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Crise Suisse-Libye: d'autres arrestations révélées

Max Göldi et Rachid Hamdani ne sont pas les seuls à avoir subi des représailles suite à l'arrestation d'Hannibal Kadhafi. Au moins une cinquantaine de travailleurs étrangers ont été arrêtés en Libye, principalement parce qu'ils étaient employés par des sociétés suisses.

Le 20 juillet 2008, trois jours après l'interpellation
mouvementée à Genève d'Hannibal Kadhafi et de son épouse Aline, une
vague répressive s'abat sur des entreprises helvétiques établies en
Libye et leurs employés. Heba Fatma Morayef, d'Human Rights Watch,
confirme : "d'autres étrangers ont été arrêtés le même jour que Max
Göldi et Rachid Hamdani. Mais on a pas pu suivre leur cas car c'est
tellement difficile d'obtenir des informations de la Libye."



Un ingénieur bulgare, employé par un groupe helvétique est, par
exemple, resté trois mois dans les geôles de Tripoli, une
information confirmée par l'ambassade bulgare à Tripoli et par son
employeur (voir encadré). Longtemps privé de passeport, il a obtenu
son visa de sortie il y a seulement quelques semaines. Il est
aujourd'hui rentré à Sofia.

Discrétion des entreprises et des Etats

La TSR a connaissance d'au moins une cinquantaine d'employés
étrangers, originaires d'Indonésie, des Philippines et d'Europe,
qui ont vécu le même cauchemar. Établis en Libye parfois depuis des
années, ils ont été convoqués ou arrêtés par les services libyens,
privés de leur passeport, assignés à résidence ou emprisonnés, pour
la raison principale qu'ils étaient employés par des sociétés
helvétiques.



Après des mois d'incertitude, ils ont tous été libérés.
Entre-temps, leurs employeurs helvétiques ont dû renoncer à toute
activité sur territoire libyen. Jusqu'ici le sort de ces victimes
collatérales du différend entre la Suisse et la Libye n'a reçu
aucune publicité: leurs employeurs craignaient de nuire aux otages
suisses et à leurs affaires tandis que leurs pays d'origine ne
souhaitaient aucun ennui avec le régime Kadhafi.



Olivier Kohler

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Un entrepreneur suisse raconte

L'employeur suisse d'un ingénieur emprisonné plusieurs mois, veut garder l'anonymat par peur des représailles libyennes, mais il raconte: "le 20 juillet 2008, à 20 heures, une voiture avec quatre policiers en civils est arrivée devant le siège de notre société. Mes employés ont été aussitôt arrêtés, menottés et incarcérés dans des conditions effroyables. Nos locaux ont été séquestrés et mis sous scellés."

Certains d'entre eux n'étaient pas tout à fait en règle avec leur permis de travail ou de séjour, mais cette situation, courante dans le pays, ne conduit généralement pas à des mesures aussi musclées.