Un "Grenelle de l'environnement" prolifique

"La révolution verte a dépassé la ligne de départ", s'est
félicité mercredi l'écologiste Yannick Jadot, optimiste à l'issue
des premiers travaux de la réunion.



Les 80 représentants des ONG, des syndicats et du patronat, ainsi
que des collectivités locales se sont réunis mercredi au ministère
de l'Ecologie autour de Jean-Louis Borloo pour deux jours de
table-ronde qui seront conclues à l'Elysée par le président de la
République.

Sarkozy tranchera

Dans la matinée, le Premier ministre François Fillon a appelé
les participants à trouver "un maximum de convergences". Et pour
tous les sujets où il y aura toujours divergence, c'est Nicolas
Sarkozy, le gouvernement et le Parlement qui trancheront. Le chef
de l'Etat va ainsi devoir trancher sur la question de la taxe
carbone.



"Incontestablement, on est sur des conflits lourds", a confirmé
Yannick Jadot, porte-parole de Greenpeace. "Le Medef fait un
blocage absolu sur l'idée d'envoyer ce signal -la contribution
climat-énergie- à l'économie, pour qu'elle soit plus sobre en
énergie. C'est dommage".



Les participants sont en revanche tombés d'accord concernant les
secteurs du bâtiment et des transports. Le bâtiment, qui consomme
42,5% de l'énergie en France, sera touché par une véritable
"révolution", selon Jean-Louis Borloo. Objectif: arriver à une
consommation 50kwh par mètre carré et par an, contre 300 en moyenne
actuellement.



Les logements neufs devront respecter une norme de 80kwh en 2010
et de 50kwh en 2012. Pour le logement ancien, le gouvernement
devrait imposer une norme de 80kwh, mais n'a pas précisé à partir
de quand cette obligation s'appliquerait aux particuliers. Les
bâtiments publics, eux, devront faire leur rénovation thermique
tout de suite, c'est-à-dire dans une période de "3 à 5 ans".

Poids-lours taxés

Concernant les transports, la priorité est désormais donnée au
ferroviaire et aux transports en commun. "Nous n'augmentons plus
significativement les capacités routières et autoroutières", a
annoncé Jean-Louis Borloo. "Il n'a pas été dit qu'on arrêterait la
construction d'autoroutes et d'aéroport", une des grandes
revendications des ONG, a toutefois noté Olivier Louchard, de l'ONG
RAC.



Le principe d'une taxe sur les poids-lourds circulant en France
(écoredevance) et d'une écopastille sur les voitures a en revanche
été approuvé, même si les modalités restent là encore à définir.
Concernant "l'écopastille", "quand on va acheter dorénavant une
voiture vertueuse en économie d'énergie et sobre en CO2, on aura
une ristourne, qui sera payée par un malus quand la voiture n'est
pas vertueuse au plan écologique", a expliqué Jean-Louis Borloo.
"C'est une vignette à l'envers".



Par ailleurs, à terme, il n'y aura "plus de camions de transit sur
les autoroutes et les routes. On va les mettre sur des trains",
a-t-il expliqué. Jean-Louis Borloo a également annoncé la
construction de 2000km de lignes TGV "avant 2020", pour un budget
de "70 milliards d'euros dans lequel l'Etat s'engage sur 16
milliards d'euros". Un "énorme effort sur les tramways" va aussi
être lancé.

Progrès sur l'énergie

Sur l'énergie, les participants au Grenelle sont tombés d'accord
sur une "réduction de 20% des consommations énergétiques".
Jean-Louis Borloo a aussi annoncé une "augmentation des énergies
renouvelables de manière massive pour atteindre 20% du parc", ce
qui correspond aux engagements européens. Selon l'Alliance pour la
planète, il a également été décidée l'interdiction des ampoules à
incandescence d'ici à 2010. Le relevé des conclusions distribué à
l'issue de la journée annonce par ailleurs qu'un accord a été
trouvé sur le principe d'indiquer le "prix carbone" ou "prix
écologique" des produits via leur étiquetage par la grande
distribution. La mesure devrait être effective d'ici "fin
2010".



"Nous avons été agréablement surpris par l'engagement du
gouvernement", a réagi le porte-parole de l'Alliance pour la
planète Yannick Jadot. En revanche, Jean-Louis Borloo a pris soin
d'éluder la question nucléaire. Quant à l'autre sujet qui fâche,
les OGM, il sera au menu des discussions jeudi.



agences/boi/het