L'ère Maire commence à la cinémathèque
Frédéric Maire prend ses fonctions lundi à la tête de la Cinémathèque suisse à Lausanne. L'ex-directeur du Festival de Locarno sera vite confronté à plusieurs défis, dont celui du numérique. Son objectif, valoriser les trésors cette véritable caverne d'Ali Baba du 7e art.
La première époque fut celle des pionniers, dont Freddy Buache,
et la seconde celle de la consolidation grâce à Hervé Dumont. La
période actuelle nécessite de "repenser la Cinémathèque suisse dans
son ensemble", a expliqué à l'ATS Frédéric Maire, insistant sur
l'importance du numérique. "L'enjeu est important puisque la
richesse d'une cinémathèque s'évalue à la qualité des copies
qu'elle conserve et qu'elle pourra préserver."
Séduire la nouvelle génération
Parmi les défis qui attendent le Neuchâtelois apparaît celui de
l'archivage. Une nouvelle stratégie doit être présentée d'ici deux
ans car "nos archives n'ont pas vocation d'être exhaustives. Mis à
part le patrimoine helvétique!" Il devra gérer le chantier du
nouveau centre d'archivage de Penthaz (VD) dont l'inauguration est
prévue en 2013. Il devra en outre se préoccuper d'accélérer le
catalogage des collections.
Frédéric Maire ne manque pas d'idées pour nourrir de nouvelles
générations de cinéphiles grâce précisément à la numérisation des
collections, une tâche titanesque. "La multimédiatisation, via
Internet notamment, permettra à terme d'accéder aux archives et à
la documentation". Il veut intensifier l'édition de DVD et de
livres.
Synergies européennes
«Il faut repenser la
Cinémathèque suisse dans son ensemble.»
Frédéric Maire
Il annonce
également sa volonté de valoriser davantage les trésors de la
cinémathèque outre-Sarine. "Je veux développer notre antenne à
Zurich, une structure actuellement très modeste. J'aimerais faire
exister d'autres pôles d'accès à nos activités dans des cinémas à
Bâle, St-Gall ou ailleurs mais cela va dépendre des autorités
locales."
Accroître le rayonnement de la cinémathèque passe par une
multiplication de projets avec des organismes similaires à Turin,
Madrid, Bruxelles, Paris ou Berlin. Il s'agit par exemple de
concocter des rétrospectives ou de s'associer pour restaurer des
films. Ce type de collaboration n'est pas nouveau mais il est mal
connu. "Nous devons communiquer davantage sur nos activités»,
reconnaît Frédéric Maire. «Nous devons être davantage présents dans
les médias", mais pas question de créer des événements
médiatiques.
Pas de tapis rouge
"Il y aura un budget pour la promotion mais pas pour un tapis
rouge! Je ne vais pas inviter l'actrice Cameron Diaz s'il n'y a pas
de raison objective de le faire. En revanche si Clint Eastwood peut
faire un saut à Lausanne il sera évidemment le bienvenu!"
L'acteur et réalisateur américain viendra à mi-octobre à Lyon,
invité par un festival. Frédéric Maire aura-t-il les moyens de ses
ambitions? "Beaucoup de synergies sont possibles, répond-il, sans
pour autant devoir dépenser de gros moyens financiers à court ou
moyen terme."
La Cinémathèque suisse est l'une des dix plus importantes au
monde. "Elle détient un patrimoine exceptionnel, en productions
helvétiques bien sûr mais aussi en oeuvres des années 1960 de
cinéastes des pays de l'Est." Elle conserve quelque 70'000 films,
deux millions de photos et 100'000 affiches. Ses collections
s'enrichissent constamment. Le budget annuel est actuellement de
5,2 millions de francs.
ats/os
Publié
Des vues sur le Capitole de Lausanne
Le nouveau directeur de la Cinémathèque entend s'impliquer à Lausanne. Frédéric Maire se soucie en particulier de l'avenir du Capitole, un cinéma du coeur de la ville.
"Je vais discuter avec les autorités ces prochaines semaines. Il est de la mission de la Ville et de la Cinémathèque de tout faire pour que cette superbe salle ne devienne pas un parking ou un supermarché."
Ce cinéma historique compte près de 900 fauteuils. "L'associer à nos activités serait une façon de mieux exploiter le potentiel de la Cinémathèque car cette salle est bien placée en ville."
Le directeur aimerait aussi pouvoir disposer de plus d'espace au siège principal, dans le bâtiment de Montbenon. "Nous pourrions ainsi valoriser la bibliothèque et les richesses de notre 'musée' du cinéma."