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Roland Nef sous forte pression politique

La crédibilité de Roland Nef est toujours davantage mise en cause.
L'affaire Nef est désormais devenue le feuilleton de l'été.
Le chef de l'armée semble désormais sur un siège éjectable. Après que la presse a révélé de nouvelles informations compromettantes, une partie du monde politique exige sa démission, et Pascal Couchepin estime que «le problème de sa crédibilité personnelle doit être examiné».

D'après la SonntagsZeitung , Roland Nef aurait
non seulement harcelé son ex-compagne par sms, mails ou cartes
postales anonymes, mais il aurait également répondu à des annonces
coquines sur internet au nom de son ancienne partenaire.

Selon un rapport de police cité par le journal alémanique,
l'ex-compagne aurait ainsi reçu plusieurs appels et même des
visites à son domicile d'hommes qui souhaitaient avoir des
relations sexuelles! Ces faits datent de 2006, avant que la jeune
femme ne porte plainte en septembre de cette année. L'appartement
et le lieu de travail de l'Appenzellois avaient alors été
fouillés.

"Manoeuvres" de Schmid

Samuel Schmid reçoit aussi une volée de critiques dans la
presse. Le SonntagsBlick parle de "manoeuvres" du ministre de la
Défense pour favoriser la nomination de Roland Nef. Selon le
journal, le conseiller fédéral a dupé ses collègues en omettant de
mentionner la procédure pénale contre le futur chef de
l'armée.



Le Matin Dimanche juge lui que le
ministre bernois a "peut-être violé la loi en commandant l'enquête
sur la sécurité sur le chef de l'armée après sa nomination". Ce
genre de contrôle, qui est usuel pour une fonction à la
Confédération, doit normalement être effectué avant la nomination.
En outre, cette enquête a dû être effectuée par les futurs
collaborateurs de Roland Nef.

Sur la sellette

Certains parlent déjà de conflit d'intérêt flagrant, à l'image
du conseiller national Verts Jo Lang. Dans le quotidien, le
Zougois, antimilitariste notoire, demande une révision de la
procédure de nomination du chef de l'armée. Selon lui, le pouvoir
législatif devrait pouvoir accompagner le Conseil fédéral dans ses
choix.



Et la presse de conclure que tant Roland Nef et Samuel Schmid sont
désormais sur la sellette: pour la SonntagsZeitung, Samuel Schmid,
surnommé le ministre de l'autodéfense, se bat désormais pour sa
survie politique. Idem pour la NZZ am Sonntag , qui juge que le Bernois est maintenant
dans le viseur de plusieurs politiciens de tous bords
politiques.

Pascal Couchepin réagit

Pascal Couchepin et Doris Leuthard
défendent le chef de l'armée à titre professionnel. En revanche,
«le problème de sa crédibilité personnelle doit être examiné»,
estime le président de la Confédération.



Selon Pascal Couchepin, «les faits dénoncés dans la presse
dominicale à l'encontre de Roland Nef sont anciens et datent
d'avant son entrée en fonction à la tête de l'armée», a-t-il fait
savoir dimanche soir par l'intermédiaire de son porte-parole,
Jean-Marc Crevoisier. Mais «le problème de sa crédibilité
personnelle doit être examiné», a conclu Pascal Couchepin en
indiquant qu'il «suivait personnellement le dossier».



Pour la ministre de l'Economie, Doris Leuthard, «il n'y a pas de
raison de douter des capacités de Roland Nef à la tête de l'armée»,
a-t-elle dit à la télévision alémanique. A la question de savoir si
Samuel Schmid aurait dû informer le Conseil fédéral de la procédure
en cours le concernant, Doris Leuthard n'a pas voulu répondre.
Quant à Samuel Schmid, son département a annoncé qu'une nouvelle
conférence de presse sera organisée lundi. La dernière en date
remonte à vendredi.



Frédéric Boillat/Patrick Suhner

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Démission?

Dans le 19:30 de la TSR, le vice-président du PS Stéphane Rossini a déclaré, à la lumière des nouvelles révélations parues dans la presse dominicale, que Roland Nef devait démissionner.

"Ces agissements et sa manière de gérer la crise ont très clairement porté atteinte à sa crédibilité", a ajouté le socialiste valaisan, précisant que le Conseil fédéral "doit maintenant analyser la situation et voir si la manière dont Samuel Schmid a géré la crise est satisfaisante".

Même point de vue du côté des Verts. Le président Ueli Leuenberger va même plus loin puisqu'il exige également la démission de Samuel Schmid.

Du côté de l'UDC, on attend de savoir si les faits révélés dimanche sont confirmés. Si tel est le cas, "ni Roland Nef, ni Samuel Schmid ne peuvent rester en place. Il en va de la réputation de l'armée, de sa crédibilité et du soutien de la population", a déclaré Tony Brunner.

Au centre, PRD et PDC se montrent en revanche moins catégoriques et ne parlent pas encore de démission. Néanmoins, "le Conseil fédéral doit maintenant se saisir du sujet", selon la vice-présidente des radicaux Isabelle Moret.

"Le gouvernement doit empoigner dans les tout prochains jours le dossier, et non le 20 août comme prévu", a déclaré se son côté le démocrate-chrétien fribourgeois Dominique de Buman.

Quant à la commission de la politique de sécurité du Conseil national, elle fait volte-face et se saisira encore pendant les vacances d'été de l'affaire de la nomination de Roland Nef. Elle tiendra une séance extraordinaire d'ici la fin de la semaine.