Sa victoire a été saluée par la plupart des dirigeants de gauche
en Amérique latine. Selon des résultats quasi définitifs portant
sur 96,36% des suffrages, la sénatrice de centre gauche, âgée de 54
ans, est créditée de 44,8% des voix, contre 22,9% pour la députée
libérale chrétienne Elisa Carrio et 16,9% pour l'ancien ministre de
l'économie Roberto Lavagna, remercié par Nestor Kirchner en
2005.
La candidate péroniste a revendiqué sa victoire alors que les
résultats officiels lui donnaient un score supérieur à 40% des voix
et une large avance sur sa plus proche rivale, ce qui suffit à lui
éviter un second tour. Après avoir contesté cette proclamation,
Elisa Carrio a finalement admis l'issue des urnes et a félicité sa
rivale de sa victoire.
Liesse
Applaudissements et cris de joie ont éclaté dès la diffusion des
sondages sortie des urnes au QG de Cristina Fernandez. Les
partisans de la favorite du scrutin s'étaient rassemblés en masse
pour célébrer cette rarissime transition démocratique entre deux
conjoints, surnommés "les Clinton du Sud".
"C'est un triomphe pour tous les Argentins", a lancé la nouvelle
présidente à ses partisans sans leur cacher les défis à relever.
"Plutôt que de nous placer en position privilégiée, cela nous donne
de plus grandes responsabilités et de plus grandes obligations", a
t-elle dit. Des sympathisants brandissaient des pingouins
gonflables, symbole des époux Kirchner qui ont bâti leurs carrières
politiques dans les terres australes de Patagonie.
Davantage qu'une élection, le vote a paru être une «réélection»,
après quatre ans d'une croissance économique frôlant les 9 % par
an, un taux de chômage retombé à son plus bas niveau en dix ans et
une stabilité politique retrouvée après les soubresauts de la fin
2001. En pleine débâcle économique, cinq présidents s'étaient alors
succedé en moins d'un mois.
La continuité
Avocate de formation, Cristina Fernandez a mené campagne sur le
bilan de son mari, au pouvoir depuis 2003. Pour de nombreux
Argentins, Nestor Kirchner a sorti le pays, qui est actuellement la
troisième économie latino-américaine, de la débâcle financière des
années 2001-2002, qui avait vu le PIB fondre de près de 11%.
Tout au long d'une campagne discrète, la sénatrice ne s'est guère
montrée explicite sur la politique qu'elle entend mener. Principale
conseillère de Nestor Kirchner pendant ses quatre années de
présidence, elle s'est contentée de promettre la continuité.
Le noyau dur de l'électorat de Cristina Fernandez se recrute parmi
les pauvres et la classe ouvrière, qui considèrent que leurs vies
se sont améliorées sous Kirchner, même si un quart environ des 40
millions d'Argentins sont toujours sous le seuil de pauvreté.
Après Michelle Bachelet
Cristina Fernandez est la deuxième femme élue à la tête d'un
pays d'Amérique latine en deux ans - après Michelle Bachelet au
Chili et la première présidente élue de l'Argentine mais pas la
première cheffe de l'Etat. Isabel Peron, troisième épouse de
l'ex-président Juan Peron, avait été investie présidente en 1974 à
la mort de son mari.
Comme la plupart des dirigeants de gauche en Amérique du Sud,
Michelle Bachelet a salué lundi «au nom des femmes» la victoire de
la "First Lady" argentine. Son homologue vénézuélien Hugo Chavez a
quant à lui salué le "triomphe des femmes d'Amérique latine, et les
femmes vont sauver le monde", a-t-il déclaré à la présidente
élue.
agences/fm/kot/hof
Majorité parlementaire
Cristina Kirchner pourra compter sur une majorité parlementaire très nette, a indiqué l'agence de presse Telam.
Le parti péroniste et social-démocrate de la nouvelle présidente et de son mari, le "Front pour la victoire", a remporté la majorité à la Chambre des députés, passant de 111 à 140 élus sur un total de 257.
Il a également conservé celle dont il disposait au Sénat (45 sièges sur 72).
Les 27 millions d'électeurs argentins étaient appelés dimanche à renouveler la moitié des sièges à la Chambre des députés et le tiers au Sénat, en plus de l'élection du nouveau chef d'Etat.
Une longue expérience en politique
Cristina Fernandez de Kirchner est souvent comparée à l'Américaine Hillary Clinton en raison de son expérience politique et de son caractère. Autoritaire, elle peut être dure et cassante, particulièrement à l'égard des journalistes dont elle fuit la présence, tout comme son mari.
Héritière d'Eva Peron, icône de la politique argentine toujours adulée 55 ans après sa mort, Cristina Fernandez ne déroge pas à la tradition péroniste des femmes en politique.
Brune, élégante, jusqu'à l'excès disent ses détracteurs, Cristina Fernandez de Kirchner a été élue pour la première fois en 1989 députée dans la province de Santa Cruz en Patagonie (sud), d'où est originaire son mari, puis au sénat national.