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France: les cheminots poursuivront la grève

Des politiciens craignent que l'arme des agents provoque des accidents.
Les quelques trains en service pris d'assaut en matinée
La grève va continuer jeudi malgré des gestes d'ouverture du gouvernement. Les transports ont été fortement perturbés mercredi sur fond de contestation des régimes spéciaux de retraite.

La grève a été largement suivie, mais la mobilisation n'a pas
atteint le niveau record de la précédente grève le 18 octobre.
Gouvernement et syndicats ont affiché leur volonté de négocier,
voulant éviter un conflit long et dur sur les retraites, comme en
1995 lorsque les transports publics avaient été paralysés pendant
trois semaines.

Cinq fédérations de cheminots (CGT, CFDT, FO, CFTC, Unsa) ont
appelé mercredi soir les salariés de la SNCF à poursuivre la grève
pour une nouvelle période de 24 heures. Ces syndicats ont toutefois
souhaité que les négociations sur la réforme des régimes spéciaux
démarrent le plus vite possible, y compris pendant la grève.

Amélioration pour jeudi

Mercredi, 20 à 25% des trains en moyenne ont circulé au niveau
national, contre 5 à 10 % le 18 octobre. La grève, qui avait le
soutien de sept syndicats sur huit, a été suivie par 61,5% des
cheminots contre 73,5 % le mois dernier, selon la SNCF. A Paris, un
métro sur cinq était assuré, 15% des bus et très peu de liaisons
avec la banlieue.



La SNCF prévoit une légère amélioration pour jeudi. Ainsi, 150 TGV
sur 700 devraient circuler, contre une centaine mercredi. La grève
a également touché le secteur de l'énergie, électriciens et gaziers
étant eux aussi concernés par la réforme des régimes spéciaux de
retraite.



Des manifestations ont réuni des milliers de personnes dans
plusieurs villes de France, dont 25'000 à Paris selon les
organisateurs. Dans la plupart des cas, des étudiants, qui
protestent depuis plusieurs jours contre une loi sur l'autonomie
des universités, se sont joints aux cortèges.

Négociations prévues

Nicolas Sarkozy a rapidement accepté le principe de négociations
entreprise par entreprise dans lesquelles l'Etat serait représenté,
comme l'avait proposé mardi le leader de la CGT, Bernard Thibault.
Ce dernier a abandonné sa revendication d'une négociation
globale.



A la demande du chef de l'Etat, le ministre du Travail Xavier
Bertrand a envoyé mercredi une «lettre de méthode» aux syndicats
pour trouver «une issue» au conflit. Nicolas Sarkozy a lancé
mercredi soir un appel à la fin du mouvement, jugeant que les
conditions étaient réunies pour des négociations.



Préparés depuis plusieurs jours à un «mercredi noir», de nombreux
Français se sont rabattus sur des solutions alternatives: hôtel,
covoiturage, vélo, marche, auto-stop. La grève a aussi entraîné en
début de matinée 350 km d'embouteillages cumulés, concentrés autour
de la capitale.

Sarkozy: popularité en baisse

Ce conflit est considéré comme un test majeur pour Nicolas
Sarkozy, qui a fait de la réforme des régimes spéciaux de retraite
un symbole de sa volonté de changer le pays en profondeur. Reportée
à plusieurs reprises, la réforme prévoit l'allongement de la durée
de cotisation de 37,5 à 40 ans et concerne 500'000 personnes
(cheminots, électriciens, gaziers, notamment) face à 18 millions de
salariés du secteur privé.



La presse pariait en majorité mercredi sur une sortie de crise
rapide, ni le gouvernement ni les syndicats n'ayant, selon elle,
intérêt à voir le conflit s'éterniser. Nicolas Sarkozy peut compter
sur le soutien de l'opinion publique, environ 60% des Français
soutenant cette réforme.



Mais il doit faire face à d'autres mouvements de mécontentement
qui commencent à faire baisser sa cote de popularité: les
fonctionnaires seront en grève le 20 novembre contre des
suppressions de postes et les magistrats le 29 contre une refonte
des tribunaux.



afp/sun

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Le fret allemand à nouveau paralysé

L'Allemagne est également touchée par une grève dans les chemins de fer.

Le syndicat des conducteurs de train GDL a commencé mercredi à midi un débrayage dans le fret, signe du durcissement du conflit avec la Deutsche Bahn.

La grève s'étendra à partir de la nuit de jeudi au trafic passagers, aussi bien régional que longue distance, et s'achèvera "dans tous les domaines" dans la nuit de samedi.

GDL a néanmoins renoncé à appeler dans l'immédiat à une grève illimitée. Il s'agit de la sixième grève initiée par GDL depuis le début du conflit entamé le mois dernier.

GDL, syndicat qui représente environ 80% des agents de conduite, réclame une convention collective séparée de celle des autres corps de métier pour les salariés, et des hausses de salaires substantielles. La Deutsche Bahn refuse catégoriquement de céder sur le premier point, au nom de l'unité tarifaire au sein du groupe.

Le gouvernement a lancé mercredi un «appel urgent» aux conducteurs de train et à la Deutsche Bahn pour qu'ils négocient.

Fortes répercussions en Suisse

La grève des cheminots de la SNCF a eu de fortes répercussions sur le trafic ferroviaires en Suisse mercredi.

Toutes les liaisons TGV entre Berne, Lausanne et Paris ont été supprimées.

De Genève, seuls trois trains sur sept ont circulé, a indiqué le porte-parole des CFF Jean-Louis Scherz.

Le trafic TGV pour le sud de la France a été supprimé.

Les frontaliers des régions de Genève et Bâle ont également été touchés par les grèves. Environ la moitié des trains régionaux ont été annulés vers et en provenance de France.

En revanche, le trafic des TGV vers et au départ de Bâle s'est déroulé normalement.

Malgré les fortes perturbations dans le trafic ferroviaire, les avions n'ont pas été pris d'assaut. Il y avait encore des places sur tous les vols de Swiss à destination de Paris et Nice mercredi après-midi.