Au terme de ce premier conseil des ministres de plus de quatre
heures symboliquement réuni dans la cité parthénopéenne, le nouveau
chef du gouvernement a consacré l'essentiel de sa conférence de
presse à la crise des déchets, «la première des urgences, qui a nui
à l'image de Naples mais aussi de toute l'Italie».
Pour cette «ville de la beauté, de la culture et du soleil qui
ne mérite pas le destin qu'elle connaît», Silvio Berlusconi a
annoncé l'adoption de 17 mesures pour «résoudre le problème de
l'enfouissement des déchets». Il a décidé de nommer un secrétaire
d'Etat spécialement chargé de la crise des ordures, l'actuel chef
de la protection civile, Guido Bertolaso, «car l'urgence à
affronter équivaut à un tremblement de terre ou à une éruption
volcanique».
Tolérance zéro avec les manifestants
«Les sites et les usines liés à la gestion des déchets seront
déclarés zones d'intérêt stratégique national, devenant en pratique
des zones militaires et seront gardés par des membres des forces
armées qui en garantiront la protection absolue», a-t-il aussi
annoncé.
Les actions de «blocage ne seront plus tolérées», a-t-il martelé,
dans une allusion aux nombreuses manifestations, parfois violentes,
régulièrement organisées par des habitants qui refusent la création
de décharges sur leur commune. Silvio Berlusconi a précisé que les
autorités anti-mafia (DDA) de Naples seraient désormais
responsables d'enquêter sur tous les délits en matière
d'environnement et de déchets.
Décharges et incinérateurs
Le Cavaliere a aussi confirmé que de nouveaux sites avaient été
désignés pour être transformés en décharges, sans toutefois
dévoiler leur localisation. Silvio Berlusconi a également assuré
que quatre incinérateurs entreraient en service à des dates
diverses en Campanie, la région de Naples, et notamment celui
d'Acerra, dont le chantier est arrêté depuis de longs mois, «d'ici
la fin de l'année». Le déploiement de 200 médecins «sentinelles»
pour surveiller la situation sanitaire a aussi été confirmé.
Alors que le conseil des ministres avait lieu, plusieurs milliers
de personnes ont manifesté dans la ville au sein d'une dizaine de
cortèges pour dénoncer la politique de Berlusconi: des sans-papiers
aux chômeurs, aux associations de défense de l'environnement en
passant par des comités citoyens dénonçant la mauvaise gestion des
déchets.
agences/sun
Tour de vis sécuritaire
Treize jours après avoir prêté serment, le gouvernement a aussi annoncé un "paquet" de mesures contre l'immigration clandestine, qui entreront en vigueur immédiatement ou après leur vote par le Parlement.
Le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, issu du parti anti-immigration de la Ligue du Nord, a prévu que toutes les mesures entreraient en vigueur d'ici juillet.
Mesure phare: la création d'un délit d'immigration clandestine, puni d'une peine de 6 mois à 4 ans de prison et qui était réclamée par la Ligue du nord.
"Il s'agit d'une approche erronée qui ne fait pas la distinction entre les 650'000 clandestins qui travaillent, dont 300'000 aides ménagères, et les délinquants", a critiqué le chef de l'opposition de centre-gauche Walter Veltroni.
Devraient également figurer parmi les mesures, l'obligation d'avoir un revenu minimum et un logement décent et des dispositions visant en particulier les Roms, pointés du doigt après plusieurs faits divers exploités par la droite.