Simon Ammann, un sauteur avec les pieds sur terre

Simon Ammann était l'invité du Département des Sports lors de
l'émission dominicale du 11 avril. Avec sa sympathie et sa
"simplicité" légendaire, le quadruple champion olympique de saut à
skis a également trouvé du temps pour répondre à quelques questions
de tsrsport.ch.



tsrsport.ch: Quelles sont les activités d'un
sauteur à skis trois semaines après la fin de la saison?



SIMON AMMANN: Samedi, j'ai skié à la Petite
Scheidegg. J'ai bien profité, c'était seulement la 4e fois de
l'hiver que je skiais. Sinon, il y a beaucoup d'affaires
administratives à régler.



tsrsport.ch: Là, les vacances
arrivent...



SIMON AMMANN: Oui, je vais bientôt partir dans un
endroit où il y a moins d'Européens, sous les cocotiers.



tsrsport.ch: Mais même à l'autre bout du
monde, il y a toujours des personnes qui vous reconnaîtront. Vous
êtes connu mondialement.



SIMON AMMANN: J'espère qu'on ne me reconnaîtra
pas trop. Mais c'est très étonnant, même dans des lieux perdus il y
a souvent des Allemands ou des Polonais qui me reconnaissent
(rires).

"Voler est un sentiment que j'apprécierai toujours"

Après la saison
prochaine, je déciderai si je continue ou non ma carrière. On ne
sait jamais comment le corps va réagir après quasiment 20 ans
consacrés au sport. Mais je pense qu'il est possible de continuer
encore quelques années...

Simon
Ammann

tsrsport.ch:

Quand
commencera la préparation pour la saison prochaine?

SIMON AMMANN:

Ca va commencer début mai. Nous
irons dans les Alpes suisses, à plus de 4000 mètres faire des
randonnées à ski. C'est la première fois que je me baladerai à une
telle altitude.

tsrsport.ch:

Trois semaines après la fin de
la saison, avez-vous eu le temps de digérer, de réaliser ce que
vous aviez accompli cet hiver?

SIMON AMMANN:

Non, le temps n'a pas suffi pour
tout analyser. Quand je suis à la maison, ça me paraît déjà très
loin tout ça. La fin de saison avait pris une telle dimension avec
toutes ces victoires et d'un coup tout s'est arrêté. C'est presque
comme un choc.

tsrsport.ch:

Vous avez tout gagné, qu'est-ce
qui vous motive encore à poursuivre votre carrière?

SIMON AMMANN:

Voler est un sentiment que
j'apprécierai toujours. On ressent des impressions et des émotions
très fortes dans ces instants-là. C'est comme une drogue et il est
difficile d'arrêter. Après la saison prochaine, je déciderai si je
continue ou non ma carrière. On ne sait jamais comment le corps va
réagir après quasiment 20 ans consacrés au sport. Mais je pense
qu'il est possible de continuer encore quelques années...

tsrsport.ch:

Si vous terminez 3e ou 4e d'un
concours, est-ce que cela sera un résultat suffisant après toutes
vos victoires de cet hiver?

SIMON AMMANN:

Ah oui, tant que je me classerai
dans le top-5, il n'y aura pas de problèmes. Mais il est vrai que
si on n'est plus au niveau, il vaut sans doute mieux arrêter.

"Les sportifs peuvent faire rêver tout un pays"

tsrsport.ch: Le 11 décembre prochain, vous
savez ce qui vous attend?



SIMON AMMANN: (longue réflexion). Non



tsrsport.ch: Vous allez sans doute recevoir
ce 11 décembre le prix de sportif suisse de l'année pour la 2e fois
après 2002.



SIMON AMMANN: (rires). Ah oui, en plus j'ai
souvent réalisé des doublés dans ma carrière... Alors on
verra.



tsrsport.ch: Ce genre de récompense pour un
sportif, est-ce important?



SIMON AMMANN: En fait, quand tu reçois un prix en
décembre pour tes victoires en début d'année ça fait bizarre parce
que ça semble déjà très loin. Quand j'ai gagné en 2002, j'avais
encore tout à prouver et ma carrière ne faisait que commencer. Je
n'ai jamais imaginé qu'en 2010 je pourrai peut-être à nouveau
remporter un tel prix.



tsrsport.ch: Un petit pays comme la Suisse a
tout de même beaucoup de chances d'avoir de tels champions comme
vous, Federer ou Cancellara?



SIMON AMMANN: Oui, c'est super pour notre pays.
Avec la crise ces derniers temps, les sportifs peuvent faire rêver
la population. On peut lui donner beaucoup d'émotions avec des
belles victoires. J'ai mis beaucoup d'années pour comprendre ce
lien entre les sportifs et les spectateurs.



Propos recueillis par Stéphane Altyzer