Plusieurs dizaines de nouvelles victimes ont été dénombrées dans
cette région depuis samedi soir, onze à Nakuru, la capitale
provinciale, quatorze à Naïvasha et six à Timboroa, a-t-on appris
de sources policières et auprès d'un correspondant.
"Six d'entre elles ont été tuées à Timboroa lorsque des jeunes
en arme ont attaqué des villages alentours et brûlé des maisons", a
précisé cette source. Dans cette localité, une église et un
dispensaire ont également été incendiés, a rapporté le
policier.
"La plupart des corps portaient des entailles à la machette et ils
étaient disséminés en plusieurs endroits du quartier", a ajouté le
responsable policier.
L'horreur a atteint un nouveau sommet dimanche à Naïvasha, dans
l'ouest du pays: quatorze personnes ont été brûlées vives dans
leurs maisons.
Selon un commandant de police, les forces de l'ordre ont dû entrer
"de force dans les maisons, et ont trouvé des hommes, des femmes et
des enfants méconnaissables. Apparemment, les assaillants les ont
enfermés et ont mis le feu" aux maisons, a-t-il encore dit
Une crise majeure
Neuf autres personnes ont péri dans des affrontements entre
groupes de jeunes rivaux à Naïvasha, située à 90 km au nord-ouest
de Nairobi, a constaté un correspondant de l'AFP.
Le Kenya, l'un des pays d'Afrique les plus stables jusqu'à la fin
de l'année dernière, traverse une crise majeure née de la
contestation des résultats officiels de l'élection présidentielle
du 27 décembre. Le chef de l'Etat sortant Mwai Kibaki a été réélu,
mais Raila Odinga, le chef de l'opposition arrivé deuxième,
revendique la victoire, affirmant que la compilation des résultats
a été entachée de fraudes.
En un mois, plus de 800 personnes ont été tuées dans les violences
post-électorales, et environ 250'000 personnes ont été déplacées,
essentiellement dans l'ouest et à Nairobi.
La Vallée du Rift est devenue ces derniers jours l'épicentre de
ces violences dans lesquelles s'affrontent notamment des membres de
la communauté kalenjin, qui a majoritairement soutenu Raila Odinga,
et leurs voisins kikuyus, l'ethnie de Mwai Kibaki.
agences/cer
Kofi Annan poursuit ses efforts
Samedi, après une visite dans la Vallée du Rift pour constater l'ampleur de la crise, l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, désigné médiateur de l'Union africaine (UA) dans la crise kényane, a dénoncé à son retour à Nairobi des violations "systématiques et graves des droits de l'Homme".
Dimanche en milieu de journée, il poursuivait ses efforts de médiation et s'est entretenu dans un grand hôtel de la capitale avec Raila Odinga et l'état-major de son Mouvement démocratique orange (ODM).
Kofi Annan a toutefois prévenu samedi qu'il n'allait pas rester au Kenya "des mois".
"Le temps presse et les dirigeants doivent travailler avec nous aussi rapidement que possible", a-t-il insisté.