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UBS: l'augmentation du capital acceptée

Les actionnaires (ici, l'assemblée de l'UBS) doivent-ils être consultés ?
Assemblée chaotique pour les 6454 actionnaires présents.
Après plusieurs heures de débats houleux, l'assemblée générale extraordinaire de l'UBS a suivi la direction sur les trois points à l'ordre du jour. Point sensible, l'augmentation de capital a été acceptée par les actionnaires.

Les dirigeants de l'UBS ont réussi à imposer leur stratégie.
L'augmentation de capital, qui fera du fonds d'Etat singapourien
GIC le premier actionnaire de la banque, a été adoptée par 599
millions de voix contre 87 millions ( dans le blog de tsrinfo , les temps forts de l'AG de l'UBS ).

Ce point décisif était le plus contesté mais a finalement été
accepté. Le numéro un bancaire suisse va donc augmenter son capital
de 19,4 milliards de francs, dont 13 milliards par le biais d'une
émission de dette convertible, offerte en souscription exclusive au
fonds souverain singapourien GIC et à un investisseur du
Moyen-Orient anonyme. GIC injectera environ 11 milliards.
L'opération avait déclenché une pluie de critiques.

Pas de contrôle spécial

Les actionnaires ont également rejeté la proposition de contrôle
spécial sur les comptes déposée par la fondation Ethos. Cette
proposition a été refusée par 363'771'934 voix contre 314'065'169.
Près de 28 millions d'abstentions ont été enregistrées lors du
vote. Le débat sur ce premier point a duré près de 4h30. Seule la
moitié des 52 actionnaires ayant demandé la parole ont pu
s'exprimer à la tribune.



Ethos ne s'avoue pas totalement vaincu après ce rejet et se
réserve le droit d'engager des démarches pour obtenir le contrôle
spécial par voie légale. "Afin d'assurer la protection des
actionnaires minoritaires, la loi suisse prévoit que des
actionnaires possédant ensemble des actions pour au moins deux
millions de francs en valeur nominale puissent demander un contrôle
spécial au juge", a expliqué Ethos.

Dividendes en actions

Lors de cette réunion, les actionnaires ont voté le versement
des dividendes 2007 en actions et non en numéraires par 671,465
millions de voix contre 31,759 millions de non. Les deux tiers des
voix étaient requises.



Sur ce point, les débats et le vote ont été expédiés en une
demi-heure par une assemblée déjà nettement plus clairsemée, car ce
point n'était pas controversé. Seule une poignée d'actionnaires est
intervenue pour poser des questions techniques, mais pas pour
réclamer de dividende en liquide.



Cette journée a redonné de la vigueur au cours de l'action UBS à
la bourse suisse. Peu après la décision des actionnaires, le cours
a eu un sursaut de 1,7% à 37,72 francs, avant de reculer à 37,28
francs à la clôture de la bourse, soit 0,5% de plus que le jour
précédent.

Colère et accusations

En matinée, Marcel Ospel avait ouvert l'assemblée à la Halle
St-Jacques devant 6454 actionnaires, correspondant à 53,78% des
droits de vote. Durant les discours qui ont précédé le vote, les
participants ont fait part de leur colère. Le président a même été
hué après avoir annoncé que chacun des intervenants n'aurait que
cinq minutes pour s'exprimer.



Durant la discussion, les actionnaires de l'UBS ont exprimé leur
colère et exigé plus de transparence. Premier à prendre la parole,
Dominique Biedermann, patron de la fondation Ethos, a critiqué la
gestion des risques de la banque. L'UBS a déçu et trompé ses
actionnaires qui ont subi des pertes importantes, a-t-il
estimé.



"Pinocchio de la finance", "vol caractérisé", "lamentable", les
petits actionnaires n'ont pas manque de formules pour faire éclater
leur colère lors de cette assemblée marathon, qui aura au final
duré sept heures, avec seulement dix minutes de pause. La
déclaration la plus applaudie a été: "Nous ne participons pas aux
bonus, mais nous payons les pots cassés."



ats/boi/cer

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Marcel Ospel fait son mea culpa

En ouvrant l'assemblée générale extraordinaire de l'UBS, Marcel Ospel a reconnu les faux pas commis par son établissement. Mais le président du conseil d'administration s'est aussi défendu.

La mine grave, Marcel Ospel a dit être "particulièrement affecté" par la manière dont la banque a été touchée par la crise. "Nous avons mal apprécié certaines évolutions, cela ne fait aucun doute", a-t-il reconnu, ajoutant qu'il comprenait que des voix s'élèvent pour exiger qu'on tire les conséquences de la situation.

Mais s'il a fait son mea culpa, il a aussi assuré sa défense. "Je n'ai aucune raison de présenter la situation sous un jour meilleur mais je tiens à vous rappeler qu'en 2007, votre banque a présenté des résultats records dans quasiment tous les domaines d'activité", a-t-il déclaré.

Il a rappelé les mesures prises pour redresser la barre. L'UBS poursuit "avec fermeté" ses efforts pour réduire les positions de titres adossés à des hypothèques et leurs dérivés.

A la fin de la réunion, Marcel Ospel a fait part de sa satisfaction mercredi et s'est tout particulièrement réjoui de la décision des actionnaires d'accepter le plan de recapitalisation de 13 milliards de francs.

A la question de savoir si de nouvelles injections de capitaux sont à prévoir, Marcel Ospel a relevé que 2008 sera un nouvelle année difficile, mais que la banque est désormais capitalisée pour résister à d'autres chocs.

Il est à ses yeux impossible de spéculer sur ce qui va survenir ces prochains mois. "Nous ferons de notre mieux pour remettre l'UBS sur la voie du succès", a déclaré le président de l'UBS.

Une mini-émeute éclate

Durant les débats, l'intervention de Thomas Minder, patron de Trybol, juste après la pause dans l'assemblée générale, a déclenché une mini-émeute. Il s'est dirigé vers Marcel Ospel, mais n'a pu parvenir au pupitre où se tenait le conseil d'administration, le service de sécurité l'ayant saisi et entraîné vers l'arrière.

Huées et sifflets ont alors jailli de la salle, où la foule d'actionnaires exaspérée trouvait là le moyen d'exprimer sa colère. Marcel Ospel, désemparé, a déclaré qu'il s'agissait "d'une réaction visiblement démesurée", mais s'est levé quelques minutes plus tard "pour aller voir ce qui se passait" et s'expliquer en aparté.

Thomas Minder est connu pour être à l'origine de l'initiative populaire "contre les rémunérations abusives" des grands patrons, déposée la veille à Berne.