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Marcel Ospel, la fin d'une carrière à succès

Marcel Ospel quitte l'UBS par la petite porte
Marcel Ospel quitte l'UBS par la petite porte
La crise des crédits aux USA aura fini par emporter Marcel Ospel. Après avoir passé 10 ans à la tête de la SBS, puis de l'UBS, le président cède donc sa place à Peter Kurer, un avocat de 59 ans qui aura pour mission de remettre la banque sur les rails.

Avec Marcel Ospel à sa tête, tout d'abord comme président de la
direction en 1998 puis comme président du conseil d'administration
dès 2001, l'UBS s'est imposée comme un géant incontournable dans
son domaine. La plus grande banque de Suisse est devenue le numéro
un mondial de la gestion de fortune, avec des activités de banque
d'investissement performantes.

Mais aujourd'hui, la banque paie cher son engagement sur le
marché américain des crédits immobiliers à risque, avec une
nouvelle perte de 12 milliards de francs prévue au 1er semestre 2008. Malgré son
obstination à ne pas quitter le navire des mois durant et les
qualités de gestionnaire qu'il a démontrées plusieurs années
durant, Marcel Ospel n'a pas maintenu la confiance du marché. Fin
février, il avait persisté et signé en apportant un démenti à tous
ceux qui le voyaient démissionner, en annonçant solliciter devant
les actionnaires un nouveau mandat d'un an à la présidence de la
banque.

Pour Marcel Ospel, l'UBS a surmonté la crise des subprimes

Dans la longue interview (à voir ci-dessus) accordée à la
télévision, Marcel Ospel estime que la crise est passée et
qu'amortissement et recapitalisation annoncés aujourd'hui sont
suffisants. Le Bâlois se réjouit aussi que l'UBS ait trouvé très
facilement 4 banques souscrivant à une nouvelle augmentation de
capital de 15 milliards de dollars, signe que les investisseurs ont
à nouveau pleine confiance dans l'UBS.

De la SBS à l'UBS

Fils de boulanger, le Bâlois a construit pratiquement toute sa
carrière à la Société de Banque Suisse (SBS). Président de la
direction de l'UBS après la fusion des deux banques en 1998, il
occupait déjà ce poste à la SBS. Marcel Ospel est entré à la SBS en
1977, après des études à la Haute école de cadres pour l'économie
et l'administration de Bâle.



Ce passionné de voitures de sport a fait une petite défection à la
banque rhénane en 1984 en s'engageant auprès de l'américaine
Merrill Lynch Capital Markets. Cette expérience dans l'une des
banques d'affaires les plus réputées lui permet de revenir à la SBS
en 1987 en tant que chef du négoce des titres à Zurich. La
véritable ascension commence alors. Le Bâlois entre à la direction
en 1990, devient directeur opérationnel de la banque d'affaires SBC
Warburg en 1995 puis président de la direction de toute la SBS en
1996.

Décrit comme ambitieux et déterminé,
Marcel Ospel a été élu l'an dernier, et pour la troisième fois de
suite, meilleur administrateur de Suisse par des experts de la
finance pour la durabilité de sa gestion et sa stratégie. Dans les
classements, il a aussi plusieurs fois occupé la place de dirigeant
le mieux payé du pays avec un salaire de 26,6 millions en 2006.

Montré du doigt

Mais ce titre a attisé les critiques et relancé le débat sur les
revenus des managers. Sa réputation a aussi pâti de la débâcle de
Swissair. En 2006, le film «Grounding» a fait jouer au président du
conseil d'administration de l'UBS le mauvais rôle dans la
déconfiture de la compagnie aérienne, le rendant responsable de
l'immobilisation des appareils.



Son déménagement à Wollerau (SZ), ville des bords du Lac de Zurich
connue pour sa fiscalité avantageuse, a fait les gros titres. Bien
que fervent du carnaval de Bâle et supporter du FC Bâle, il n'a pas
hésité à quitter sa ville natale, expliquant sa décision par son
troisième mariage en 2006 avec une femme vivant dans la localité
schwytzoise.



ats/sun

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Peter Kurer, avocat d'expérience

Appelé à remplacer Marcel Ospel à la présidence de l'UBS, Peter Kurer offre un profil caractérisé par la rigueur et une longue expérience juridique.

Inconnu du grand public, ce Suisse âgé de bientôt 59 ans a rejoint la banque en 2001 comme conseiller général. Rattaché au président de la direction (à l'époque Luqman Arnold), Peter Kurer devait apporter son soutien à Marcel Ospel qui venait de prendre la présidence du conseil d'administration. Il siège au directoire depuis 2002.

Docteur en droit, Peter Kurer a derrière lui une longue carrière d'avocat en cabinet privé de conseil juridique aux entreprises. Il a travaillé de 1980 à 1990 chez Baker & MacKenzie à Zurich, et les dix années suivantes au sein de la société Homburger, dans la même ville. Ces bureaux sont spécialisés dans le droit des affaires et la fiscalité.

Parallèlement, le candidat à la présidence du conseil d'administration apporte son expérience juridique pointue au monde académique. Il fournit ainsi des conseils aux universités de St-Gall et de Chicago.

Mettre de l'ordre au sein de la banque

Le président désigné de l'UBS reflète non seulement la nécessité de remettre l'entreprise sur les rails, mais aussi de faire de l'ordre dans les règles et les pratiques du numéro un bancaire suisse.

Le conseil d'administration veut prouver qu'il passe en revue toutes les causes des pertes liées au subprime et qu'il en tire toutes les leçons nécessaires pour mettre en oeuvre une gouvernance optimale.

Il est en train d'examiner à fond les règles de gouvernance, la mise en oeuvre de la stratégie, la gestion du risque, les systèmes de contrôle, mais aussi les plans de rétribution de la performance et le plan de relève.

Avec un président neuf, le conseil «s'engage à apporter tous les changements et adaptations nécessaires pour s'assurer que sont désormais établies les meilleures pratiques dans ces domaines», selon le communiqué diffusé mardi.

«Peter Kurer a prouvé au sein de la direction ses qualités de chef, et a d'ores et déjà proposé diverses solutions aux problèmes actuels», a souligné Marcel Ospel en conférence téléphonique.