Les actionnaires de la grande banque en difficulté sont appelés
à donner leur décharge non seulement pour l'exercice écoulé, mais
aussi pour 2008 et 2007, a-t-on appris jeudi à la lecture du
communiqué de presse de l'UBS. En
cas d'acceptation, les responsables de la débâcle seront ainsi
définitivement blanchis.
La mesure devrait notamment profiter aux anciens présidents de
l'UBS Marcel Ospel, en fonction jusqu'au printemps 2008 et qui
incarne la descente aux enfers de la banque, et Peter Kurer, en
poste un an jusqu'en avril 2009 et administrateur déjà auparavant.
Au niveau de la direction générale, la décharge concerne les
présidents successifs Peter Wuffli (jusqu'en juillet 2007) et
Marcel Rohner (jusqu'en février 2009).
Préserver la réputation d'UBS
Le poste est occupé depuis treize mois maintenant par Oswald
Grübel, ancien patron du Credit Suisse, chargé de redresser la
barre. Les dirigeants actuels de l'UBS, Oswald Grübel et le
président Kaspar Villiger, avaient annoncé en décembre qu'ils
n'intenteraient aucune poursuite judiciaire à l'encontre des
personnes ayant plongé l'établissement dans l'abîme. La banque dit
vouloir clore le chapitre pour ne pas ajouter de la publicité
négative à sa situation.
Les déboires de l'UBS viennent des Etats-Unis, où l'établissement
a aidé des clients à frauder le fisc et s'est empêtré dans la crise
des subprimes (crédits hypothécaires à risque). Afin de sauver
l'établissement d'un naufrage, outre une aide temporaire de la
Confédération, des actifs toxiques ont été placés dans un fonds de
stabilisation géré par la Banque nationale suisse (BNS) créé pour
l'occasion.
Une enquête à venir?
Le ministère public du canton de Zurich a par ailleurs rejeté
par deux fois des plaintes pénales émanant du Parti socialiste. Il
a estimé qu'il n'y avait pas d'indice que la banque aurait eu un
comportement répréhensible du point de vue du droit suisse dans ses
activités aux Etats-Unis.
Reste l'éventuelle institution d'une commission d'enquête
parlementaire (CEP) par les Chambres fédérales. Celle-ci aurait
notamment pour tâche d'évaluer le comportement de l'Autorité de
surveillance des marchés financiers (FINMA).
Réactions d'incompréhension
Personne ne comprend que les anciens dirigeants de l'UBS
puissent être déchargés de leur responsabilité. Pour les
représentants des actionnaires comme les politiciens, ce point
survient au mauvais moment. En cas d'acceptation par les
actionnaires, les responsables de la débâcle seront définitivement
blanchis.
"Cette décharge donne un signal douteux, même si les tribunaux
n'ont identifié aucune faute de la part de la direction d'UBS",
explique à l'ATS Fluvio Pelli. Mais le dernier mot revient aux
actionnaires, ajoute le président du PLR. On ne devrait pas
soustraire maintenant ces anciens dirigeants à leur responsabilité,
estime également Marianne Binder, porte-parole du PDC. Il faudra
bien une fois "tirer un trait" sur cette affaire, mais la
transparence est maintenant le meilleure moyen de calmer les vagues
d'indignation.
Actionnaires également surpris
Du côté de l'UDC, on aurait préféré aussi que l'UBS attende les
débats politiques avant de proposer aux actionnaires de blanchir
ses responsables, affirme Silvia Bär, secrétaire générale
suppléante du parti. Pour le PS, la proposition sonne comme une
gifle. "Compte tenu de l'enquête en cours, et du débat sur
l'institution d'une commission d'enquête parlementaire, il n'y a
pas de décharge anticipée à accorder", s'indigne Thomas Christen,
secrétaire général du parti.
La proposition à l'ordre du jour gène également certains
actionnaires. Actares, une association d'actionnaires pour une
économie durable votera contre cette décharge, affirme à l'ATS son
directeur Roby Tschopp. Hans-Jacob Heitz, représentant de petits
actionnaires, a lui aussi demandé à l'UBS de reporter la décision,
mais dit n'avoir pas reçu de réponse.
ats/bkel
Dix membres du conseil d'administration à réélire
Le communiqué publié jeudi par l'UBS sur l'ordre du jour de la prochaine assemblée générale signale encore la proposition de réélire dix membres du conseil d'administration. Parmi eux figurent l'ancien conseiller fédéral Kaspar Villiger (l'actuel président) et Bruno Gehrig, ancien vice-président de la BNS.
En cas de réélection, Michel Demaré, chef des finances d'ABB, accédera à la vice-présidence, en remplacement du patron de Fiat Sergio Marchionne. Les actionnaires se verront également proposer pour élection le patron de la compagnie aérienne allemande Lufthansa (Swiss), Wolfgang Mayrhuber.
De la sorte, le conseil d'administration aura été presque entièrement renouvelé en l'espace d'un an et demi. Onze des douze sièges prévus au maximum seront occupés, le dernier restant vacant en attendant le choix d'un nouveau titulaire "en temps voulu", selon l'UBS.
Les actionnaires voteront enfin sur la création d'un capital conditionnel d'un montant maximal de 38 millions de francs, conformément à une annonce antérieure.