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Violence sexuelle: une étude à contre-courant

L'étude de l'uni de Zurich va à l'encontre des idées reçues.
L'étude de l'uni de Zurich va à l'encontre des idées reçues.
La violence sexuelle entre jeunes n'a pas augmenté entre 1999 et 2007. En revanche, elle se déroule plus souvent dans l'espace public, révèle une étude présentée jeudi par l'Université de Zurich.

L'uni de Zurich a interrogé au total 5000 élèves de 15-16 ans à
l'occasion de deux sondages, le premier en 1999 et le second en
2007. Les résultats ont été présentés jeudi.
En 2007, plus de 4% (4,3) des élèves ont indiqué avoir été victimes
d'une agression sexuelle - de l'attouchement au viol - les 30
derniers mois. Un taux relativement bas en comparaison des vols
(9%), du chantage (5,3%) et des lésions corporelles (18,4 %).

Les filles plus touchées

Toutefois, les filles sont beaucoup plus souvent victimes de
violences sexuelles que les garçons: 7,8 % d'entre elles ont en
déjà subi une ou plusieurs fois. Les agresseurs, tous de sexe
masculin, étaient des copains dans 45% des cas, soit des
mineurs.



On comparant les chiffres de 1999 et 2007, on constate qu'il n'y a
pas eu de hausse de la violence sexuelle entre jeunes, a relevé
jeudi devant les médias le sociologue Manuel Eisner. Ce qui a
changé, c'est le cadre dans lequel les actes se déroulent. Alors
qu'en 1999, les agressions sexuelles se concentraient à l'intérieur
des murs familiaux, elles ont lieu aujourd'hui plus souvent dans
des espaces publics: à l'école (17,8 %), dans les transports
publics ou aux stations (12,6 %) ou pendant les sorties (15,4
%).

Le silence est souvent la règle

Les victimes gardent souvent le silence, ou ne parlent de
l'agression qu'à une bonne copine (57,3 %). Néanmoins, 42% d'entre
elles se confient à leur mère ou à un enseignant. Elles ne portent
plainte que dans 5% des cas. La proportion des plaintes est
beaucoup plus petite que pour les autres formes de délits, relève
Manuel Eisner. Les victimes renoncent à porter plainte parce
qu'elles ont le sentiment «que ce n'est pas si grave» (36 %) ou
parce qu'elles ne veulent pas avoir affaire à la police (32
%).



L'étude tord le coup à certains clichés. Les agressions ne sont
que très rarement filmées avec le téléphone portable (seuls deux
cas sur 830 au total), et la violence sexuelle ne connaît de fossé
ville-campagne.



ats/sun

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Le profil type des victimes

Selon l'étude de l'Université de Zurich, les victimes de violence sexuelle entre jeunes ont des points communs: ce sont des filles que les parents laissent très libres, qui sortent beaucoup en disco, ne font pas de sport, et qui regardent souvent des films pornographiques.

«Cela ne veut pas dire que les victimes sont responsables de ce qui leur arrive», a souligné Manuel Eisner, le sociologue qui a présenté l'étude jeudi.

Leurs parents sont proportionnellement plus souvent au chômage, ou ont des problèmes financiers. Ils ne bénéficient pas d'une formation supérieure.

De nombreuses victimes sont élevées par un seul parent. Elles sont laissées très libres dans leurs loisirs, qu'elles ne passent pratiquement pas à la maison.

Elles consomment plus d'alcool, de drogue et de films pornographiques que la moyenne. Très souvent, leurs parents ne leur imposent pas d'heure de rentrée le soir.