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Gazprom sanctionne l'Ukraine

Accusé d'être un instrument du pouvoir, Gazprom a son siège à Moscou
Le président de Gazprom accède à la présidence de la Russie.
Le géant russe Gazprom, après plusieurs avertissements, a partiellement coupé le robinet de gaz vers l'Ukraine, laissant planer le risque d'une nouvelle "guerre du gaz" au moment même où son patron Dmitri Medvedev accède à la fonction suprême en Russie.

"Gazprom a aujourd'hui réduit de 25% ses livraisons de gaz à
l'Ukraine à partir de 10H00 du matin" (07H00 GMT), a déclaré lundi
le porte-parole du groupe, Sergueï Kouprianov, lors d'un point
presse. Mais la société ukrainienne des gazoducs Uktransgaz s'est
plainte que la réduction était en réalité de l'ordre de 35% du
total.

Eviter une guerre du gaz

Après un premier télégramme annonçant une baisse de 25% du
volume du gaz destiné à l'Ukraine, "nous avons reçu un nouveau
message annonçant une nouvelle réduction supplémentaire de 10%", a
indiqué sa porte-parole à l'AFP. Gazprom n'était pas immédiatement
joignable pour commenter cette information.



Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko de son côté a réagi
lundi en plaidant pour des "négociations dynamiques" avec Gazprom
afin d'éviter "une guerre du gaz". Gazprom avait auparavant pris
soin de rassurer ses clients européens, dont les livraisons
transitent à hauteur de 80% par l'Ukraine, affirmant qu'ils ne
seraient pas affectés par la coupure.

600 millions de dollars d'arriérés

Gazprom réclame actuellement 600 millions de dollars aux
Ukrainiens, correspondant à un volume consommé de 1,9 milliard de
mètres cubes, selon Sergeï Kouprianov. La partie ukrainienne avait
de son côté annoncé la semaine dernière avoir réglé la partie de
l'ardoise correspondant à 2006 et 2007, soit plus de 700 millions
de dollars.



Le gaz consommé depuis le début de l'année 2008 pose
particulièrement problème: une partie des livraisons se compose de
gaz russe fourni hors contrat par Gazprom pour compenser une baisse
des livraisons de gaz d'Asie centrale que reçoit habituellement
l'Ukraine, selon Gazprom. Or, son prix est beaucoup plus élevé que
celui du gaz asiatique.

Climat peu propice à un accord

Les deux parties ont également échoué à coucher sur le papier
l'accord de principe conclu le 12 février entre les présidents
Vladimir Poutine et Viktor Iouchtchenko, qui prévoyait aussi une
simplification de leur schéma de livraisons, actuellement très
opaque.



Le conflit s'est en outre aggravé côté ukrainien en raison de la
rivalité politique entre Viktor Iouchtchenko et son ancienne alliée
de la Révolution orange, Ioulia Timochenko, redevenue fin 2007
Premier ministre.



Côté russe, le coup d'éclat de Gazprom est intervenu au moment
même où Dmitri Medvedev, qui préside son conseil d'administration
depuis 2000, était déclaré vainqueur de la présidentielle russe, ce
qui fera de lui le successeur de Vladimir Poutine à partir de début
mai.



Le président Medvedev devrait à présent rapidement céder son siège
chez Gazprom, mais les analystes jugent que ni la ligne politique
de la Russie ni la stratégie de Gazprom ne devraient être
bouleversées par les jeux de chaises musicales à venir.



afp/ar

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Le litige

Une première crise entre les deux pays début 2006 avait conduit à une brève interruption de l'approvisionnement en gaz de l'Europe.

La Commission européenne a appelé les deux parties à "trouver rapidement une solution définitive à cette question commerciale".

Les relations russo-ukrainiennes se sont singulièrement tendues depuis la Révolution orange de fin 2004.

Gazprom a toutefois fait savoir qu'il était "disposé à poursuivre les négociations avec la partie ukrainienne".

Gazprom, un géant

En mai 2006, Gazprom pesait plus de 300 milliards de dollars, un privilège que le numéro un mondial russe du gaz ne partage qu'avec le pétrolier ExxonMobil et le groupe General Electric.

Le groupe russe, qui contrôle 60% des immenses réserves de gaz de la Russie et dispose d'un monopole sur les gazoducs russes, a depuis la fin du mois dernier dépassé dans sa course son concurrent britannique BP, le premier groupe bancaire mondial, l'américain Citigroup, et le géant américain de l'informatique Microsoft.

Gazprom ne cache pas ses ambitions, et souhaite maîtriser toute la chaîne de transport jusqu'à ses consommateurs finaux notamment en Europe via l'acquisition de réseaux de distribution.