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Tension "extrême" entre Téhéran et Paris

Le vice-président iranien a mis en garde la France devant l'AIEA
Le vice-président iranien a mis en garde la France devant l'AIEA
La tension est montée d'un cran lundi entre l'Iran et la France après les propos martiaux de Bernard Kouchner sur le nucléaire iranien. Paris s'est attirée les reproches de plusieurs pays pour avoir parlé de "risque de guerre".

La tension avec l'Iran est "à son extrême" en raison de la crise
sur le dossier nucléaire, a déclaré lundi François Fillon, tout en
assurant que la diplomatie avait encore sa place.

"Les Iraniens doivent comprendre que la tension est à son
extrême et en particulier dans la région, dans la relation entre
l'Iran et ses voisins et dans la relation avec Israël", a souligné
le Premier ministre français.

Se "préparer au pire"

Cette déclaration intervient alors que le ministre des Affaires
étrangères Bernard Kouchner avait estimé dimanche que le monde
devait se "préparer au pire", c'est-à-dire à la possibilité d'une
"guerre" avec l'Iran. Il avait souhaité des sanctions européennes,
tout en appelant à "négocier jusqu'au bout" pour éviter que Téhéran
ne se dote de l'arme atomique.



Bernard Kouchner "a raison", a affirmé François Fillon, car "tout
le monde voit bien que la situation au Proche-Orient est
extrêmement tendue et qu'elle va en s'aggravant". "Nous sommes dans
une situation de très grande tension", a-t-il insisté. "Une
confrontation avec l'Iran serait la dernière extrémité que
n'importe quel responsable politique doit souhaiter", a toutefois
assuré François Fillon, en jugeant notamment que "les sanctions
imposées à Téhéran n'ont pas été jusqu'au bout".

Copier la Maison Blanche

Les déclarations de Bernard Kouchner n'ont évidemment pas été du
goût de Téhéran. L'agence de presse officielle iranienne Irna a
lancé lundi une attaque virulente contre les dirigeants français.
"Le nouveau locataire de l'Elysée veut aujourd'hui copier la Maison
Blanche", écrit Irna.



"Cet Européen s'est mis dans la peau des Américains et imite leurs
hurlements", ajoute l'agence. Jusqu'ici, Téhéran avait toujours
ménagé Paris dans la crise nucléaire et attaquait plutôt Londres et
Washington.

Mise en garde

Le vice-président iranien, Reza Aghazadeh, qui est aussi chef de
l'organisation iranienne de l'énergie atomique, a pour sa part
déclaré que les pays occidentaux "avaient toujours choisi la voie
de la confrontation à la place de la compréhension et de relations
cordiales vis à vis de la grande nation d'Iran".



"Dans la pratique, l'Occident ne tolère pas qu'il y ait davantage
d'Etats indépendants et de pays en développement s'ajoutant à ceux
qui cherchent actuellement de acquérir les technologies modernes",
a dit Reza Aghazadeh "La grande nation d'Iran a pris acte de votre
comportement discriminatoire et ne l'oubliera pas", a-t-il menacé
devant l'AIEA à Vienne.



agences/jab

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La France critiquée

La France s'est attirée lundi les reproches de l'AIEA et de plusieurs pays après les propos virulents de Bernard Kouchner sur le nucléaire iranien. Le directeur général de l'AIEA, Mohamed El-Baradei, a récusé à Vienne la perspective d'une option militaire contre l'Iran.

"Nous avons affaire à un dossier très lié à la paix, à la sécurité et à la stabilité régionale au Proche Orient et c'est pourquoi je demanderai à tout le monde de ne pas se laisser emporter jusqu'à ce que nous soyons parvenus au bout de la procédure" de vérification, a-t-il souligné devant la presse au premier jour de l'assemblée générale des 144 pays membres de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à Vienne.

La ministre autrichienne des Affaires étrangères, Ursula Plassnik a quant à elle sévèrement critiqué les propos de Bernard Kouchner. "Le collègue Kouchner est le seul à pouvoir expliquer ce qu'il a voulu dire. Il m'est incompréhensible qu'il ait eut recours à une rhétorique martiale en ce moment", a-t-elle déclaré.

Le chef de la diplomatie néerlandaise, Maxime Verhagen, a toutefois souligné lundi à Paris que les Pays-Bas étaient prêts à appliquer des sanctions européennes contre l'Iran dans le dossier du nucléaire si le Conseil de sécurité de l'ONU ne se met pas d'accord sur des mesures supplémentaires contre Téhéran.

Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) doivent se réunir le 21 septembre à Washington pour envisager un troisième train de sanction contre Téhéran.