éboulements et d'inondations
Dans les zones touchées, pour la plupart en montagne, bûcherons
et employés des services forestiers ont commencé à stabiliser les
terrains, face au risque d'éboulements et inondations aux premières
pluies attendues avec l'automne. Les archéologues s'employaient
aussi à redonner tout son lustre au prestigieux sanctuaire
d'Olympie, patrimoine mondial de l'Unesco, frolé par les flammes le
26 août.
Le ministère de la Culture a annoncé lundi des mesures pour
replanter les arbres brûlés à l'écart des trésors archéologiques,
et mieux protéger les lieux à l'avenir, alors que le site
accueillera le 25 mars prochain le départ du relais de la flamme
olympique pour Pékin. A l'issue d'une canicule, la troisième cet
été en Grèce, et de plusieurs mois de sécheresse, les grands feux
du Péloponnèse ont ravagé quelque 200'000 hectares de terrains,
forêts et étendues cultivées et laissé des milliers de
sinistrés.
Pertes de 1,6 milliard d'euros
Les pertes infligées à l'économie nationale ont été limitées, en
raison du sous-développement des régions touchées, pour la plupart
de petite production agricole. Le secrétariat d'Etat grec à
l'Economie les a estimées lundi à 1,6 milliard d'euros, tandis que
Bruxelles est dans l'attente d'un inventaire exact pour débloquer
des fonds, qui pourraient atteindre 600 millions d'euros cette
année.
Vivement critiqués par l'opinion publique pour avoir laissé le
pays sans défense face aux incendies, le gouvernement conservateur
mais aussi l'opposition socialiste chassée du pouvoir en 2004,
multipliaient pour leur part les promesses de reconstruction et de
refonte de l'appareil d'Etat, à moins de quinze jours des
législatives.
Promesses du gouvernement
"Nous devons garantir une nouvelle perspective de développement"
a lancé lors d'une nouvelle tournée sur les lieux le Premier
ministre conservateur Costas Caramanlis, dont l'avance sur les
socialistes pour briguer un deuxième mandat s'est réduite ces
derniers jours. Alors que les feux ont mis en évidence l'absence de
protection des forêts et de modernisation des pompiers, il avait
jugé dimanche qu'une réforme "profonde" de l'Etat s'imposait, pour
le rendre "plus moderne, plus fonctionnel, plus crédible".
Tentant également de se poser en garant de cette remise à niveau
du pays, son rival socialiste, Georges Papandréou, l'a accusé de
gesticuler pour "laver la honte" de son équipe. Il a dévoilé son
propre plan de reconstruction, prévoyant des indemnités de
plusieurs milliers d'euros en plus de celles prévues par le plan
conservateur.
agences/jab
Mission des Super Puma prolongée
Malgré la fin des incendies, la mission des hélicoptères suisses a été prolongée de deux jours. Les trois Super Puma que Berne a dépêchés en Grèce pour lutter contre les incendies regagneront la Suisse mercredi via l'Italie, a indiqué lundi le Département fédéral de la défense. Ils resteront deux jours supplémentaires afin d'appuyer les pompiers grecs en cas de relance éventuelle d'un feu.
Le retour des trois hélicoptères était initialement prévu lundi, mais leur engagement dans la région de Kalamata, dans le sud-ouest du Péloponnèse, a été prolongé de deux. Quinze pilote ont mené jusqu'ici quelque 500 missions et déversé un million de litres d'eau sur les flammes.
Au total, 23 collaborateurs du DDPS (pilotes et mécaniciens) sont engagés en Grèce. Le coût de cette mission n'a pas encore été chiffré. De leur côté, les deux spécialistes de la DDC dépêchés sur place achèvent également leur engagement mercredi. Ils ont apporté un soutien à la mission militaire et conseillé les autorités locales sur les mesures de prévention contre les incendies.