Le chef de la commission électorale Qazi Muhammad Farooq a
annoncé que Pervez Musharraf avait emporté 252 des 257 voix au
Parlement, avec trois nuls et deux voix pour son principal
adversaire, l'ancien juge de la cour suprême Wajihuddin Ahmad. Le
général l'a aussi largement emporté dans trois des quatre
assemblées provinciales, selon la télévision pakistanaise. Le
dépouillement n'avait pas encore commencé dans la quatrième
province de Sindh.
Les résultats de la présidentielle ne pourront pas être annoncés
avant au moins 11 jours, un arrêt de la Cour suprême vendredi
interdisant de les proclamer avant que la haute juridiction ne
statue sur des recours de l'opposition visant à faire invalider la
candidature de Pervez Musharraf. Elle n'examinera ces recours qu'à
compter du 17 octobre.
Au pouvoir depuis 8 ans
Mathématiquement, le général Musharraf, qui a pris le pouvoir il
y a huit ans par un coup d'Etat sans effusion de sang, était
certain de gagner, car les deux chambres du Parlement et les
assemblées provinciales lui sont largement acquises.
"Nous allons gagner l'élection. Il n'y a aucun doute là-dessus",
avait déclaré à l'AFP le ministre adjoint de l'Information Tariq
Azeem avant le vote. "Ce sera une bonne chose pour le pays et nous
serons bien engagés pour une transition", avait-il ajouté.
Observation internationale
La présidentielle et les législatives (voir
ci-contre) étaient observées à la loupe par les
Occidentaux, en particulier les Etats-Unis, qui ont fait du général
Musharraf leur allié-clé dans leur "guerre contre le
terrorisme".
Le Pakistan, en proie à une vague d'attentats sans précédent qui
ont fait plus de 300 morts en deux mois et demi, vit depuis 15
jours sous la menace du jihad, la "guerre sainte", décrétée par
Oussama ben Laden contre Pervez Musharraf et son armée. Les forces
de sécurité étaient sur le pied de guerre samedi, leurs
responsables redoutant une "action spectaculaire" d'Al-Qaïda à
l'occasion du scrutin.
agences/het
L'enjeu des législatives
L'enjeu principal pour le Pakistan n'était pas tant la présidentielle, mais les législatives prévues début 2008, au suffrage universel direct.
Le camp Musharraf n'est en effet pas assuré d'emporter la majorité nécessaire pour gouverner.
C'est dans cette optique que le chef de l'Etat a signé vendredi un décret amnistiant l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto des accusations de corruption qui l'avaient poussée à l'exil en 1999, ouvrant la voie à un partage du pouvoir, grâce à une alliance avec le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) de Benazir Bhutto aux législatives.
Les avocats protestent
Samedi matin, quelque 300 avocats opposés à Pervez Musharraf se sont affrontés avec la police à Peshawar (nord-ouest), criant "Musharraf, va-t-en!", jetant des pierres et tentant d'incendier un véhicule de police, ont rapporté des témoins.
Pareille manifestation s'était déjà déroulée le 29 septembre, durmeent matée par la police pakistanaise.