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Energie: le pétrole pas près d'être détrôné

Extraction d'huile de Colza au Canada
Les biocarburants, une innovation de plus en plus contestée
Le pétrole devrait rester l'énergie reine de la planète pendant des décennies, car il alimente principalement les secteurs de la chimie et des transports, en forte croissance et pour lesquels les substituts existants sont rares et chers.

La demande de pétrole devrait fortement augmenter d'ici à 2030
(+37%), d'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE), et les
cours de l'or noir sont globalement
en hausse.

Mais depuis les chocs pétroliers des années 70, la production
d'électricité et d'énergie industrielle s'est presque totalement
détournée du pétrole, au profit du nucléaire, du charbon, du gaz
naturel ou des énergies renouvelables.



C'est donc surtout du côté des transports, de la chimie, et dans
une moindre mesure du chauffage que la demande de pétrole va
augmenter. Des secteurs où la substitution n'est pas aisée, selon
les experts.



Dans le domaine du chauffage, le gaz naturel est un possible
substitut, tout comme la géothermie. Le charbon ou le bois restent
des alternatives plus marginales. La demande de gaz devrait donc
fortement augmenter.

Les inconvénients du gaz

Mais le gaz est plus difficile à transporter et à stocker que
l'or noir. Il pose comme lui des problèmes de dépendance
énergétique, notamment face à la Russie, premier exportateur
mondial.



Du côté des transports, le pétrole est largement dominant, avec
une part de marché de 94%, contre 1% pour les biocarburants, et 5%
pour l'électricité et le charbon. Or l'engouement pour les
biocarburants retombe.



Produits à base de betteraves, d'oléagineux, de céréales ou de
sucre, ils sont très coûteux et largement subventionnés. Leur
efficacité environnementale est de plus en plus contestée, car leur
production consomme beaucoup d'énergie et d'eau. Sans parler de la
flambée des prix des denrées agricoles et alimentaires qu'ils
entraînent depuis des mois.

Biocarburants à l'étude

L'Agence internationale de l'énergie recommande d'importer des
biocarburants des régions où ils sont les plus rentables et les
plus développés, notamment d'Amérique du sud, et d'investir dans la
recherche sur les biocarburants de deuxième génération, qui
utilisent des matières végétales non alimentaires comme la
cellulose ou les algues.



Autre alternative: les piles à combustible, mais elles sont
également très coûteuses, au stade expérimental, et nécessitent une
adaptation radicale des véhicules. A long terme, la voiture
électrique est une option, mais nécessiterait une forte
augmentation de la production d'électricité.



ats/cer

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Pas de solution dans la chimie non plus

Dans la chimie, autre secteur en forte expansion au niveau mondial, il n'existe pas non plus beaucoup de substituts à moyen terme, reconnaît Daniel Marini, de l'Union des industries chimiques.

D'après lui, certaines alternatives (charbon, gaz naturel, chimie «verte» à base de matières organiques) «ne sont pas encore assez économiques» pour entraîner une véritable substitution, même si des pays riches en carbone comme la Chine développent la carbochimie.

Dans l'Hexagone, dans le cadre du Grenelle de l'environnement, les industriels de la chimie se sont engagés à faire passer leurs approvisionnements en matières renouvelables de 7% à 15% d'ici à dix ans.

Cet objectif semble «trop ambitieux» pour être crédible à Leo Drollas.

Transports: voyager moins

«Le pétrole n'a pas de vrai concurrent» dans le domaine des transports, «mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'alternative: on peut prendre le train, le bus, toutes sortes de transports collectifs. On peut aussi voyager moins», commente Leo Drollas, directeur adjoint du Centre for Global Energy Studies (CGES).

Ces propos font écho à ceux de la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, qui a appelé les Français à «changer leur comportement» et délaisser leur voiture pour la marche ou le vélo.