Sorties CD: l'album estival de William Baldé

Comme le chante Laurent Voulzy, chaque été a sa musique. Et
William Baldé devrait rythmer les
séances de bronzage de nombre d'estivants cette année. C'est qu'"En
corps étranger" a beaucoup pour plaire: le métissage et la bonne
humeur, même si, la quarantaine dépassée, le Guinéen sait manier
les mots pour dire les maux ("Route de Dakar").

Reggae ("En corps étranger"), ska-cajun coquin ("Rayon de
soleil", le single qui cartonne en France) ou rythm'n blues rétro
("Sweet Lady"), l'album tient la route. Mais la 2e partie, remplie
de ballades, patine un peu et passe mieux une fois le soleil
couché.

Formation musicale au métro parisien

Si Baldé se fait véritablement connaître cet été, après un
premier groupe éphémère, il a fait ses armes pendant 10 ans dans le
métro parisien après avoir abandonné ses études de droit. Il a tu
son choix à ses parents et quand son père l'a croisé par hasard
lors d'une de ses représentations en RER, cela lui a valu une
bouderie paternelle de deux ans.



Sa chance, il l'a saisie grâce à son amitié avec Christophe Maé,
dont il a fait les premières parties au fil d'une cinquantaine de
concerts en 2007-2008. William reprendra bientôt la route, avec son
album en bandoulière.

Tricky brise le silence

Après 5 ans de silence, un des maîtres
du trip-hop reprend la main avec "Knowle West Boy", du nom du
quartier défavorisé de Bristol où Tricky a grandi tant bien que
mal.



Enfant sans père et privé de mère à 4 ans après son suicide,
Tricky puise une fois de plus dans son existence torturée pour
livrer des perles noires polies par des rythmiques implacables.
L'ancien membre de Massive Attack em- prunte au post-punk, au
reggae, au hiphop et à la pop en les passant dans sa moulinette à
sons. Une belle démonstration à commencer avec "Puppy Toy", un
titre R'n'B loin des sentiers battus.

Les rêveries d'un quatuor islandais

L'Islande; terre de légendes et de
nature, terre de liberté. Terreau fertile aussi pour Sigur Ros , qui livre une nouvelle
rêverie magistrale avec "Meo suo i eyrum vio spilum
endalaust".



Pop atmosphérique, féérique, ambient, ou post-rock, le quatuor ne
se laisse pas classer et livre des perles méditatives avec
"Festival" ou "Inni mer syngur vitleysingur". Le groupe, qui a
déclamé sa poésie musicale à Montreux en 2006, arpente les landes
intruments en main depuis 1994. Comme pour résumer la démarche du
quatuor, son leader, Jon Birgisson joue de sa guitare avec un
archet.



Caryl Bussy