"L'économie suisse montre, comme en 2007, sa capacité à gérer la
croissance", explique Thierry Geiger, économiste du WEF. "Celle-ci
s'appuie sur la capacité de la Suisse à innover grâce notamment à
la qualité de ses universités et leur collaboration avec le secteur
privé, comme aux Etats-Unis."
Cette capacité d'innovation jugée "excellente" se combine avec
succès "à une culture des affaires très sophistiquée" selon le WEF.
La Suisse se caractérise par un niveau de dépenses en recherche et
développement "impressionnant au regard de la petite taille du
pays".
Un niveau d'éducation reconnu
Grâce à ses centres de recherche qui figurent parmi les
meilleurs au monde et leur capacité à travailler avec le secteur
privé, le pays affirme son génie dans le transfert des technologies
vers les entreprises. Cet atout lui permet de se classer au 3e rang
mondial en matière d'innovation. Il se conjugue avec une capacité
d'attirer sur son territoire aussi bien des entreprises que des
talents venus d'ailleurs.
Le faible niveau de corruption, un système judiciaire efficace et
une position de numéro un en matière de protection de la propriété
intellectuelle, participent à la perception positive de la Suisse.
Le haut niveau d'éducation est largement reconnu de même que la
qualité des écoles de management et de l'enseignement des matières
scientifiques, grâce aux écoles d'ingénieurs.
En outre, le rapport met une nouvelle fois en avant la souplesse
du marché du travail et la paix sociale qui perdure, malgré les
conflits naissants dans certaines branches. L'efficacité du système
financier et un endettement de l'Etat qui s'est amélioré (passant
en un an de 60 à 57% du PIB), sont d'autres qualités suisses qui
ressortent du classement. En outre, le pays jouit d'une bonne
réputation dans le domaine de la santé.
Le système bancaire remis en question
A l'inverse, si le savoir-faire suisse en
matière financière est reconnu, la qualité du système bancaire est
mise à mal. Le sondage du Forum économique mondial a été réalisé
début 2008, alors que la crise des "subprime" n'avait pas l'ampleur
actuelle. La Suisse a été reléguée de la 1ère à la 16e place en un
an seulement, sur fond de crise pour l'UBS.
"On peut s'attendre à une chute plus brutale l'année prochaine", a
commenté Thierry Geiger. Reste que la qualité des infrastructures,
la bonne gestion du pays par les institutions, une offre de
sous-traitance dans de nombreux domaines, donnent à la Suisse de
bonnes raisons de figurer sur le podium de tête du classement du
WEF.
Le taux d'équipement en ordinateurs personnels et la place
d'internet dans les foyers et les entreprises sont d'autres indices
de confiance pour l'avenir.
Le classement est établi sur la base de données accessibles au
grand public et de données issues de l'enquête annuelle du WEF, en
collaboration avec son réseau d'instituts partenaires dans les 134
pays étudiés. Il a recueilli cette année l'opinion de 12'000 chefs
d'entreprises dans le monde.
ats/jeh/boi
Les effets de la crise encore méconnus
Il faudra attendre l'édition 2009/2010 pour mesurer les effets du marasme financier sur l'économie mondiale. Tous les scénarios peuvent encore, d'ici là, s'enchaîner.
"Bien que la crise financière affecte déjà l'économie réelle, il n'est pas sûr que certains facteurs cruciaux de la compétitivité tels que l'éducation, la qualité des infrastructures et la capacité à innover seront touchés par le ralentissement", estime Thierry Geiger.
"Au contraire, nous pensons qu'ils pourraient favoriser la résilience des pays face à la crise."
Les détails du classement
Les Etats-Unis restent en tête du classement établi par le Global Competitiveness Report 2008/2009.
Comme l'an dernier, ils devancent la Suisse (2e), le Danemark (3e) et la Suède (4e). L'Allemagne (7e) a cédé son rang à Singapour (5e) suivi de la Finlande (6e).
Les Pays-Bas, le Japon, le Canada, et la Grande-Bretagne figurent parmi les économies les plus compétitives au monde, a indiqué mercredi le WEF.
La France (16e) a gagné deux places alors que l'Espagne a conservé le 29e rang. En revanche, l'Italie, a perdu du terrain (49e).
La Chine, loin devant les autres pays du BRIC (Inde, Russie, et Brésil) est entrée dans le Top 30, progressant de quatre places.
Outre le Japon, les économies asiatiques font bonne figure. Hong Kong, la Corée du Sud et Taïwan s'inscrivent dans les vingt premiers du palmarès.
En Amérique latine, le Chili est le plus dynamique suivi du Panama, du Costa Rica et du Mexique.
"Un certain nombre de pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord pointent dans la première partie du classement (Israël, Qatar, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Koweït et Tunisie)", relève le WEF.
Il en va de même pour plusieurs pays de l'Afrique subsaharienne (Afrique du Sud, du Bostwana et Ile Maurice.)